Père Michel Pagès | 21 juin 2024
On dit que les tempêtes du Lac de Tibériade sont provoquées par la rencontre de deux vents contraires qui s'opposent. L'un venant de la Méditerranée à l'Ouest, l'autre venant du désert à l'Est. Et comme tout Lac entouré de montagnes, il peut connaître de vrais «mouvements d'humeur»! L'actualité nous met souvent devant ces vents contraires et parfois violents…crises sanitaires qui durent, économiques, sociales, sociétales, politiques aussi…Alors on peut paniquer ou ne plus savoir où l'on en est…à la manière des disciples « sur la barque » qui s'affolent « nous sommes perdus » et avec les reproches qui vont avec « et cela ne te fait rien » (Mars 4, 35-41). Pardon, mais la vie du monde n'est pas « un long fleuve tranquille » ! L'histoire des hommes et l'histoire biblique ne cessent de montrer ces difficultés et le mystère d'une Parole qui vient « libérer et apaiser ». La Foi en ce monde, la mission que l'Eglise s'est vue confiée est de continuer « ce combat » et cette « œuvre de libération » et il faut le vivre, face à l'affolement des peuples et des cœurs. Jésus veut susciter « la Foi » au cœur des tempêtes humaines. « Pourquoi êtes-vous si craintifs, n'avez-vous pas la Foi ? ». On s'est plu à voir l'image de « la barque » comme celle d'un monde balloté mais aussi de l'Eglise bousculée par les temps. L'image est claire, au point d'y reconnaître tout à la fois, les défis du monde et les défis de l'Eglise elle-même. Oui mais le Christ lui, interroge notre Foi ! Croyons-nous qu'il est présent au monde, à son Eglise, à chacune de nos vies ? Croyons-nous que, dans un monde où tant de choses font naufrage, avec lui nous restons sur la barque qui porte le destin du monde, la liberté de l'homme face à son destin ? La Foi peut être fragilisée, contestée, moquée, reniée mais elle est capable de traverser «toutes les tempêtes ». Avoir la conscience des dangers potentiels, des menaces, des faiblesses, mais ne pas céder à l'angoisse des temps et des personnes, à la frayeur, à la seule inquiétude et faire confiance. Je sais par expérience pastorale auprès des personnes fragilisées dans leur santé, combien la vocation de l'Eglise est vraie et concrète. Elle produit souvent un étonnant phénomène de calme ou d'assurance, dans la mesure où l'on se met en situation de confiance dans le Seigneur Jésus, de sa présence, de ses promesses. Le Livre de Job, face aux tempêtes de la vie, mettait dans la bouche de Dieu ces mots ; « Tu viendras ici, tu n'iras pas plus loin, ici s'arrêtera l'orgueil de tes flots » (Job 38, 1-11). Voilà la promesse qui nous est faite Père Michel Pagès, recteur du Sanctuaire