Père Michel Pagès | 15 septembre 2023
L’enseignement de la parabole « du pardon » (Mt 18, 21-35) est fondamental. Il nous invite à prendre la mesure du pardon dont nous avons d’abord bénéficié avant de dire, un peu vite, combien il est difficile de pardonner ! Car, tous, un jour, d’une manière ou d’une autre, nous avons bénéficié d’un pardon, d’une miséricorde, d’un regard qui n’a pas jugé a priori. Et cela a mystérieusement suffit, pour qu’en dépit de nos limites, des horizons se soient ouverts en nous. Cette mystérieuse libération a permis de voir les gens et le monde, autrement. Avons-nous, au moins une fois, pris conscience de cela ? Avons-nous fait mémoire de ce pardon, de cette miséricorde, de ce regard bienveillant qui, un jour, a tout changé ? avant de nous plaindre, avant de juger, avant de régler nos comptes, avant de ruminer sur tel ou tel événement ou telle blessure de vie ? Ceci est fondamental. Car la parabole entendue ne nous demande pas de battre des records de pardons. Elle nous demande d’inscrire dans notre vie, le pardon un jour reçu pour le communiquer aux autres ! C’est peut-être cela « pardonner jusqu’à soixante-dix fois sept fois » et pas un compte d’apothicaire, mais répéter un pardon, à la force de celui reçu, comme à l’infini d’une miséricorde toujours possible. « Pardonner » n’est pas de l’ordre de l’évidence, quand on voit la « générosité inquiète » de Pierre : « je veux bien pardonner…mais combien de fois ? ». Ne dit-on pas qu’il y a « des fautes ou des méchancetés ou des trahisons « impardonnables »? Peut-être, mais nous ne devons pas nous installer dans ces « eaux troubles », l’enjeu de nos vies est plus grand que cela ! Pour preuve, Jésus inclut dans sa Prière du « Notre Père » cette attitude de « réciprocité qui sauve », non par calcul mais par expérience de « grâce » : « Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés » Etes-vous si sûr de prendre au sérieux cette si forte prière du « Notre Père » ? Rien à voir avec un « donnant donnant », mais un appel constant à s’appuyer sur l’expérience du pardon que Dieu nous donne pour essayer de la vivre à notre tour…Tout peut changer quand l’expérience du pardon reçu de Dieu arrivera à nous transformer vraiment ! Seul l’amour de Jésus, éprouvé à ce point, peut dissoudre les cœurs et les montagnes de haine accumulées. Seul celui qui a été guéri par l’amour de Jésus, peut guérir à son tour de toutes les offenses… Père Michel Pagès, recteur du Sanctuaire