Une église-sanctuaire au cœur de Toulouse

Sanctuaire Saint-Jérôme L'adoration perpétuelle au cœur de Toulouse

Homélie du Dimanche 9 Juin 2024

Mgr Georges Pontier |  9 juin 2024

Les lectures de la Parole de Dieu de ce dimanche ont quelque chose de plus caché que bien d'autres fois. De la rupture entre Dieu, Adam et la femme au jardin d'Eden, jusqu' à la victoire du Fils bien aimé sur le chef des démons, le Satan, le serpent de la genèse, le diviseur, le menteur, ou bien encore à la scène où la mère de Jésus avec ceux du village et de la famille viennent le récupérer car on le dit fou à cause des premières initiatives de sa mission, nous voilà bien perplexes. Que veut dire Jésus quand il dit : « Qui est ma mère ? qui sont mes frères ? Voici ma mère et mes frères. Celui qui fait la volonté de Dieu, celui-là est pour moi un frère, une sœur, une mère. »

 La deuxième lecture proposée par la liturgie nous fournit peut-être une clé de lecture : « notre regard ne s'attache pas à ce qui se voit mais à ce qui ne se voit pas ; ce qui se voit est provisoire, mais ce qui ne se voit pas est éternel…même si notre corps, cette tente qui est notre demeure sur la terre, est détruit, nous avons un édifice construit par Dieu, une demeure éternelle dans les cieux qui n'est pas l'œuvre des hommes. » Il y a la volonté de Dieu, son œuvre. Il construit la demeure éternelle. Elle se déploie au-delà de ce que nous maitrisons et voyons. C'est une volonté de bonheur, de vie, de communion, de pardon. Cette volonté s'accomplit. Dieu la réalise, elle reconstruit ce que le Satan et l'homme blessé ont cassé et détruit. Elle se donne à voir en Jésus, son fils bien aimé, livré par amour, pour nous racheter, pour faire triompher la volonté de toujours du Père. Ce triomphe n'est pas celui de la domination, de l'écrasement, mais celui de l'amour fou qu'Il est depuis toujours, du pardon, du rachat, du salut, de la communion, de la confiance rétablie et rompue par le Satan, par l'orgueil de la volonté humaine dévoyée qui jette le soupçon sur la volonté de Dieu, qui refuse la volonté de Dieu : il s'agit de s'en remettre à lui en toute confiance et vivre dans son commandement d'amour qui est son être même.

N'est-il pas vrai qu'en nous existe ce combat entre notre volonté propre, celle de tout maîtriser et dominer, par nos envies, nos sentiments, nos désirs, nos peurs, nos passions et la volonté de Dieu qui nous entraine dans l'abandon, la confiance en Lui, le don de soi, la recherche du plaisir de l'autre ? Au cœur du péché, en nous-même il y a la division, nos peurs, l'égoïsme. Et quand la division est là, quand règne le soupçon, la maison s'écroule comme le dit Jésus dans sa parabole. Se mène un combat entre la volonté de Dieu, le créateur, le sauveur, le réconciliateur et notre volonté propre fragilisée par nos limites, l'expérience de la souffrance, l'orgueil ou les passions qui nous aveuglent.

« Celui qui fait la volonté de Dieu, celui-là est pour moi un frère, une sœur et une mère. » Ce qui nous unit n'est pas d'abord l'œuvre des réalités charnelles, mais le fait de demeurer chacun et tous dans la volonté de Dieu qui est une volonté de pardon, de vie, de communion et de salut.

Jésus a gagné ce combat pour nous dans ce moment où à Gethsémani sa volonté humaine de fuir les souffrances qui se présentaient à lui a cédé le pas pour s'avancer dans confiance en Dieu son Père : « Que cette coupe s'éloigne de moi ! cependant non pas ce que je veux, mais ce que tu veux. » Et sur la croix Il s'est blotti dans les bras de son Père : « Père entre tes mains, je remets mon Esprit. Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu'ils font. » Il enfantait là cette famille de Dieu renouvelée, ressuscitée, sauvée par son obéissance filiale et fraternelle, confiante et réconciliée.

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Une autorité qui dérange…

Père Michel Pagès |  7 juin 2024

Une fois de plus, Jésus dérange par sa parole et son autorité au point de le dénigrer et de l'accuser en jetant une ambiguïté sur sa personne et sa mission. Les critiques viennent de partout ; « Il a perdu la tête » disent les uns, « C'est par le chef des démons, Béelzéboul, qu'il expulse les démons » disent les autres (Marc 3, 20-35). Et l'accusation est grave : attribuer au diable ce qui vient de Dieu ! On appelle cela, un « blasphème contre l'Esprit ». Ce qui oblige Jésus à préciser sa mission : « Amen, je vous le dis, tout sera pardonné…mais si quelqu'un blasphème contre l'Esprit Saint, il n'aura jamais de pardon ». Nous sommes toujours interpellés par cette affirmation…Le péché qui ne peut être enlevé est d'ordre spirituel, il relève de l'accusation contre les œuvres de Dieu même. Il n'est pas de l'ordre de l'ignorance mais du « refus raisonné de toute action de l'Esprit ». On n'enlève pas un péché sans le désir de recevoir ce pardon et sans aveu de prise de conscience de sa faute. Qui ne s'est interrogé sur les questions que cela pose à sa propre vie ? Qui ne s'est demandé si tel ou tel choix sociétal relevait ou non de ce « refus obstiné et raisonné de l'œuvre de Dieu » en ce monde ? On est en droit de se poser ces questions quand on touche à ce que l'homme porte de sacré. On est en droit de se poser ces questions quand on occulte sa dignité première et fondamentale. On est en droit de résister et d'intercéder pour qu'une prise de conscience advienne. Qu'est ce qui empêche chaque homme de vivre ? Qu'est-ce qui le réduit ou le construit ? Qu'est-ce qui l'aide à grandir et à le rendre solidaire ? Qu'est-ce qui le condamne ou le sauve ? L'Eglise porte une parole qui sauve et cette parole concerne tous les domaines de la vie. Elle « dérange » souvent cette parole, écho de La Parole de Dieu, mais elle n'a qu'un but ; sauver l'homme, le libérer de ses démons et lui montrer une espérance. Nos évêques osent parler plus fort quand le sujet est grave et touche à cette dignité qui va jusqu'au bout. Comment nous situons-nous et comment agissons-nous ?

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Homélie du Dimanche 2 Juin 2024

Mgr Georges Pontier |  2 juin 2024

La fête du Saint Sacrement du corps et du sang du Christ vient conclure ce temps liturgique des dimanches qui suivent la fête de Pâque, celle du dimanche après l'Ascension puis de Pentecôte, et enfin celle de la Sainte Trinité que nous fêtions dimanche dernier.

Le sacrement du corps et du sang du Christ tient une grande place dans notre vie de chrétiens catholiques. Plusieurs mots servent à le désigner : eucharistie, messe, communion, présence réelle avec encore l'adoration eucharistique qui nous relie au sacrement de l'eucharistie et qui est une des marques de notre sanctuaire. Ce sacrement marque beaucoup notre vie chrétienne. Pensons à ce que représente la fête qu'est la première communion à quel qu’âge qu'on la reçoive. Pensons spécialement à ceux ou celles, adultes ou jeunes qui vont la célébrer dans nos églises en ce jour. Prions pour eux et leur famille. Pensons encore à cette belle pratique de porter la communion à ceux qui ne peuvent pas y participer, malades ou personnes âgées. Vous êtes plusieurs à le faire chaque dimanche pour des proches. Pensons encore au partage de la Parole de Dieu comme nourriture de notre foi.

C'est dire que ce sacrement nous conduit au cœur du projet d'alliance de Dieu avec cette humanité qu'Il a appelée à la vie et à laquelle Il propose cette communion d'amour que le Christ est venue sauver, restaurer, accomplir par le don de sa vie par amour pour nous et pour la multitude. Chaque fois que nous célébrons ce sacrement nous rappelons la mort du Seigneur jusqu'à ce qu'Il vienne. L'eucharistie est bien d'abord mémoire et participation à l'œuvre du salut voulue par le Père, réalisée par le Fils bien aimé et achevée par l'Esprit qui vient demeurer en chacun pour y rétablir cette beauté de l'alliance : cette joie de la confiance proclamée par le Christ : « Ma vie nul ne me la prend, c'est moi qui la donne  pour vous et pour la multitude », la joie de la confiance du Fils dans la fidélité du Père, la victoire enfin de la fraternité, la restauration de l'harmonie entre les frères humains. Ce que j'ai fait pour vous, faites-le les uns pour les autres. L'eucharistie est vraiment le sacrement de l'alliance entre Dieu et les hommes et de l'alliance des hommes entre eux. Elle n'est pas d'abord une dévotion individuelle. Elle est une réponse à l'invitation de Dieu à entrer dans son alliance universelle et à annoncer le terme de l'histoire : « Heureux les invités au repas des noces de l'Agneau ou encore comme le rapportait l'évangéliste Marc, ces mots de Jésus : « je ne boirai plus du fruit de la vigne, jusqu'au jour où je le boirai, nouveau, dans le royaume de Dieu. » Oui, dans l'eucharistie, « nous annonçons la mort du Seigneur jusqu'à ce qu'Il vienne, nous attendons que se réalise cette bienheureuse espérance : l'avènement de Jésus-Christ, notre Sauveur. »

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Fête du Saint Sacrement…L'enjeu vital d'une « Alliance »…

Père Michel Pagès |  31 mai 2024

Nous savons le prix de l'amour manifesté par Jésus et sa réalité réactualisée dans la célébration de l'Eucharistie. Nous solennisons cela en ce jour de fête. Mais la sagesse de la Liturgie veut enraciner notre Foi par une conviction d'Alliance dans laquelle nous sommes invités à entrer. Les textes de cette fête ont vocation à nous parler : Le Livre de l'Exode (24, 3-8) évoque cette « l'Alliance première » que Dieu initie face à la quête de tous les peuples depuis que le monde est monde. Une « Alliance » qui est à l'initiative de Dieu et qui est faite « dans le sang » c'est-à-dire « dans la réalité charnelle » de ce monde. Notons que « la bague » que nous nommons « l'alliance » et qui en a pris le nom est bien le rappel de cette réalité d'Alliance. On devient mystérieusement mais bien réellement « partenaires » d'un projet de vie. L'Epitre aux Hébreux (9, 11-15) évoque « l'Alliance Nouvelle » qui se fait « dans le sang du Christ » pour signifier cette fois, que le Christ rachète tout homme « à grand prix » à cause des « ruptures d'alliances » ! L'Evangile est explicite (14, 12-26) : « Prenez, mangez, ceci est mon corps…Prenez, buvez ceci est mon sang, le sang de l'Alliance, versé pour la multitude ». Les théologiens parlent de « récapitulation ».. « Récapituler » c'est tout reprendre, tout assumer et c'est « dans le Christ » que cela se manifeste, une fois pour toutes. L'Eglise assume cette histoire, cette révélation et cette mystérieuse Alliance. Elle y reste fidèle car elle sait que l'enjeu de « l'aventure humaine » se joue là, mystérieusement. La Foi n'est pas de l'ordre de « l'acceptable », elle est de l'ordre d'une  » révélation  » qui manifeste que Jésus est venu « chercher et sauver ce qui est perdu ».

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Homélie du Dimanche 26 Mai 2024

Mgr Georges Pontier |  26 mai 2024

Dieu Trinité, La Fête de la Trinité. Voilà bien des mots abstraits derrière lesquels se cache la révélation du Dieu qui s'est fait connaître à nous dans l'histoire humaine. Voici un peu plus d'un mois, la fête de Pâques nous révélait le visage du Dieu-Trinité aimant jusqu'au bout, le don que le Fils bien-aimé faisait de sa vie pour le salut du monde. En Lui, par Lui, la vie triomphait de la mort, la haine était vaincue par le pardon, l'Amour triomphait. Il y a une semaine, la fête de Pentecôte nous montrait le Dieu-Trinité poursuivant son œuvre de salut dans la vie et dans le cœur des disciples, en répandant son Esprit de vie et d'amour dans leur cœur et en les envoyant en mission : les portes de leur cœur s'ouvraient comme celles du lieu où ils vivaient dans la peur. Ils étaient les disciples envoyés en mission, poursuivant l'œuvre de salut au Souffle de l'Esprit consolateur. L'Eglise naissait, envoyée en mission.

Aujourd'hui, voici la fête de la Sainte Trinité, jour de fête où nous rendons grâce au Dieu qui s'est révélé à nous comme ce Dieu-Trinité d'amour, origine de toute vie, source de tout amour. Nous rendons grâce à Dieu parce qu'Il est ce Dieu d'amour, ce Dieu débordant d'amour. Sa toute-puissance n'est pas celle d'un monarque sans cœur, désireux de pouvoir et de domination. Il n'a pas créé par puissance ou par besoin. Il a créé par amour. Il est Tout Puissant en Amour parce qu'Il est Trinité de personnes en qui la vie se révèle comme un mystérieux échange d'amour qui est la source de toute vie.

L'apôtre Paul dans l'hymne qui commence sa lettre aux Ephésiens rend grâce à Celui « dont la richesse de la grâce déborde jusqu' à nous ». La vie est un débordement du cœur du Dieu, Trinité d'amour. A l'origine de toute vie il y a une intention, un projet, un sens : ouvrir la vie divine à des créatures appelées à entrer dans cette vie, la seule qui soit de toujours à toujours, la seule qui soit créatrice, la seule qui triomphe de toute forme de repli sur soi, de toute violence, de tout enfermement.

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Sainte Trinité…Il a fallu des siècles et il faut toute une vie…

Père Michel Pagès |  24 mai 2024

On le dit pour bien des « choses de la vie »:  « il faut du temps » ! Du temps pour accueillir et concevoir, du temps pour expérimenter, pour ressentir et prendre conscience. Comme il a fallu des siècles et  pas moins d'une vie pour « entrer dans le Mystère de Dieu ». Mais attention, « Mystère » ne veut pas inaccessible mais bien plutôt « appel à découvrir » et de manière vitale que nous sommes faits pour « les choses de Dieu » et que notre vie ne se comprend vraiment qu'avec Dieu. On peut logiquement utiliser sa part d'intelligence pour y entrer rationnellement ou s'arrêter à une forme d'émotion… Mais on n'explique pas « le Mystère d'un Dieu en trois personnes », « un Dieu de communion »,  il ne se prouve pas, ne se démontre pas, il s'accueille et se révèle à nous ! Ecoutez Saint Paul nous parler de ce cheminement:  « Ce n'est pas que j'ai atteint la perfection, mais je poursuis ma course pour tâcher de saisir puisque j'ai moi-même été saisi par le Christ Jésus » (Philippiens 3, 12). « Ce n'est pas nous qui avons aimé Dieu, c'est lui qui nous a aimés » (I Jean 4, 10). C'est la réalité de Dieu qui vient à nous et non pas nous à lui ! Le génie du Christianisme est de nous faire entrer par la personne de Jésus, dans ce « mystère de communion ». Au regard des siècles, et encore aujourd'hui, l'homme est comme obsédé par « l'idée de Dieu », de son existence ou de sa non existence, de son enjeu pour nos vies et pour le monde. Au point de s'en être fabriqué des « images » (« eidôlon  » en grec, « idôles »), des concepts à la mesure de ses besoins ou de ses envies. Mais l'Evangile nous parle de l'expérience, à la fois spirituelle et profondément humaine, de ceux que Jésus appela ses Apôtres. Ils partagèrent son existence, l'écoutèrent, le suivirent et l'aimèrent jusqu'à l'expérience forte de la Croix et de la Résurrection. Jésus a cheminé avec eux, comme il chemine avec nous et « nous explique les Ecritures ».  Alors, relisons les lectures de ce dimanche, elles portent ce message nuancé ; « C'est le Seigneur qui est Dieu, là-haut dans le ciel comme ici-bas sur la terre, il n'y en a pas d'autres » (Deutéronome 4, 32-40)… « Vous avez reçu un Esprit qui fait de vous des fils et en lui nous crions Abba, Père » (Romains 8, 14-17). « Tout pouvoir m'a été donné au ciel et sur la terre, allez, de toutes les nations faîtes des disciples et baptisez-les au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit » (Matthieu 28, 16-20)…Il a fallu des siècles et il faut toute une vie  pour entrer dans cette communion…Père Michel Pagès, recteur du Sanctuaire

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