Une église-sanctuaire au cœur de Toulouse

Sanctuaire Saint-Jérôme L'adoration perpétuelle au cœur de Toulouse

Mon âme a soif de toi, mon Dieu

Père Christian Teysseyre |  12 mars 2023

La sécheresse qui progresse nous oblige de repenser notre rapport à l'eau, et à l'usage que nous en faisons pour conserver un bien essentiel, de ce fait inestimable. Nous avons pu lire l'usage que nous en faisons : chacun dépensant 149 litres en moyenne journellement : soit 39 % pour la toilette, tandis que boire représente 1 % seulement (et 6% pour la cuisine, ce qui représente 8 à 10 litres à des fins alimentaires). Manquer d'eau nous fait souvenir ce que représente l'eau pour la vie, et combien de peuples aujourd'hui encore n'ont toujours pas accès à ce bien. Certains parmi nous peuvent se souvenir des puits familiaux ou de village, ce n'est pas seulement une histoire du XIXe siècle.

La quête de l'eau potable a longtemps été une source de préoccupation pour l'homme. C'est en Mésopotamie, nous apprend-on, 6000 ans avant JC, que l'on trouve trace des premiers puits. Il faut cependant attendre l'Antiquité pour que l'eau commence à être apprivoisée : [les Grecs sont les premiers à la stocker et à la transporter jusqu'aux habitations via des réseaux].

La bible croise en permanence la question de l'eau. Il n'est pas étonnant qu'elle soit devenue une des réalités foncières avec la terre symbolisant l'Alliance de Dieu.

Il y a un rapport permanent et existentiel entre la soif, l'eau et la vie.         Le livre de l'exode, cet exode que nous évoquions dimanche dernier, avec la marche à travers le désert, fait état de cette crise où le peuple conduit par Dieu se trouve sans eau et soudain menacé de mort. Il y a dans cette épreuve une grave contradiction perçue avec la promesse de Dieu de libérer et de faire vivre. La défiance s'installe. Dieu est-il sauveur ?  Alors ce Dieu qui fait route avec son peuple, va devenir sa source. Dieu par Moïse fait jaillir l'eau du rocher. Dieu se dévoile comme le Dieu sauveur, celui qui libère, celui qui conduit, celui qui fait vivre.

Les croyants ne cesseront pas de se tourner vers Celui qui fait jaillir l'eau vive, pas seulement celle de l'existence humaine, mais aussi celle de l'existence spirituelle, comme le psalmiste aime le dire de manière émouvante et profonde (psaume 41) : « Comme languit une biche après l'eau vive, ainsi mon âme te cherche, toi, mon Dieu ». Ou encore : « Mon âme a soif de Dieu le Dieu vivant : quand le verrais-je face-à-face ? ».

L'eau va être comprise comme Dieu lui-même qui se donne et qui est la réponse à notre soif. L'homme est fait pour aller vers une source d'eau vive, et en elle trouver la vie. Dieu est notre vie.

Jésus de Nazareth, le Christ, va reprendre et accomplir cette approche de l'alliance. Cela est parlant dans ce récit de la rencontre avec la samaritaine. Mais ce n'est pas le seul moment où le rapport du Christ avec la soif des hommes va apparaître.

Certes il y a la manière toujours déconcertante de l'évangéliste Jean de nous introduire dans le mystère du Christ. Il commence par la demande de Jésus : « Donne-moi à boire ». On retrouvera quelque chose de cette même demande dans les derniers instants de Jésus, lorsqu'il dit : « J'ai soif ». Il s'agit de la soif physiologique et du besoin de boire, mais les pères de l'Eglise, les mystiques ont toujours entendu à un deuxième degré et entrevu un autre sens à sa demande : comment le Christ exprime son attente à notre égard. Je ne développerai pas davantage cet aspect du « j'ai soif » de Jésus, sinon pour souligner un sens élémentaire et premier : le Christ s'est fait solidaire de nos soifs et de nos attentes. Il les fait sienne et les habite. La source vive vient habiter nos vies. On peut dire aussi que le Christ a besoin de l'ouverture de notre cœur pour pouvoir se donner. Il a soif de la foi de cette femme. Il a soif de notre foi.

Car la demande insolite de Jésus va conduire cette femme à un cheminement, à descendre au plus profond d'elle-même pour reconnaitre sa soif véritable par-delà toutes ses compensations de surface, pour nommer son désir de trouver ce que Jésus lui fait entrevoir lorsqu'il dit : « Celui qui boira de l'eau que je lui donnerai n'aura plus jamais soif ».  Alors son attente peut se tourner vers celui qui lui parle : « Seigneur donne-moi de cette eau que je n'ai plus soif ». Alors,  elle va pouvoir découvrir qui est en vérité celui qui lui parle. Il faut qu'elle avance, pas-à-pas, pour qu'elle s'aventure à dire : « Je sais qu'il vient le Messie, celui qu'on appelle Christ ». Alors le Christ peut se dévoiler : « Je le suis moi qui te parle ». Ce « Je le suis » ne vient qu'après un travail intérieur où l'on quitte et l'attitude magique sécurisante et les places fortes des logiques sans faille, fermées au passage de Dieu. Cette femme a dû laisser beaucoup de ses sécurités affectives, religieuses pour accéder à une autre dimension d'elle-même, pour s'ouvrir à la Vérité. Cette rencontre a changé sa vie.

Le Christ nous invite à le reconnaître comme notre source d'eau vive. C'est lui qui donne cette eau vive. Nous n'y accédons pas par nous-même. Accueillir la Parole du Christ, c'est vivre par lui. Dieu est toujours une source inépuisable. Ayons toujours soif de lui. Que chacun retrouve en lui-même ce même chemin intérieur parcouru par la samaritaine à la rencontre du Christ. Que pour chacun résonne cette interrogation : « Si tu savais le don de Dieu ? » Le savons-nous vraiment ?

Combien d'hommes et de femmes ont fait cette découverte. Elle est au commencement de toute vie chrétienne. Je voudrais vous lire un commentaire d'une grande beauté de saint Ephrem, un diacre d'Orient du IVème siècle,

« Réjouis-toi, parce que tu es rassasié, mais ne t’attriste pas de ce que la richesse de la parole te dépasse. Celui qui a soif se réjouit de boire, mais il ne s’attriste pas de son impuissance à épuiser la source. Mieux vaut que la source apaise ta soif, plutôt que ta soif n’épuise la source. Si ta soif est étanchée sans que la source soit tarie, tu pourras y boire à nouveau, chaque fois que tu auras soif. Si, au contraire, en te rassasiant, tu épuisais la source, ta victoire deviendrait ton malheur ».

Saint Ephrem poursuit : « Rends grâce pour ce que tu as reçu et ne murmure pas pour ce qui demeure inutilisé. Ce que tu as pris et emporté est ta part ; mais ce qui reste est aussi ton héritage. Ce que tu n’as pas pu recevoir aussitôt à cause de ta faiblesse, reçois-le à d’autres moments grâce à ta persévérance. N’aie l’impudence, ni de vouloir prendre d’un coup ce qui ne peut être pris en une fois, ni de t’écarter de ce que tu pouvais recevoir peu à peu ».

Ayons toujours soif. Sachons où se trouve la source véritable de nos vies : Le Christ. Cette source nous habite, elle est au plus profond de nous-même. Qu'elle alimente et irrigue notre vie.

Le baptême avant toute approche purificatrice du péché développe d'abord cette signification existentielle, de l'eau qui fait vivre : eaux d'une nouvelle naissance et d'une nouvelle création (dans la ligne de l'évangéliste Jean), eaux dans lesquelles nous sommes plongés pour passer de la mort à la vie dans une nouvelle Pâques (dans la ligne théologique de l'apôtre Paul).

Ces lectures de carême de l'année A relèvent d'une organisation liturgique très ancienne. Ces lectures sont à entendre dans une compréhension baptismale, tant pour ceux qui se préparent au baptême en ce moment, que pour nous-mêmes dans la mémoire de ce que nous avons reçu, le don de Dieu, le don de son Esprit.

Nous avons reçu la vie de Dieu à notre baptême. Sachons la reconnaître.  Qu'elle soit actuelle. Que le Christ soit réellement la source de notre vie. Que cette source surgisse à nouveau et s'éveille en nous en ce temps de préparation pascale.

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