Souvent il suffit de peu…

Père Michel Pagès |  28 juin 2024

Il y a quelques semaines, nous entendions cette image, si connue, « de la graine de moutarde », « la plus petite des graines »….et qui donne le plus grand des arbres ! (Marc 4, 26-34). C’était pour parler « de la venue du Royaume », rien de moins. Curieusement, dans un autre contexte, nous voici invités à prendre la mesure que même « des petits gestes », au cœur de situations graves, peuvent nous préparer à « de grandes choses » ! Il s’agit « de la petite fille de Jaïre, le chef de la synagogue (Marc 5, 21-43). « Ne crains pas » dit Jésus à Jaïre, le papa éprouvé, « Crois seulement » comme une invitation à  poser un « autre regard » que celui de la détresse légitime, de la révolte, de l'appel sincère. Car la Foi paraît souvent « petite » au regard « des choses de Dieu » et des défis de la vie. La Foi est souvent fragilisée, bancale, hésitante…au regard de ce qui menace. Jésus ne demande pas de « l’héroïsme », ni « une générosité sans borne », il demande, au cœur de l’épreuve ou de la tentation ou du désespoir…« une ouverture » ! Cette « ouverture » pour que sa parole agisse, pour qu’il puisse passer, pour qu’il puisse toucher, rejoindre…comme une obstination d’amoureux qui ne lâche jamais quand il aime !

Que n’ai-je entendu de mots exhortant à « cet héroïsme » et fuyant presque aussi vite, quand l’épreuve vient ! J’ai même entendu que « tout est dans cet héroïsme » et qu’il n’y a rien d’autre ! L’expérience pastorale m’a appris une forme de prudence, de discrétion, d’humilité devant les choses de la vie, comme une invitation à se présenter à Dieu et à Jésus, dans cet état d’esprit et pas dans l’assurance de façade. Cet Evangile nous apprend cela, pas la tiédeur, non, pas la peur, pas la douceur facile, pas la mièvrerie, pas la faiblesse, sans exclure l'enthousiasme, mais d'abord l’humilité et l’ouverture. Ce « presque rien » qui peut tout changer, tout convertir, tout ressusciter, tout transfigurer mais sans l’orgueil ou la pavane. Jaïre avait demandé à Jésus « d'imposer les mains »,  il commence par « lui prendre la main », comme un geste d'humble confiance…Qui n'a pas pris la main d'un proche à l'heure de l'épreuve ?

Ou en sommes-nous de ces comportements dans nos vies ? De ces attitudes d’écoute, de patience, de respect, d’humilité ? En sommes-nous capables ? Comment s’exprime notre Foi ? Comment tient-elle « le choc » ? «  Ne crains pas, dit Jésus, à chacun de nous, crois seulement »… (lire « l'histoire de la cruche fêlée…).                       Père Michel Pagès, recteur du Sanctuaire