Père Michel Pagès | 6 octobre 2023
Jésus a le chic de mettre le doigt sur l’âme humaine, ses grâces et ses limites… La parabole du jour (Mt 21, 33-43) est dans le long cycle des enseignements de Jésus, et toutes sont un appel à une forme ou l’autre d’interpellation. Toujours ce mystérieux « maître de maison » ou « propriétaire qui se met en route et qui confie ». Se révèlent, à nouveau, du cœur de l’homme : tromperie, orgueil, ingratitude, violence…On peut même dire que cela est une longue histoire… La mémoire Biblique nous est nécessaire pour réaliser à ce point, les appels répétés de Dieu et le spectacle des multiples révoltes de l’homme. Des patriarches, des rois, des prophètes, des envoyés de toutes sortes tentent inlassablement de toucher le cœur de l’homme. Mais la parabole entendue en arrive à un « argument massue » qui pourrait tout changer : « je vais envoyer mon fils, au moins, ils respecteront ma fils »…Mais rien n’y fait : « Voici l’héritier, tuons-le, nous aurons l’héritage ». Quand on prend conscience de l’infini patience de Dieu et de la dureté toujours possible du cœur humain, on peut douter de l’homme et de l’humanité et pourtant… Il suffit de lire et de méditer le Psaume 77 ; « Qu’ils ne soient pas comme leurs pères, une génération indocile et rebelle, aux cœurs inconstants…Mais ils oubliaient les merveilles du Seigneur…Ils péchaient encore dans leurs cœurs…au point que le Seigneur s’emporta…mais lui, miséricordieux, au lieu de détruire, il pardonnait, maintes fois il retint sa colère » …Jésus lui-même, se fait le relais de cette infini miséricorde ; « N’avez-vous jamais lu dans les Écritures : la pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle, c’est là l’œuvre du Seigneur, la merveille devant nos yeux ». Comment ne pas citer Saint Jérôme ? Au cœur de son laborieux travail de la Parole de Dieu, on lui prête cette confidence ; « Que veux-tu vraiment de moi Seigneur ? » et la réponse qu’il rapporta lui-même ; « Donne-moi encore tes péchés, Jérôme, pour que je puisse avoir la joie de les pardonner encore »…Au lycée, je m’interrogeais déjà du peu d’intérêt et de l’inconstance de mes amis sur « les choses de Dieu ». Comme prêtre, il m’arrive encore de le ressentir…mais très vite, je songe que le rapport de l’homme à son Dieu ressemble à une histoire d’amour tourmentée, capable, malgré tout, de se réconcilier encore et encore…Oui, l’homme est fondamentalement bon même s’il peut se montrer ingrat… Père Michel Pagès, recteur du Sanctuaire