| 19 avril 2020
VENDREDI SAINT 2020 NOTRE-DAME, PRIEZ POUR NOUS !
Le 16 avril dernier, il y a un an, le lundi de la semaine sainte, notre archevêque présidait la messe chrismale avec tous les prêtres et diacres du diocèse. À la sortie de la cathédrale Saint-Étienne nous avons appris, stupéfiés et incrédules, l'incendie qui était en train de ravager la cathédrale Notre-Dame de Paris. En regardant les jours suivants des images prises par un drone de la basilique martyrisée, son plan en forme de croix se révélait dans toute sa symétrie et sa rigueur, comme c'est le cas de tant d'églises (c'est particulièrement visible à Toulouse quand on fait le tour de la basilique Saint-Sernin). L'on sait que les bâtisseurs du Moyen-Age, toujours attentifs au symbolisme des formes et des espaces ont construit beaucoup de nos églises médiévales en forme de croix, signe de salut et de victoire sur la mort, et surmontées d'une flèche, tel un doigt qui indique le ciel.
Mais on pourrait tout aussi bien constater que cette cathédrale rappelle par sa configuration un corps humain, représenté les bras en croix : l'Église n'est-elle pas le Corps du Christ ?
*Ce corps – la basilique Notre-Dame – a un cœur, la croisée du transept, là où est situé aujourd'hui l'autel du sacrifice, sur lequel la messe était célébrée chaque jour. Cette croisée du transept a vu le soir de l'incendie sa voûte se déchirer, transpercée par la chute de la flèche qui la surmontait et culminait à plus de 90 mètres. Celle-ci s'est effondrée sur elle, comme nous en avons tous en mémoire les images saisissantes.
Le cœur du Christ a lui aussi été transpercé par le coup de lance, et le récit de la passion en l'Évangile selon saint Jean que nous entendons chaque vendredi saint nous dit qu'il en sortit de l'eau et du sang, l'eau qui donne la vie, et le sang qui purifie.
*Notre-Dame n'est-elle pas le cœur de Paris, le cœur de la France, au cœur de l'Europe ? Sa destruction partielle nous a touchés en plein cœur. Le travail prodigieux des pompiers de Paris a permis de limiter l'incendie aux charpentes de la nef et des transepts. Les beffrois de bois qui soutiennent les cloches et constituent l'armature des deux tours ont été préservés, et celles-ci ne se sont pas effondrées. Encore aujourd'hui, malgré tous les étais de soutènement qui ont été depuis posés sous chaque arc-boutant, ses structures sont fragilisées. Mais la cathédrale pourra être restaurée, la cathédrale ressuscitera.
*Notre-Dame c'est Marie au pied de la croix. Marie s'y tient debout, nous dit l'évangéliste. Plusieurs témoins de la crucifixion interpellent Jésus : les chefs du peuple ricanent, les soldats s'amusent, la foule l'injurie.
Jésus ne répond rien, c'est Marie qu'il regarde, et le disciple qui est à côté d'elle. Jésus sait qu'il va abandonner cette vie, il meurt, il est mort, il est mis au tombeau, nous dit l'Évangile. Son cœur est mort.
Mais rien n'est mort dans le cœur de Marie : malgré sa douleur et sa compassion infinies, elle garde la foi, elle garde l'espérance : les apôtres se sont enfuis, leur foi est morte avec la mort de Jésus. Seule Marie prolonge par sa prière la prière humaine de Jésus ; entre la mort de Jésus est l'évènement mystérieux de sa résurrection, Marie est là, elle est à elle seule toute l'Église.
L’Évangile selon saint Jean nous dit encore qu'à partir de ce moment, de cette parole de Jésus : « fils, voilà ta Mère », le disciple que Jésus aimait prit Marie chez lui.
Ce disciple bien-aimé que l'évangéliste se garde de nommer, c'est toi, c'est moi, c'est chacun de nous. Nous aussi prenons Marie chez nous : sa prière nous garde et nous protège.
À l'image des pierres dont Notre-Dame fut construite, nous sommes invités à devenir des pierres vivantes construisant l'unique Église du Christ. C'était déjà l'enseignement du premier pape, saint Pierre, dans sa Première Lettre. Ces pierres vivantes sont intégrées au Corps dont le Christ est la tête, et dont nous sommes les membres. Ces pierres vivantes édifient l'Église, dont Marie est la parfaite image.
Notre-Dame, priez pour nous. Amen.