Père Michel Pagès | 22 mars 2024
Bien sûr, ce monde est difficile et violent…Bien sûr, il y a tant de défis et de questions…Bien sûr, il y a chacune de nos vies avec son lot d'urgence… bien sûr…et pourtant…il est des moments où nous sommes comme invités à voir d'une autre manière, tous les enjeux de ce monde et tous les enjeux de nos vies…N'est-ce pas l'enjeu de ce que nous appelons « la Semaine Sainte » ? Entrer dans ce que St Paul décrit comme « un mouvement ascensionnel » (Philippiens 2, 6-11) qui nous a, en quelque sorte, « pris en charge », dès l'Incarnation. Il s'est développé à travers la succession des jours pour aboutir au Vendredi Saint et à Pâques. On dit, un « anéantissement pour une élévation ». On dit aussi, une « solidarité » que Jésus embrasse afin d'assumer tous les hommes et tous leurs défis, mais pour les faire mystérieusement grandir ! Entendons bien, le plus humble des hommes, le plus pécheur, le plus petit détail de notre vie, porte en germe, une plénitude, un achèvement, on dit, une glorification. Vous êtes-vous vraiment senti invité, avec le plus ordinaire de votre vie, à vivre ce « mouvement », cette « élévation » ?
Avez-vous entendu et saisi, le récit évangélique (Marc 14, 1-15, 47), « cette femme » (les autres évangélistes préciseront qu'elle est une pécheresse) ? Elle se prosterne aux pieds de Jésus et brisant un vase de parfum précieux, oint les pieds de Jésus. « D'avance elle a parfumé mon corps pour mon ensevelissement ». Elle manifeste par un geste « de la vie ordinaire » ce même mouvement « en acte » où Jésus assume la mort pour la vie ! Cet « ordinaire » est à ce point concret que « certains convives dénoncent le gaspillage »…Oui, il est des moments où il faut nous recentrer sur la personne même de Jésus qui est allé « au bout du bout » pour manifester l'amour qu'il nous porte. Il est des moments où Jésus est comme le plus pauvre, le plus torturé, le plus souffrant. Il est des moments où Jésus attend de nous ce que personne d'autre ne peut lui donner, à la manière de cette femme, un mouvement d'abaissement qui, au final, nous grandit. Parfois, ce constat difficile, au cœur du plus douloureux, que nous n'y arrivons pas toujours ! « Tu n'as pas eu la force de veiller seulement une heure avec moi »…Oui, il est des moments, des circonstances, « une semaine » où il faut prendre « la mesure de l'amour » et tenter d'y répondre… Père Michel Pagès, recteur du Sanctuaire