« Gagner des frères au Christ » en vivant notre vocation…
Père Michel Pagès | 8 septembre 2023
Et si nous étions invités à prendre la mesure de notre rôle à tous ? L'Évangile de ce jour (Mt 18, 15-20) évoque l’enjeu de toute vie ecclésiale : « Si deux ou trois croyants réunis au nom de Jésus demandent quelque chose, ils l’obtiendront ». Vous rendez-vous compte du pouvoir que possède « une communauté de croyants » quand elle est « réunie » ? Mystérieuse « communion » des frères et sœurs que nous sommes et qui peuvent tout changer de certaines situations, à force de fraternité dans le Christ. Cette « union », cette « communion » va bien au-delà d’une assemblée humaine, c’est le mystère de l'Église « en actes », avec cette capacité énorme de « lier et de délier » comme dit l'Évangile. On appelle cela, un pouvoir de réconciliation et de pardon. « Si ton frère a péché va lui parler…s’il écoute, vous aurez gagné un frère »…Qui ignore combien cela a de force, en bien des situations humaines et combien cela porte de promesse ? St Marc précisera (Marc 1-, 17-18) « Voici les signes qui accompagneront ceux qui deviennent croyants, en mon nom, ils expulseront les démons, ils parleront un langage nouveau, ils prendront des serpents qui ne leur feront aucun mal, ils guériront les malades »…Vous rendez-vous compte du pouvoir de « la communauté d'Église » que nous sommes dans le Christ » ? Quel enjeu pour « « une rentrée aux multiples visages » ! Le prophète Ezéchiel (33, 7-9) le précise, à sa façon : « Je fais de toi un guetteur »…et St Paul (Romains 13, 8-10) nous donne sa version ; « N’ayez de dette envers personne, sinon celle de l’amour mutuel »… Sommes-nous une Église à la hauteur de cette mission ? Sommes-nous conscients de la force de « la communion » et « fraternité » dans le Christ ? Croyons-nous en ce que le Christ a confié à chacun et à sa place ? Sommes-nous « instrument de réconciliation » ou passons-nous notre temps à critiquer ? Sommes-nous « guetteurs », attentifs à ce qui se passe, avec le souci d’éveiller les consciences à leur dignité, face à toutes les tentations qui habitent ce monde et nos propres vies ? Les vocations sont nombreuses dans l'Église de Jésus et elles sont complémentaires, pas concurrentes, mais toutes nécessaires ! Nous sentons-nous « responsables » d’un témoignage et d’une transmission, d’une joie à rayonner?…Le Sanctuaire Saint Jérôme a une vocation d’accueil, d’écoute, de réconciliation et d’intercession, y puisons-nous ? Père Michel Pagès, recteur du Sanctuaire
3 septembre 2023 – 22e dimanche du Temps Ordinaire
Père Christian Teysseyre | 3 septembre 2023
Prendre sa croix
En écoutant ces paroles du Christ, des pensées récurrentes conduisent à considérer la figure du Christ et de la situation du Christianisme.
Il s'agit de de la place de la croix du Christ et de sa place dans notre vie : pourquoi cette place ?
Les sagesses n'ont pas cette problématique pour une raison simple, c'est qu'elles ne comprennent pas de relation personnelle à Dieu avec ce que cela induit et signifie d'une vie faite pour correspondre à Dieu, au Dieu personnel qui se fait connaître et nous demande de l'aimer, de l'aimer plus que tout.
Homélie du Dimanche 3 Septembre 2023
Mgr Georges Pontier | 3 septembre 2023
« Passe derrière-moi, Satan ! Tu es pour moi une occasion de chute; tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes ! » On ne sait à qui s'adresse Jésus : s'adresse-t-il à Pierre ou s'adresse-t-il au Satan, à celui qui ne s'inspire pas des pensées de Dieu mais de celles des hommes, à celui contre lequel Dieu est venu lutter en se faisant homme, vraiment homme ?
On appelle cela, la pédagogie divine….
Père Michel Pagès | 1 septembre 2023
Elle revient cette phrase qui fait écho aux « résistances » de Pierre ; « Les disciples ne comprirent pas ce qu’il venait de dire ». L’évangile entendu en est encore la démonstration (Mt 16, 21-27). Jésus commence à annoncer son chemin difficile, celui qui passe par la mort pour accéder à la résurrection… « A partir de ce moment, Jésus commença à montrer qu’il lui fallait souffrir, être tué et le troisième jour, ressusciter »… Pierre « met les pieds dans le plat » et s’arrête à l’immédiateté des choses ; « Dieu t’en garde, Seigneur, cela ne t’arrivera pas ». Mais on peut penser qu’il ne fut pas le seul à penser ainsi et il y a de quoi. Avez-vous noté la réaction de Jésus ; « Passe derrière moi, satan, tu es un obstacle sur ma route » (« satan » veut dire « obstacle ») Nous voyons bien que, dans les faits, les Apôtres ne comprennent pas tout ! La conclusion de ce dialogue est éloquente ; « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive, car celui qui veut sauver sa vie la perdra »…Il nous faut en déduire, une règle de vie évangélique majeure qui consiste à prendre la mesure de la patience de Dieu et de la patience du Christ, pour nous faire entrer dans son projet de salut et dans les modalités de ce chemin. On a appelé cela « la pédagogie divine ». Car Jésus a pris du temps pour déployer son œuvre, pour entrer en relation, pour faire le constat du monde et des gens, pour donner la mesure de son pouvoir et pour dire ce qu’il est venu vraiment faire : sauver ce qui se perd ! Nous sommes ainsi : un temps nous comprenons, nous adhérons, nous sommes éclairés….un autre temps nous résistons, nous rejetons, nous refusons…Suivre le Christ, c’est avant tout, un appel à la confiance et au renouvellement de nos façons d’être et de penser. Il s’agit bien de « pédagogie » quand il s’agit d’aller au-delà des apparences, des évidences, du poids du quotidien, de tous nos déterminismes, de nos limites aussi.
Homélie du Dimanche 27 Août 2023
Mgr Georges Pontier | 27 août 2023
« Et vous, qui dites-vous que je suis ? » Cette question posée par Jésus aux disciples à Césarée de Philippe marque une étape dans le récit des évangélistes Matthieu, Marc et Luc. C'est la fin du premier temps où Jésus a commencé à révéler son identité, précisé sa mission et c'est le début d'une nouvelle étape qui le conduira à Jérusalem où il vivra le don de lui-même et révélera la face souffrante du salut des hommes, celle de l'amour jusqu'au bout. Nous en commencerons la lecture dimanche prochain. Et en attendant ce moment « Jésus ordonna à ses disciples de ne dire à personne que c'était lui le Christ. »
L'Église : « De l'arbitraire à l'objectif »…
Père Michel Pagès | 27 août 2023
« Tu es Pierre et sur cette pierre, je bâtirai mon Église…et la puissance de la mort ne l’emporte pas sur elle…Tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux…Tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux » Mt16, 13-20…. référence incontournable, pour dire l’instrumentalité de l'Église dans le monde et pour l’accomplissement du Salut….ainsi que les promesses d’éternité !
Les tentatives ont été nombreuses, dans l’histoire du monde, de se passer ou de réduire le rôle et l’instrument qu’est l'Église ! Parce qu’au regard de « son humanité », elle n’a pas manquée d’être, tout à la fois, (et je cite certains commentaires) « nécessaire et insupportable », « précieuse et crispante »…! C’est mal comprendre ce qu’elle est et sa mission que de s'arrêter à « ses limites » !
Pour comprendre l'Église, il faut nommer la tentation la plus importante qui soit, en terme de Foi ; celle de se construire un Christ à notre mesure… ou, dit autrement…celle de s’imaginer un Sauveur à notre convenance… Alors, tout devient suggestif, personnel, arbitraire, particulier…et ce n'est pas l'Église ! C'est embêtant « l'arbitraire » aussi « dans le monde, cela donne des distateurs et en spiritualité des « gourous » qui « s'autoproclame guide et pasteur »…Et ce n'est pas l'Église du Christ !
La vocation de l'Église, en dépit de ses limites, c’est d’être instrument (et Pierre en est le fondement d’unité). L'Église a joué plusieurs rôles, au fil de son histoire… « gardienne d’une civilisation ou d’une culture »… « dispensatrice d’une sécurité morale ou d’une stabilité religieuse apaisante »… « protectrice d’un ordre social ou politique »… Elle est tellement plus que cela !!! Elle est « instrument du Christ » qui a vocation à « être objectif », « de l'objectivité du Christ lui-même »…Cela veut dire, que par la Grâce Sacramentelle fondamentale du Baptême…proposé à tous et à longueur de temps… elle accompagne les effets de ce Don, à longueur de vie… Don qui nous transforme, qui nous recréé, et qui, tout à la fois, détruit de qui doit l’être et construit ce qui est en train d’advenir… On peut dire « instrument de la Grâce » ou « instrument de discernement »… Là est l'Église dans l'œuvre objective du Christ en ce monde…. Du coup, enraciné dans le Don premier du Christ, l'Église manifeste une Vocation à grandir, progresser, advenir…pour chaque homme, chaque femme, chaque créature…
Prenez l'exemple des Sacrements de l'Église…ils éclairent cette nécessaire différence entre « l'arbitraire » et « l'objectif ». Comme dans le Sacrement de la Confession/Réconciliation…On peut « s'absoudre », on peut se convaincre que ce que l'on fait de mal est bien mais « la paix et la joie » ne sont pas de mise…à l'inverse, « recevoir le pardon objectif » d'un autre, d'un prêtre, c'est s'assurer de cette « objectivité et trouver paix et joie réelle…
Jésus a donné à son Église « les paroles de vie éternelle »… Entendons bien, « une semence d'éternité pour une vie nouvelle »… Et cela signifie, le Don d’une Parole qui travaille le monde…le Don des Sacrements qui agisse dans le concret de nos vies…et une Promesse, celle de la Vie Éternelle qui manifeste que notre vie vaut plus que ce que nous en voyons ! L'Église, c'est le Christ qui « dans le temps » continue d’agir ! Pas moins…. Père Michel Pagès, recteur du Sanctuaire