« Demeurez dans mon amour » (Jean 15, 9-17).
Père Michel Pagès | 3 mai 2024
Cette réflexion plante le décor d'une vie chrétienne authentique et j'ose vous proposer celle-ci qui nous interpelle tous : « Chaque fois que je m'interroge pour savoir où est Dieu, je peux me demander où est l'amour…Chaque fois que je m'interroge sur ce que je dois faire en telle ou telle situation, je peux me poser la question de savoir quelle est la solution qui contient le plus d'amour »… « Demeurez dans mon amour » dit Jésus (Jean 15, 9-17). Le verbe « demeurer » veut dire que j'ai à accueillir un amour et qu'il me revient d'y demeurer, de « durer », de « résister à l'usure »…. Comme si un regard de bienveillance était sur chacun, bien au-delà des tribulations humaines, et qu'il nous revenait de l'accueillir et d'y rester fidèle. « Ce n'est pas vous qui m'avez choisi, c'est moi qui vous ai choisis » dit Jésus. Mais pour vivre cela, il faut toute une vie, pas un claquement de doigts. Chacun sait que même chez les plus grands témoins de la Foi, le vécu d'un amour accueilli n'est pas si simple…et pourtant ! « Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous et que vous soyez comblés de joie » continue Jésus. Chacun a pu rencontrer les mêmes témoins de la Foi qui malgré tout rayonnaient. La joie est un des fruits de l'Esprit qu'on s'essaie à accueillir tous les jours et qui consiste à vivre le temps présent d'un regard positif, à cultiver la gratitude, à accueillir sans arrière-pensée ce qui vient. « Un saint triste est un triste saint » dit l'adage et il dit vrai. « Heureux celui qui peut regarder en face la vérité de sa vie et s'en réjouir » dit-on encore. L'amour authentique n'enferme pas, ne replie pas, ne juge pas, n'offense pas…il rend l'autre fécond, il fait redécouvrir le prochain, il rend l'autre joyeux et il l'est lui-même…N'écoutez pas les rabat-joie ! Suivez les positifs et les joyeux qui savent se réjouir du bonheur et du travail des autres ! « A notre époque, il est décisif pour nous, chrétiens, de cultiver un regard plein d'espérance, en répondant à la vocation qui nous a été confiée » répète le pape François… Père Michel Pagès, recteur
Homélie du Dimanche 28 Avril 2024
Mgr Georges Pontier | 29 avril 2024
Le risque de gel des cultures en ces nuits redevenues hivernales a tenu en éveil les nombreux viticulteurs dont les vignes étaient situées dans des régions à risque. Le lien à la sève est vital pour les jeunes bourgeons en tout début de croissance et la récolte en dépend. Et voilà que la liturgie nous fait lire ce matin ces propos de Jésus adressés à ses disciples sur la nécessité pour le sarment de conserver son lien vital avec la souche afin de porter du fruit. Et Jésus s'en sert pour faire comprendre un autre lien : le lien spirituel entre Dieu et sa créature, entre lui et ses disciples. Si l'on se coupe de lui, la sève de la vie divine ne passe plus et le sarment ne portera plus les fruits du Royaume de Dieu.
« Moi, je suis la vraie vigne, et mon Père est le vigneron. Tout sarment qui est en moi, mais qui ne porte pas de fruit, mon Père l'enlève ; tout sarment qui porte du fruit, il le purifie en le taillant, pour qu'il en porte davantage. »
Une promesse de « fruits » comme une sève de vie…
Père Michel Pagès | 26 avril 2024
Le temps Pascal est riche en images pour nous interpeller. Toutes ont vocation à « faire écho » à cet événement majeur qu'est la Résurrection du Seigneur Jésus et de ses conséquences pour les hommes de ce temps. Nous entendions, il y a peu, l'image du « bon et vrai pasteur ». Elle nous rappelait que Jésus Ressuscité demeure « le guide sûr » pour ceux qui le suivent. Ce jour, l'image de « la vigne et des sarments » (Jean 15, 1-8) nous parle de ces « fruits », de cette mystérieuse sève qui a vocation à irriguer nos vies, pour qu'elles ne manquent jamais de force et soient fécondes. Il y aurait donc, en chacun de nous, « baptisé dans le Christ », cette mystérieuse « force de vie » capable de « porter des fruits ? Est-il possible d'en saisir le jaillissement ? L'amoureux peut-il dire, par le détail, ce qui fait qu'il aime l'autre et ce qui le rend capable de tout ? Il peut réunir des arguments, mais il sait bien que quelque chose le dépasse. Ce « jaillissement de vie » est plus grand que lui, jusqu'à le déborder de toutes parts. Alors, que faut-il faire pour le découvrir ? L'Evangile entendu nous donne ces mots: « Tout sarment qui donne du fruit, mon Père le nettoie, le purifie, pour qu'il en donne davantage »…A lire et relire nos vies, nous sommes invités à prendre conscience que tout ce qui purifie, élague, émonde, peut devenir signe que Dieu « travaille » en nous pour nous faire « porter du fruit ». C'est bien cela, il veut nous désencombrer pour laisser passer la sève et nous révéler à nous-même et à lui ! Nous n'aimons guère « être émondé », et pourtant, l'enjeu est plein de promesse de fruits…L'Evangile entendu nous dit encore: « Vous êtes déjà nets purifiés à cause de la parole que je vous ai dite…si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous »…Avons-nous bien conscience du « travail » de cette mystérieuse Parole de Dieu qui a vocation à accompagner les hommes pour leur révéler leur vocation profonde ? Là est l'autre signe, la possible « fécondité » de la Parole de Dieu en nous ! Je m'émerveille, quand, au détour d'une écoute plus vraie ou d'un cœur plus ouvert, le fruit vient, la sève irrigue et agit. Ces « fruits » dont il ne faut pas douter comme d'une vraie promesse… Père Michel Pagès, recteur du Sanctuaire
Homélie du Dimanche 21 Avril 2024
Mgr Georges Pontier | 21 avril 2024
Le quatrième dimanche de Pâques nous relisons tous les ans cet évangile du Bon Pasteur qui donne sa vie pour ses brebis. Il reprend cette parabole proposée par Jésus à ses disciples et autres interlocuteurs avant sa mort comme une porte d'entrée pour comprendre le sens de sa mort future et le sens de toute vie humaine : celui qui veut garder sa vie pour lui la perdra, celui qui perd sa vie pour les autres la recevra à nouveau.
Voilà bien le visage du Bon Pasteur ! Celui qui donne sa vie pour sauver ses brebis, voilà le bon pasteur. Celui qui veut sauver sa vie et abandonne les brebis au loup n'est qu'un mercenaire ! « Voilà pourquoi le Père m'aime : parce que je donne ma vie, pour la recevoir de nouveau. » dit Jésus à ses amis. Sa mort ne sera pas celle d'un lamentable échec mais celle d'un amour infini : « le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis », « Le Père qui a tant aimé le monde a donné son Fils unique pour que le monde soit sauvé. » « Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul, mais s'il meurt il donne beaucoup de fruits. » Telle est la vie en Dieu : se donner, ne rien garder pour soi, être tout tourné vers la joie et la vie de l'autre, demeurer dans le même esprit d'amour. »
Tel est le chemin de vie qui nous est ouvert et rendu par le Ressuscité : celui de se donner jusqu'au bout, celui de ne pas garder sa vie pour soi, mais la donner pour qu'elle ne soit pas une vie perdue !
La vie nous en donne mille témoignages, rendus publics ou le plus souvent anonymes ! Je pense à l'exemple et à la devise du grand jeune aviateur Georges Guynemer qui mourra à 22 ans durant la guerre de 14-18 : « Tant qu'on n'a pas tout donné, on n'a rien donné. » Ou encore à ces héros du quotidien dont les gestes de fraternité sont médiatisés. Je pense encore à ces parents qui accueillent et entourent leurs enfants nés dans des circonstances difficiles et se donnent totalement pour eux. Je pense à ces parents visitant en détention leur fils ou leur fille pour que puisse reprendre la vie. Je pense à ces conjoints qui s'accompagnent jusqu'au bout de la route fidèlement et courageusement ; ou encore à ces enfants qui accompagnent leurs parents jusqu'à se perdre eux-mêmes; et tous ces membres des associations humanitaires, et encore à ceux et à celles dont nous disons : « Il a été jusqu'au bout ! » Qu'il est beau l'être humain quand il va jusqu'au bout dans le don de sa vie.
C'est de cela dont nous sommes les témoins. D'un Dieu qui a été jusqu'au bout. D'un pasteur qui donne sa vie pour ses brebis.
La « figure » incontournable du « berger »
Père Michel Pagès | 19 avril 2024
Les premières générations chrétiennes se sont construites avec l'image du Christ Bon Pasteur. A la manière de la fresque du 1er siècle, au plafond de la catacombe de Domitille, si naïve et si belle. A la suite aussi des images bibliques du Psaume 23 et du Lire d'Ezéchiel. Pourquoi ? Sans doute parce que, se cache, au cœur de tout homme, une attente profonde de « faire partie d'un peuple », de « vivre une fraternité réelle », d'y tendre, de l'espérer « en humanité » et « sous le regard de Dieu », le besoin d'un pasteur bienveillant qui veut le bonheur de tous. Jésus se révèle ainsi comme « le bon berger » celui qui veut rassembler et conduire un monde dont il dira « ils étaient comme des brebis sans berger » (Mt 6, 30-34). Mais quand on veut conduire, guider, consoler et accompagner, c'est fondamentalement la preuve d'un grand amour, pas d'une prétention ou d'un goût du pouvoir. Jésus dénoncera ces choses. L'Evangile du jour (Jn 10, 11-18) nous en donne l'explication ; « Le vrai berger donne sa vie pour ses brebis, il connaît ses brebis et ses brebis le connaissent, il n'est pas un berger mercenaire car les brebis ne lui appartiennent pas ». Aimer, Servir, Guider c'est reconnaître la profondeur, la valeur d'une personne qui va au-delà des apparences et c'est dans la réciprocité. Voilà ce qui construit et voilà la vérité d'un pasteur. La célébration du mystère pascal nous apprend que la résurrection s'exprime par « une autre présence ». Jésus, bon berger, n'a cessé de « se faire présence » et il veut continuer de le faire par la médiation de son Eglise et des témoins que nous sommes. Les sacrements disent « sa présence », la réactualisent et la réalisent dans les siècles. On peut dire que Jésus « Bon Pasteur » » demeure « présence » pour que nous vivions par lui sans nous égarer. Il est toute sollicitude pour ceux qui l'invoquent et le sollicitent pour conduire leur vie. Le besoin le plus profond du cœur de l'homme est bien de ne pas être seul mais de trouver confiance et fraternité autour de lui. Dans un monde parfois, en déshérence de modèles et de témoins, ou livré à toutes sortes de gourous, voilà qui a de quoi nous interroger. L'enjeu de la Foi Chrétienne se tient là ; être connu et reconnu, être aimé et capable d'aimer, dans le souci de construire avec les autres, quelque chose qui nous dépasse. L'enjeu de tout service dans l'Eglise et des vocations c'est « cette fascination pour Jésus, qui respecte notre liberté mais se propose sans cesse pour le suivre » dit le Pape François (Message des vocations joint). Père Michel Pagès, recteur du Sanctuaire
Homélie du Dimanche 14 Avril 2024
Mgr Georges Pontier | 16 avril 2024
La fête de Pâques est bien au cœur de notre foi chrétienne. Elle nous ouvre à une vision nouvelle de notre être profond. L'oraison de la messe disait tout à l'heure : « ton peuple se réjouit d'avoir retrouvé la gloire de l'adoption filiale. » Dans la récitation du Credo, nous proclamerons tout à l'heure : « je crois en Dieu, le Père tout puissant » et encore « je crois à la résurrection de la chair et à la vie éternelle. » La foi en notre condition de fils adoptifs de Dieu nous est rendue par la résurrection du Christ, lui qui est mort sur la croix en disant : « Père, entre tes mains, je remets mon esprit » et « pardonne-leur, Père, ils ne savent pas ce qu'ils font. » Voilà bien l'audace de la foi ! Fils et frère !