Père Michel Pagès | 23 décembre 2022
« Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière » proclame le prophète Isaïe (9, 1-6). C’est une banalité, en certaines périodes de la vie de nos sociétés ou de nos propres vies, de dire que « le monde est parfois dans la nuit » et que nous pouvons être dans la nuit ! Mais, au-delà des évènements, des défis et des aléas dont l’actualité se fait souvent l’écho, face aux défis sociétaux, aux guerres, affirmer que les hommes peuvent être dans la nuit, c’est aussi proclamer qu’ils sont appelés à chercher et à trouver une lumière, à deviner ce qui a visage d’un amour, d’un regard, d’un projet, qui est plus grand que les ténèbres, plus grand que les aléas de l’histoire et de l’histoire de chacun d’entre nous ce soir. Que ce projet de bonheur, est légitime puisque c’est un projet qui vient de Dieu ! La voilà, la lumière de Noël ! Au cœur de cette nuit unique, au cœur de toutes les nuits humaines, un « lieu nouveau » s’impose à nous. Curieusement « ce lieu », qu’on appelle « crèche », est dérangeant par sa pauvreté, mais rempli d’une mystérieuse lumière. Le récit évangélique nous dit que « des bergers qui dorment dans les champs en gardant leurs troupeaux » comprennent qu’il se passe quelque chose qui les dépasse et mystérieusement les rejoint (Luc 2, 1-14). Plus loin, l’évangile nous dit que des « passionnés dans l’observation des astres », qu’on appelle « mages », comprennent aussi et à leur façon qu’il se passe quelque chose, au point de « les mettre en route ». Oui, la nuit de Noël rejoint les nuits du monde, les nuits que nous imposent la vie et les évènements de la vie…mais pour les changer ! La nuit de Noël nous décentre, mais pour réorienter nos vies. Quel est donc « cette nuit » de nos cœurs ? Il nous arrive d’en faire le constat amer ou déçu, en comprenant que nous nous sommes trompés, que notre société, parfois, s’égare, que face à ce qui nous fragilise, subitement ressenti, nous devenons capable de nous ouvrir, d’appeler au secours, de prier, d’invoquer, de demander une aide, une lumière, une transformation, un renouveau ! Dites-moi, en cette « nuit de Noël », qui veut nous réjouir, en commençant par les enfants, avez-vous pensé à demander que vos cœurs s’ouvrent, se libèrent ? Avez-vous déposé ces visages des nuits humaines, pour goûter à une lumière capable d’éclairer vos vies, vos choix, vos désirs, votre famille, notre société ? Vous êtes-vous arrêtés, un instant, devant ces visages émerveillés de vos enfants ? Ne cessez pas d’y lire une promesse et une lumière…ce soir, elle est offerte à tous… Père Michel Pagès, recteur