26e TO C Au-delà des apparences…les biens d'éternité…
23 septembre 2022
Toute parabole porte son lot d'enseignement de foi, de vie concrète et d'éternité ! La parabole de l'homme riche et du pauvre Lazare n'y déroge pas (Luc 16, 19-31). On peut tout à la fois entendre un enseignement profond sur ce qu'on appelle « les fins dernières »… « Le riche et le pauvre moururent tous les deux » et ce qu'on appelle « la rétribution »c'est-à-dire cette logique entre les actes de notre vie et le jugement de Dieu. On peut aussi s'arrêter à la réalité sociale « des riches et des pauvres » et ce que nous en faisons ! La parabole nous fait prendre acte que la mort, justement, nous fait voir les biens avec juste distance, mais ne nous fait pas glisser sur des jugements a priori sur telle ou telle condition. Le riche de la parabole n'est pas condamné parce qu'il est riche mais parce qu'il n'a pas prêté attention à l'autre et spécialement à celui qui manquait de tout. Le Christ ne cesse d'exhorter ceux qui usent de leurs biens sans faire attention aux besoins des autres et à les convier au partage. La parabole de l'homme riche et du pauvre Lazare est comme un appel pour tous à façonner notre conscience pour nous rendre attentif et mesurer la valeur de nos actes et leur poids d'éternité.
25e TO C Quelle valeur donnons-nous à la vie ?
16 septembre 2022
Voilà une parabole qui peut interpeller nos façons d'être « en humanité » et « sous le regard de Dieu » (Luc 16, 1-13). Qui est vraiment « le maître des temps et de l'histoire » ? Qui est « intendant » de sa vie et du monde ? Qui est concerné par « l'usage des biens de ce monde » ? Jésus pointe le zèle de ceux qui, même avec malhonnêtement, savent bien gérer leurs affaires. Un Saint écrivait : « Quel acharnement mettent les hommes dans leurs affaires terrestres, rêves de grandeur, ambitions ou sensualités ! Mais là où, toi et moi, nous mettrons le même acharnement aux affaires de notre âme, notre foi sera vive et opérante, capable de vaincre tous les obstacles »…Jésus nous invite à être aussi zélé « aux affaires de Dieu et de notre Salut » qu'on peut l'être « aux affaires du monde ». Nous n'avons pas à fuir le monde mais à y trouver notre place « avec zèle » au point d'y révéler l'œuvre de Dieu en son sein. « Faîtes-vous des amis avec l'argent malhonnête afin que le jour où il ne sera plus là, ces amis vous accueillent dans les demeures éternelles ». Une fois de plus le « rapport au monde » peut-être le révélateur de « notre rapport à Dieu »…et cela jusque dans des débats de société qui mettent à mal ce qu'il y a de sacré, d'infiniment respectable en humanité. Je pense aux débats relancés sur « la fin de vie » et je vous renvoie à la confidence d'un médecin engagé dans « les soins palliatifs »… Il nous faut encore entendre ce qui résonne comme « une sagesse » ; « Celui qui est digne de confiance dans la moindre chose est digne de confiance aussi dans une grande ». C'est donc bien dans le quotidien des choses de la vie que nous nous révélons. La vérité de notre vie prend sa mesure dans l'ordinaire, le respect des choses ordinaires. Parce que la vie humaine est, par nature, tissée de petites choses et celui qui les néglige ne pourra pas en réaliser de grandes. Entendons bien ; la sainteté de chacun passe par un tissu de petits riens, de droiture d'intention, d'authentique justice, à la charité du quotidien . Et c'est sur cela que nous serons jugés. On est loin d'un héroïsme orgueilleux. On est dans la fidélité aux petites choses de la vie. Où mettez-vous votre vie chrétienne ? Où l'exercez-vous ? Nous sommes habités d'une dignité sacrée qui a vocation à prendre visage dans notre relati8on intime à Dieu mais tout autant à le trouver dans l'ordinaire de nos relations, de nos actes, de notre droiture, de notre générosité, de notre fidélité. Quelle conscience en avons-nous vraiment ? Père Michel Pagès, recteur
24e TO C La miséricorde est au cœur du Sanctuaire Saint Jérôme …
11 septembre 2022
Comme nouveau recteur, j'ai joie à accueillir avec vous, cette Bonne Nouvelle de la Miséricorde manifestée par Jésus (Luc 15, 1-32). J'ai joie parce que la grande et belle mission du Sanctuaire Saint Jérôme au cœur de Toulouse, tient pour une grande part, à ce ministère de l'accueil, de l'écoute, du pardon et de la miséricorde en acte, accessible au plus grand nombre et à toute heure du jour. Et l'acte majeur qui nous manifeste cette miséricorde c'est le Christ tout entier présent et agissant dans son Église et dans ses sacrements. « Je suis venu pour les pécheurs et les malades » « C'est la miséricorde que je veux et non les sacrifices, je suis venu non pour des justes mais des pécheurs »…Toujours la miséricorde à accueillir et à vivre…La parabole de la brebis perdue et celle du fils prodigue et de son frère ainé, sont là pour nous en convaincre. C'est bien toute l'histoire de l'homme en ce monde qui est comme résumée et la nôtre personnelle si nous voulons bien la voir. Une tentation permanente de « fuites en avant » ou de « repliements » ou ce que les spirituels appellent « l'orgueil de la vie ». Mais aussi une vocation bien comprise d'enfant de Dieu à laquelle nous sommes invités à revenir sans cesse. Se découvrir, s'accepter comme « enfant de Dieu » c'est être capable de progrès sans jamais oublier « la source ». Et cette source elle est « en Dieu qui est Père » et qui nous aime au point de nous appeler constamment à la vie et de se réjouir de nous voir « grandir ». « Mon fils était mort et il est revenu à la vie, il était perdu et il le voilà retrouvé ».
11 septembre 2022 – 24e dimanche du TO
11 septembre 2022
Les textes de ce jour font entrevoir une tension (entre la première lecture et l'évangile) qui demande quelque éclairage.
Le Dieu de l'alliance agit et intervient pour son peuple. Il le libère de la servitude et le conduit vers une terre nouvelle, une terre de liberté. Dieu se lie à un peuple à qui il se fait connaître, avec qui il fait route. Il y a là, avec Moïse, une étape nouvelle qui s'ouvre et s'écrit comme réalisation du dessein de Dieu dans l'histoire de l'humanité. L'exode est le chemin de Dieu dans l'histoire des hommes. C'est ce que vient de nous rappeler la première lecture du Livre de l'Exode. Mais nous voyons en même temps que le peuple s'écarte de son Dieu, du chemin d'alliance contractée. Deux phrases disent cela avec force : ton peuple s'est corrompu. Il s'est écarté du chemin que je leur avais ordonné de suivre. Se corrompre (se perdre) et s'écarter. C'est le constat et la dénonciation de la rupture. Nous le voyons : l'infidélité annule le don et vise à construire sa propre histoire, une histoire insensée qui mène à la perte des biens essentiels. C'est ce que vit Israël. La Bible dans un anthropomorphisme, une vision qui part de notre expérience humaine nous fait entrevoir la souffrance de Dieu devant cette alliance battue en brèche… mais la bible nous dit aussi comment Dieu va persévérer dans la patience, langage tout humain pour dire l'attente de Dieu à l'égard des hommes, son engagement fidèle et son investissement inlassable. Saint-Paul affirmera que l'amour qui surpasse tout est patient. Quelque chose se fait ici entrevoir dans la ligne de ce que Dieu dévoile à Moïse et que le croyant ne cessera de dire en se tournant vers Dieu dans sa prière : « Toi, Seigneur, Dieu de tendresse et de pitié, lent à la colère, plein d’amour et de vérité » (Psaume 85, 15)
29 mai homélie d’Arnaud de Percin diacre
3 juin 2022
Chers Frères et Sœurs,
Quand nous pensons à l'unité, nous le faisons un peu comme des coupables, parce que nous avons en mémoire les grandes déchirures de l'Église au cours de l'histoire, les guerres de religion, la concurrence dans les pays de mission, et, aussi plus près de nous, les difficultés qui subsistent entre chrétiens et catholiques, de sensibilités différentes. L'unité nous semble lointaine, difficile, improbable à court terme.
Quand Jésus, lui, nous parle de l'unité, elle redevient une espérance, une promesse, une certitude. Car l'unité vers laquelle nous sommes en marche existe déjà en Dieu. Jésus l'a souvent dit : « Je suis dans le Père, et le Père est en moi. Le Père et moi, nous sommes un ». Et le lien vivant de cette union du Père et du Fils, c'est le Saint-Esprit, depuis toujours et pour toujours .
Cette intimité, cette réciprocité d'amour du Père et du Fils, voilà ce que Jésus nous offre comme modèle pour notre unité fraternelle. Dans sa prière, quelques heures avant de mourir, il demande à son Père : « Que tous soient un comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi ». Mais l'unité de Jésus avec son Père est mieux encore qu'un modèle. C'est comme un espace où Dieu nous accueille pour y vivre notre unité de chrétiens, là où nous sommes : « Qu'ils soient un en nous », dit Jésus.
LE COMMANDEMENT NOUVEAU
16 mai 2022
5ème dimanche de Pâques C LE COMMANDEMENT NOUVEAU 15 MAI 2022
Dans son livre intitulé « la Vie des hommes illustres », saint Jérôme évoque la fin de la vie de l'apôtre saint Jean à Éphèse. Et Saint-Jérôme le décrit si cassé de vieillesse qu'il fallait le porter à l'assemblée. Trop faible pour tenir de longs discours, l'apôtre se bornait à redire : « Mes petits enfants, aimez-vous les uns les autres ! » Comme les fidèles se lassaient quelquefois de cette répétition, il répondait : « C'est le commandement du Seigneur, et s'il est observé, cela suffit ! » Le récit est peut-être légendaire, mais il est l'expression fidèle de la pensée de saint Jean, telle que nous venons de l'entendre dans son évangile.
Mais qu'est que s'aimer les uns les autres ; ou plutôt quel est exactement le
commandement du Seigneur ? Jésus ne nous demande pas simplement de nous aimer mutuellement, ce qui n'aurait certes pas été une nouveauté, et ne nous aurait rien appris. Jésus ne fait d'ailleurs pas ici de théorie, ce qu'il demande, ou plutôt qu'il nous donne comme un commandement, comme un commandement nouveau, et finalement comme son commandement, c'est de nous aimer comme lui-même, Jésus, nous a aimés. Et cela change tout.
Jésus donne à ses apôtres ce commandement à la fin de son parcours avec eux ; nous sommes après la Cène, quelques heures avant son arrestation au jardin des Oliviers. Jésus va être mis à mort. Il le sait, ses apôtres bouleversés le savent, et Jésus leur donne le sens de sa mort : « il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » ; et il ajoute « vous êtes mes amis » ; et il insiste : « je ne vous appelle plus serviteurs mais amis ».
Les Douze avaient commencé par être des disciples, c’est-à-dire des suiveurs. Ils avaient trouvé un rabbi, un maître qui leur enseignait avec justesse les choses de Dieu, et ils marchaient derrière lui. Ensuite le Maître les avait mis au service de la Parole qu'il annonçait, de la bonne nouvelle du royaume. Il les avait envoyés en avant de lui, deux par deux, et leur avait même donné pouvoir sur les malades, qu'ils guérissaient, et sur les démons, qu'ils expulsaient. De disciples ils étaient devenus serviteurs, puis encore collaborateurs. Mais en ce soir du dernier repas de Jésus, Jésus les appelle
amis, parce que le serviteur ignore ce que fait son maître, alors que Jésus, lui, a tout transmis et fait connaître à ses apôtres : « comme la Père m'a envoyé, moi aussi je vous envoie » leur dira-t-il après sa résurrection.
Ce que Jésus a fait connaître à ses apôtres, c'est ce que saint Paul ne cessera d'écrire dans ses lettres : « ce n'est pas nous qui avons aimé Dieu, c'est lui qui nous a aimés. Alors ne tournons pas trop vite la page de l'évangile de ce dimanche, en pensant qu’elle n’a rien à nous apprendre, que c’est du déjà connu, etc. Jésus dit ici trois choses qui méritent d’être méditées, auxquelles il nous faut constamment revenir.
1 L’amour se commande, car il est don de soi-même. L'amour n'est pas un sentiment, une émotion, ni même une attirance : dans notre évangile il est décision de notre volonté, disposition du cœur, accueil, bienveillance, compréhension, désir de servir, et finalement de faire vivre. La difficulté aujourd'hui est que dans notre français actuel le terme ‘aimer' et le terme ‘amour' ont des acceptions si larges, et ont si peu de synonymes, qu’on les emploie à tout sujet ! L’amour de Dieu répandu dans nos cœurs, amour que le latin appelle charité, est ouverture de tout notre être à l’autre, à la relation avec l’autre. Il est le oui que dit notre liberté. Oui à mes frères, oui à Dieu.
2 L’amour dont parle Jésus est nouveau. Être chrétien c’est fondamentalement
reconnaître et accepter que Jésus et notre maître en amour, que c’est auprès de lui que nous allons apprendre et réapprendre la relation d’amour avec l’autre, relation que Jésus appelle alliance. Loin de l’exclusion (‘je n'ai pas besoin que tu vives') comme de la séduction (‘j'ai envie de te posséder'), la relation d’alliance est relation vitale. Car nous avons le pouvoir de nous donner la vie, de nous faire vivre mutuellement. Nous savons bien que nous naissons et nous recevons sans cesse les uns des autres. Les relations familiales en sont l’illustration. Et ce n’est pas par hasard que les anneaux que les époux se remettent, en signe de leur pacte, reçoivent à l’église le nom spécifiquement religieux d’alliances.
3 Enfin, c’est de l’amour entre disciples qu’il s’agit ici. Ailleurs dans l’évangile Jésus parle abondamment de l’amour envers tous les hommes : « Aimez (même) vos ennemis », et il s’agit là aussi, bien sûr, d'un amour d’alliance. Mais l’ultime testament, que Jésus lors du dernier repas remet comme un don précieux à ses intimes, après le départ de Judas, est son commandement : « Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c’est l’amour que vous aurez les uns pour les autres. »
Nous aimer comment ? – « Comme je vous ai aimés », dit Jésus. Il ne nous reste plus qu’à lire le reste de l’évangile, et imiter Jésus en mettant chaque jour un pas dans ses pas.
« L'imitation est inséparable de ‘amour, tu le sais, quiconque aime veut imiter : c'est le secret de ma vie : j'ai perdu mon cœur pour ce Jésus de Nazareth crucifié il y a 1 900 ans à chercher à l'imiter autant que le peut ma faiblesse. » (Saint Charles de Foucauld – Lettre à un ami)