Le récit entendu (Marc 1, 21-28) rappelle à deux reprises, « l'autorité » de Jésus. Ce mot renvoie au latin « exousia » qui dit que cette autorité émane de « son être propre », lui qui incarne ce qu'il enseigne…ou « augere » ce qui veut dire que cette autorité « fait grandir »/ « augmente ». Ce qui est clair c'est que Jésus n'a rien à voir avec « des paroles en l'air » et qu'il n'agit pas « pour sa propre gloire » mais pour manifester que sa force est réelle et qu'elle « fait grandir » face aux multiples visages du mal ; épreuves, maladie, péché… Avons-nous pris conscience de son œuvre en ce monde et en chacun de nous ? Le mal n'est pas une abstraction, il est une réalité multiforme qui peut nous détourner de Dieu et notre vocation « en Dieu ». Il ne s'agit pas « de voir le mal partout », il s'agit de comprendre que le mal ne supporte pas la présence de Jésus et son œuvre de libération. « Que nous veux-tu Jésus de Nazareth, es-tu venu pour nous perdre ? » clame l'homme tourmenté de l'Evangile. Qui ignore que les œuvres de bien exaspèrent le malin ? Qui ignore que les gens de bien exaspèrent les jaloux et les calculateurs ? Le malin ne s'excite guère quand on est peu enclin à la charité mais il s'affole quand on progresse dans la fidélité de Dieu. « Silence, Tais-toi, sors de cet homme ! » répond Jésus. Nous connaissons tous ce que l'on nomme « le combat intérieur ». Il nous apprend ces choses et nous travaille pour progresser et avancer. Dans ce sens, Jésus exerce une œuvre de libération » et cela vaut pour tous les temps et toutes les personnes. Passer à côté peut nous faire passer à côté du vrai combat de la vie, de nos « démons » et des appels de Dieu. Cette œuvre de libération touche à tous les domaines de nos existences, que nous avons vocation à nommer. Une vocation de ce Sanctuaire Saint Jérôme est bien d'accueillir, de confier, de réconcilier les personnes avec Jésus et de manifester son œuvre chaque fois qu'on le sollicite…
Notre foi nous fait dire : « Il est descendu aux enfers »
16 février 2024
Le récit de Jésus au désert (Marc 1, 12-15) nous introduit traditionnellement dans le temps du Carême qui a pour vocation de nous mener à l'évènement central de la mort et de la résurrection de Jésus. Laissons l'apôtre Pierre nous instruire dans cette lecture entendue et prenons le temps de la méditer pour nos vies (I P 3, 18-22)…« Le Christ a souffert pour tous, justes et injustes et cela une fois pour toutes. Mis à mort mais vivifié dans l'Esprit » dit St Pierre Ceci n'est pas un commentaire, c'est un fait réel et qui transcende tous les siècles, bien au-delà des modes, une espérance sûre que l'Eglise ne cesse de proclamer et qu'un chrétien a vocation à vivre. Le commentaire qui suit « Il est parti proclamer son message aux esprits qui étaient en captivité », on traduit parfois « il est descendu aux enfers ». On représente cela par une main tendue à l'homme au fond de sa condition mortelle ». C'est à ce geste que s'attache notre foi pour prendre conscience que les prisons de notre monde sont nombreuses et il y a tant de lieux ou de situations qui enferment et dégradent notre dignité ! Le Christ les a tous « visiter » pour nous en tirer. Pensez à ce qui a visage de prisons, de peurs, d'enfermements dans vos vies et regardez Jésus qui ne cesse de vous prendre par la main. C'est à ce point que Jésus ne peut se résoudre à abandonner qui que ce soit. On comprend dès lors le commentaire qui évoque « la patience de Dieu et la frêle embarcation (« arche » ou « esquif » ou « barque ») où l'Eglise se reconnaît « ballotée par les tempêtes du monde », mais dans sa vocation à traverser toutes les tempêtes et tous les « creux » « tous les abîmes ». On entre dans l'Eglise comme on traverse l'eau baptismale pour y avancer et progresser envers et contre tout. « C'était une figure du Baptême qui sauve, l'engagement envers Dieu d'une conscience droite » écrit Pierre. Oh qu'il est beau ce commentaire. La fidélité n'est pas chose facile mais promettre de vivre « dans une conscience droite », c'est commencer par ne pas tricher, être lucide sur sa vie et cheminer ainsi…Bénéficiaire de la résurrection de Jésus, nous pouvons nous engager à « rester debout », à vivre plus digne selon cette conscience…« Fais confiance au Seigneur, agis bien, reste fidèle, mets ta joie dans le Seigneur, il comblera les désirs de ton cœur » clame le Ps 36. Le secret, c'est cette capacité à faire taire en nous les pulsions les plus sombres, à les combattre et à en sortir plus libre avec la force même du Seigneur en nous… Père Michel Pagès, recteur du Sanctuaire
Homélie du Dimanche 11 Février 2024
11 février 2024
La guérison du lépreux, rapportée par l'évangéliste Marc dès le début du ministère public de Jésus, est comme l'annonce ou la révélation de sa mission de salut. Voici le lépreux qui doit vivre à l'extérieur du village, comme nous le rapportait le livre du lévitique. Il doit crier « Impur, Impur » et avertir toute personne qui s'approcherait de lui par inadvertance de se garder loin par risque de contagion. Il est interdit de tout contact tant que son impureté est là, tant que la lèpre marque sa peau. Et voilà qu'il ne respecte pas la règle et s'approche de Jésus en criant non pas « impur », mais en suppliant à genoux : « Si tu le veux, tu peux me purifier. » Que va faire Jésus ? : le rejeter parce qu'impur ? le condamner parce qu'il n'a pas respecté la loi ? le renvoyer à sa condition de pécheur public ? Non, pris de compassion, il le touche au risque de prendre sur lui sa lèpre contagieuse et lui dit : « Je le veux, sois purifié. » Voilà bien le Sauveur qu'Il est, le visage du Dieu plein de tendresse, de compassion, de miséricorde. Il est venu se faire proche. Il ne se tient pas loin du pécheur. Il ne condamne pas. Il prend sur lui le péché de l'homme, le pardonne et le rend à sa vie de frère et de fils. « Va te montrer au prêtre, donne pour ta purification ce que Moïse a prescrit dans la Loi : cela sera pour les gens un témoignage. » Il en fait un témoin ! Mais désormais, nous dit l'évangéliste, c'est lui, Jésus, qui ne peut plus entrer ouvertement dans une ville, mais il restait à l'écart, dans des endroits déserts. » Etrange paradoxe, merveilleux échange : Jésus prend sur lui la lèpre du péché des hommes. Il en est rejeté. Mais le lépreux devient témoin de sa guérison !
L’audace de la prière…
9 février 2024
Comment qualifier autrement ce cri du lépreux de l'évangile (Marc 1, 40-45) que par ce mot « audace » ? « Si tu le veux, tu peux me purifier, tu peux me guérir ? » dit-il, comme pour dire à Jésus ; Si cela te touche vraiment…Si tu es vraiment Dieu…Si c'est bien ta joie de rendre l'homme libre de toute épreuve et en capacité de vivre de ta joie….alors agit ! Quelle audace ! Comme si le lépreux disait à Jésus, qu'il comprenait son amour, son débordement d'amour pour chacun et pour chaque situation et qu'il le lui rappelait. N'est-ce lui qui disait : « Je suis venu chercher et sauver ce qui était perdu » (Luc 19, 10).
Homélie du Dimanche 4 février 2024
5 février 2024
A plusieurs reprises nous vous avons parlé, depuis le début de cette année pastorale, de la lettre donnée par notre Archevêque. Elle est intitulée : « L'Eglise de Toulouse, famille de Dieu envoyée en mission ». Dans sa deuxième partie, il développe la raison d'être de l'Eglise. Il écrit : « L'Eglise n'existe pas pour elle-même mais pour poursuivre la mission du Christ jusqu'à la fin des temps. Elle est la présence du Christ dans le monde puisqu'Elle est son corps. »
St Paul dans sa première lettre aux Corinthiens dont nous avons entendu un extrait dans la deuxième lecture de ce jour écrivait : « Annoncer l'Evangile, ce n'est pas là pour moi un motif de fierté, c'est une nécessité qui s'impose à moi. Malheur à moi si je n'annonçais pas l'Evangile ! »
Et l'évangéliste Marc commence son évangile dès le chapitre premier en nous montrant Jésus à l'œuvre, s'entourant de disciples pour les envoyer en mission et mettant sur les lèvres de Jésus lui-même la raison de son incarnation, de sa venue en notre humanité : « Allons ailleurs, dans les villages voisins, afin que là aussi je proclame l'Evangile ; car c'est pour cela que je suis sorti. » Et on comprend que Jésus ne parle pas seulement de son isolement ce matin-là sur la montagne pour prier, mais bien de sa venue en ce monde, de la mission reçue du Père. Et quand Jésus parle de l'Evangile, il parle de ce qu'il a partagé avec Nicodème : « Dieu a tant aimé le monde qu'Il a donné son Fils, son Unique, pour que tout homme qui croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle. Car Dieu n'a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par Lui. » (Jean 3,16) Le voilà l'Evangile, la voilà la Bonne Nouvelle : Dieu aime ce monde, Dieu aime les hommes et veut les sauver. Et voilà Jésus à l'œuvre au milieu des fidèles rassemblés à la synagogue le jour du Sabbat, puis dans une maison particulière celle de Simon et d'André guérissant la belle-mère de Simon, et encore au coucher du soleil sur la place de la ville où il guérit beaucoup de gens atteints de toutes sortes de maladies et expulsant les démons. Se levant tôt le lendemain Il va puiser à la source de l'amour du Père cet amour dont il rayonne dans sa rencontre des hommes. Qu'on comprenne bien : Il n'est pas un thaumaturge quelconque. Il est l'envoyé du Père qui déborde d'amour pour les hommes.
Il y a « Urgence » à guérir et à prier…
2 février 2024
« Urgence », c'est le mot qui s'est imposé à moi en méditant cet évangile (Marc 1, 29-39). Les mots parlent ; « aussitôt », « se pressait », « bien avant l'aube », « allons ailleurs ». La mission de Jésus paraît se vivre dans une forme d'urgence et pourtant ! Avez-vous noté la même urgence à « se retirer dans un endroit désert pour prier » ? Jésus va de l'urgence du monde et ses nombreux défis…à l'urgence à prendre du recul, à s'extraire, à se nourrir de son intimité à son Père du ciel pour tout lui confier. Comment ne pas nous sentir interpellés ? Chacun le sait à sa façon, quelle que soit sa vie ou son âge, il y a des défis à gérer sa vie, des obligations, des priorités, et un ressourcement nécessaire ! Notre société ne cesse de parler de « crise » et les illustrations de l'actualité ne manquent pas pour dire « la crise »… Mais enfin, si l'on parle de crise, c'est qu'il y a urgence ! En médecine, « la crise » est ce moment crucial où, dans le développement de la maladie, tout est encore possible…Voilà comment Jésus semble se situer ; tout est encore possible ! Il veut rejoindre, aller plus loin, « sortir », pour restaurer, panser, guérir, faire miséricorde, renouveler l'homme qu'il croise. L'Evangile précise qu'ils sont nombreux « ceux qui se pressent pour venir à lui ». N'avons-nous pas tant de situations urgentes et de défis à lui confier ? N'avons-nous pas à lui dire ce qui nous accable, nos liens, nos familles, ce monde troublé, fragile, violent ? Méditez le geste de Jésus à l'égard de la belle-mère de Simon, alitée : Jésus « la saisit par la main et la fit lever ». N'est-ce pas cela dont nous avons besoin et qui nous est promis : « être saisi par la main pour être relevé » ? N'est-ce pas cela l'urgence du Royaume et l'urgence de l'Evangile : être rétabli en dignité, en force et en espérance ? Jésus est cette main qui sauve, mais il a voulu avoir besoin de nos mains, celles de son Eglise et chacun dans son Eglise ! Alors, quand la fièvre, la tentation, le repli, la peur, la tristesse, le découragement, le péché nous saisit, pensons à cette « main tendue » et laissons-nous relever, dans ce mystérieux équilibre entre notre vie concrète et notre vie spirituelle…Quand mon ministère était celui de l'hôpital, et que la nuit il fallait répondre aux situations les plus lourdes, des enfants ou des accidents graves, je n'avais qu'un recours, après l'urgence, celui d'entrer dans la chapelle où seul le tabernacle était éclairé pour déposer et quémander force et soutien…Ma joie était parfois d'y croiser un soignant qui, lui aussi, confiait…Oui, il y a urgence à guérir et à prier… Père Michel Pagès, recteur du Sanctuaire