Père Michel Pagès | 20 octobre 2023
« Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu » (Mt 22, 15-21) La phrase est connue, elle est désormais dans le langage courant. Avez-vous noté que, dès le début, elle est citée dans un contexte polémique ou de tentation de récupération de la mission de Jésus ? On accule Jésus à se situer dans les « choses temporelles » et dans les « choses divines ». D’une certaine manière, quoiqu’il réponde, on l’attend au tournant…En fait Jésus ne répond pas à la question, il la transforme, il montre que des obligations incombent à tout homme qui se place sous le regard de l’autorité du temps ou de la Foi. Dans le contexte qui est le nôtre, on se plait à souligner l’autonomie de chaque réalité, allant jusqu’à dire que Jésus a inventé « la laïcité » ! Essayons d’aller plus loin. Les deux « pouvoirs » sont distincts, oui mais…comme chrétiens, on ne peut se retrancher « hors de la cité des hommes », nous avons à y être présent, solidaire, responsable et même « aiguillon » des enjeux qui s’y jouent et le travail ne manque pas ! Mais nous avons été comme « frappé » d’une autre effigie que celle du « César du temps », qui est celle du Christ, de son image, de son onction, de sa dignité, de son autorité. Et à ce titre, nous savons que l’homme ne peut se réduire en rien « aux choses de la terre », marqués de finitude et de fugacité à l’inverse du projet de Dieu sur le monde, qui le destine à un plein épanouissement. Mesurons combien cela a de conséquences sur nos choix et dans les débats de société ! Nous voici invités à prendre la mesure de cet enjeu différencié qui se joue presque à chacun de nos choix, à chaque occasion de vie. Posons-nous quelques questions ; A qui est-ce que nous obéissons vraiment ? A qui est-ce que nous donnons notre confiance ? A quels enjeux est ce que nous soumettons notre vie et nos moyens ? Comme si nous avions, chaque fois, à faire « un choix », à opérer un « discernement ». Oui, l'Église doit respecter « le César du temps » mais elle doit lui rappeler sans cesse qu’il n’est pas Dieu ! Nous sommes au cœur de notre vocation quand nous vivons des solidarités bien concrètes en ce monde, mais nous sommes au cœur de notre vocation chrétienne quand nous servons la cause de Dieu en toutes choses. Le Pape François a écrit : « En tant que croyants, nous nous trouvons face au défi de retourner à nos sources pour nous concentrer sur l’essentiel qui tient ensemble, et l’adoration de Dieu et l’amour du prochain » (Fratelli tutti n° 282) Quel chrétien ignore cela ? Père Michel Pagès, recteur du Sanctuaire