Père Michel Pagès | 17 octobre 2025
Il n'est pas simple d'entendre un appel à « persévérer ». Il ne l'est pas quand on a beaucoup attendu, espéré, pris sur soi, supporté, résisté, fait le gros dos…Il ne l'est pas face à la maladie, à la souffrance, à l'épreuve, à l'usure, à la fatigue, à l'injustice…C'est pourtant l'appel fondamental de Jésus concernant la prière, mais aussi l'exercice de la charité, de l'espérance, et même de la mission…C'est le défi énoncé par la parabole du jour (Luc 18, 1-8) où, même « un juge qui ne craignait pas Dieu et ne respectait pas les hommes » finit par céder à la persévérance « d'une pauvre veuve qui criait vers lui jour et nuit ».
Peut-être faut-il nous souvenir de cette parabole dans ces moments où nous pensons que Dieu tarde à répondre…quand tout semble contre nous…quand le temps semble long pour y voir clair…quand nous restons sans réponse ! Peut-être faut-il alors partager les mots du psalmiste : « Quand je crie, réponds-moi, Dieu ma justice, pitié pour moi, écoute ma prière ». (Ps 4) Fondamentalement, être croyant et être chrétien c'est faire monter vers Dieu le cri de sa pauvreté et de son impatience. Il est vrai que la prière peut être aride…mais elle peut faire sortir de ses gonds « un juge sans justice ». Prenons garde de ne pas oublier que la prière est d'abord le signe d'une foi qui touche le cœur de Dieu et qui est loin du philosophe athée Jean Paul Sartre, amer de devenir aveugle : « Bien sûr je suis amer…mais à qui se plaindre ? ». On comprend dès lors, le commentaire de Jésus : « Cependant, le Fils de l'homme, quand il viendra, trouvera-t-il la Foi sur la terre ? ». Nos cris parlent déjà de Dieu, affirment son existence et sa présence. Nos cris manifestent clairement que nous n'avons pas à désespérer mais à espérer jusqu'auboutisme !
Quelques conseils pratiques ? Arrêter de se comparer aux autres…Eviter de se plaindre…Assumer ce qu'on est et ce qu'on vit…Mais le langage de la Bible va plus loin : Reconnaître que tout est dans les mains de Dieu en dépit des apparences contraires…vivre une espérance en acte…Accepter de traverser les déceptions et l'inconnu car Dieu est au-delà de tout « lui qui est venu et lui qui vient »…
Alors persévérons dans la prière ; « Seigneur, rappelle-moi de te confier mes soucis. Parfois je suis fatigué de vivre ce que j'ai à vivre mais aide-moi à ne pas vivre seulement sur mes forces. Je choisis de mettre ma confiance en toi en te cherchant et en t'appelant jour après jour ». Père Michel Pagès, recteur du Sanctuaire