Homélie du Dimanche 26 Février 2023
26 février 2023
En ce premier dimanche de Carême la liturgie nous fait entendre le cœur de notre foi, la victoire du Christ sur le péché et la mort. Elle nous présente le péché d'Adam et d‘Eve qui n'ont pas résisté à la tentation du démon-serpent qui leur a mis le soupçon sur Dieu, sur sa bonté et qui ont succombé au désir de se construire eux-mêmes, par eux-mêmes, sans Dieu, décidant du bien et du mal, n'écoutant que leur désir. Et les voilà qui se retrouvent nus.
Carême 1 – Réalité et Mystère de « la tentation »…
24 février 2023
« En ce temps-là, Jésus fut conduit au désert…pour être tenté par le diable » (Mt 4, 1-11). « La tentation » est une réalité forte dans nos vies et dans le monde. Elle est constante et elle habite toutes les consciences. Qui l’ignore ? Il faut se rappeler qu’un grand nombre de personnages bibliques, ont connu la tentation : Adam et Eve, Abraham, Moïse, le peuple élu…et Jésus lui-même ! Il faut prendre conscience de cela dans nos vies et dans nos combats bien concrets avec le péché. Il faut le faire résonner et l’accueillir dans la mission spécifique de notre Sanctuaire Saint Jérôme qui a vocation à tout accueillir des tentations humaines dans la grâce de la confession mais aussi dans la grâce permanente de la prière et de l’adoration où l’on ne cesse de « confier et de se confier ». Rappeler ces choses, est un chemin majeur pour trouver une force et une paix. Bien au-delà de nos personnes, c’est aussi une œuvre nécessaire pour les combats que mènent l'Église en ces temps face à la réalité multiforme du tentateur. Jésus nous en a averti en nous confiant la prière du « Notre Père » : « Ne nous laisse pas entrer en tentation…mais délivre-nous du mal ». Alors ne craignons pas d’éclairer nos vies par la doctrine même de l'Église sur ces sujets. Elle nous enseigne qu’il y a trois degrés dans « la tentation » : « La suggestion » d’abord. C’est la tentation extérieure, subtile et insidieuse, que nous pouvons subir sans commettre le péché. Comment gérons-nous ces multiples « suggestions » ? Ensuite la tentation dans laquelle nous pouvons « nous complaire » plus ou moins. Nous n’y consentons pas tout à fait mais nous ne faisons rien pour la chasser. Comment gérons-nous tous ces visages de la tentation et que faisons-nous pour ne pas nous « y complaire » ? Enfin la tentation à laquelle « nous consentons ». Elle devient pleinement « péché » car elle affecte le tréfonds de l’âme, l’intime de notre vie et de notre dignité. Comment gérons-nous nos « consentements » multiples ?
Soyez saints ! Soyez parfaits ! Tirés par le haut…
19 février 2023
Jésus continue d'exposer une vie évangélique. Il est instructif de lire le propos de Jésus de ce jour en ayant à côté la première lecture du Livre des lévites. Les points de comparaison sont multiples
Tout d'abord Le livre des Lévites introduit le propos moral par cet ordre : « Soyez saints parce que moi votre Dieu je suis saint ». La sainteté définit ce qui caractérise le divin. Sa sainteté communiquée aux hommes est donc leur participation à la vie de Dieu, leur ressemblance à Dieu.
Nous ne sommes jamais complètement chrétiens…
17 février 2023
Ne soyez pas choqués de cette affirmation, elle me vient spontanément à la lecture de cette affirmation de Jésus ; « Vous donc, soyez parfaits comme votre Père du ciel est parfait » (Mt 5, 38-48). Elle trouve un écho en moi dans la confidence d’un père spirituel qui me disait ; « Il y a, dans nos vies, des terres qui ne sont pas labourés selon l'Évangile ». Mes années de ministère me l’ont prouvé. Là encore, on ne coupe pas l'Évangile « en tranches » ! Souvenez-vous du récit des Béatitudes…Ne serait-ce pas en vivant une forme ou l’autre de pauvreté de cœur, de douceur, de compassion, de service de la justice et de la paix, qu’on « devient parfait » ? La douceur, la compassion ne sont pas spontanés, on y entre que peu à peu, peut-être après des révoltes et des fuites. Aucune vocation n’en a le privilège et ne peut être le refuge acquis d’un chemin de sainteté. Aucun être n’en est exclu et la vie nous apprend à voir des retournements de vie et de situations qui doivent nous rendre tous et chacun, humbles…Souvenez-vous du roman de Victor Hugo « Les Misérables » qui met en scène un certain Jean Valjean. Il a tant de vengeance à vivre devant les faiblesses de la justice des hommes et les faiblesses humaines ! Et voilà ce moment où, libéré du bagne, il est accueilli un soir chez un évêque qui lui parle de l’Evangile. Mais lui, a profité de la situation pour dérober l’argenterie et la servante est en rage. Le lendemain le même homme est ramené sur les lieux entouré de gendarmes et menotté. L’évêque devinant le dilemme, s’empresse de lui tendre les deux chandeliers d’argent qu’il dit avoir oublié de prendre et qu’il lui avait donné ! Jean Valjean apprendra de cet acte, qui l’a sauvé d’une ultime condamnation, la valeur de l'Évangile « en actes » et sa vie en sera transformée. On ne vit pas vraiment de l'Évangile si l’on en reste à une équité, si l’on se venge ou si l’on accuse. On apprend tous les jours, la charité en actes, le pardon possible. L’amour dont Jésus parle, n’est pas « raisonnable » comme le sont nos générosités, nous qui ménageons nos largesses et ne donnons parfois, que de notre abondance. « Être parfait » n’est pas un record, c’est apprendre à regarder l’amour du Père en Jésus lui-même et ne pas nous en lasser…Le Concile Vatican II a parlé de « vocation universelle à la sainteté »…« Il est donc évident que l’appel à la plénitude de la vie chrétienne et à la perfection de la charité s’adresse à tous quels que soient leur état ou leur rang et que cette sainteté contribue à plus d’humanité » (LG 5,40) Père Michel Pagès, recteur
La loi du Christ. Une voie nouvelle.
12 février 2023
Les Béatitudes que nous lisions il y a quinze jours sont la charte de la vie chrétienne, comme il est coutumier de dire. Mais pour une charte, il faut bien avouer qu'elles ont une forme bien particulière, puisqu'au lieu de prescrire, elles décrivent les attitudes mise en œuvre par chacun, tout à la fois dans la façon d'être que dans la pratique, dans les actes posés. C'est donc une loi qui est tout à la fois celle du Christ, et celle qui trouve place dans le cœur et la vie de chacun. Il s'agit donc d'une réponse individuelle, personnelle, d'un investissement, appelant un choix de vie, plus que la seule application de prescriptions extérieures. En ce sens il y a une dimension très moderne où la personne est le sujet délibératif qui dans un mouvement conscient, libre, et volontaire détermine sa vie et l'accomplit.
« Choisis la vie »…
10 février 2023
Ben Sirac le sage (15, 15-20) parle de choix « entre l’eau et le feu », « entre la vie et la mort ». Dans la logique des Béatitudes, l’évangile (Mt 5, 17-37) insiste sur ce qui fonde une vie et la rend digne ou pas; « Si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux ». La justice dont Jésus parle, a quelque chose à voir avec « un ajustement aux pauvres, aux doux, à ceux qui ont faim, aux artisans de paix, à ceux qui ont de la compassion ». Sa parole devient de plus en plus précise. Il s’appuie sur ce qu’on appelle « les interdits » majeurs en humanité. Le premier « interdit » touche à « l’interdit du meurtre » sans lequel il n’est pas d’humanité vraie, sauf que Jésus étend cet interdit « à la colère ». « Tout homme qui se met en colère contre son frère devra passer par le jugement ». Cela nous rappelle « qu’on peut tuer avec des mots » ! Que la colère et l’insulte peuvent détruire une personne, une relation, une alliance entre les êtres. On prête à Saint Jérôme une parole, lui qui avait un caractère difficile ; « on n’est pas responsable de son caractère, on est responsable de ce qu’on en fait ». Nous voici invités à prendre la mesure de notre rapport aux autres, à la manière dont nous leur parlons et les conséquences que cela implique ; « Si quelqu’un va jusqu’à insulter son frère, il sera passible de la géhenne de feu ». Dans le monde biblique, « la géhenne de feu » est un ravin au sud de Jérusalem où l’on brûlait en permanence les cadavres des condamnés et tous les détritus. Comme si l’on pouvait réduire l’autre à un « détritus » ! Dès lors la réconciliation devient urgente. « Mets-toi vite d’accord avec ton adversaire avant qu’il ne soit trop tard ». Comme s’il fallait toujours mieux, pour son âme, « un compromis » qu’une condamnation dangereuse. L’évangile évoque « l’adultère » comme proche de « la colère » dans la mesure où c’est toujours « un mal que l’on inflige à un prochain ! L’adultère a quelque chose à voir avec « la convoitise » déjà dans le regard « qui désire à tort ». Il y aurait donc à « évangéliser son regard ». Peut-être à la manière des sages qui ne s’interdisaient pas de regarder le beau mais ne voulaient pas le posséder, le retenir, le voler en quelque sorte. Cela enfin concerne l’invocation « du Nom de Dieu » qu’on ne peut « mettre à toutes les sauces » quitte à le détourner à tort tel un vol et qui nous pousse à la prudence. « Choisir la vie » comme un défi permanent et fragile, comme une liberté et une authentique promesse de bonheur… Père Michel Pagès, recteur