Père Michel Pagès | 18 octobre 2024
Décidément le texte évangélique ne nous cache rien…jusqu'au récit des faiblesses de ceux qui allaient devenir les colonnes de l'Eglise : « Donne nous de siéger à ta droite ». Tentation de « se placer » ou de fonctionner « au piston » ? On sait les limites et les faiblesses de ce fonctionnement mais on peut, surtout prendre conscience des merveilles que la grâce de Dieu réalise dans les âmes ! Nul ne doit désespérer de qui que ce soit dans la mesure où la conversion se fait jour. Mais retenons la manière dont Jésus parle du « pouvoir » et sa vigilance pour une « manière chrétienne » de l'exercer : « Les grands font sentir leur pouvoir, pour vous il ne doit pas en être ainsi » (Marc 10, 35-45). Alors que dire ? Peut-être que, recevant un rôle, une mission, une responsabilité, une place dans l'Eglise et dans le monde, nous voici appelés à une vigilance, celle de ne pas l'exercer avec « l'esprit du monde » au point de nous en donner la clé : « le Fils de l'homme n'est pas venu pour être servi mais pour servir ». Je vous invite à relire « la manière » dont Jésus a exercé « un pouvoir ». A relire les Evangiles, c'est « par sa parole » et « par ses mains »…Non, une parole autoritaire mais une parole libératrice. Chaque rencontre difficile le pousse à éclairer le cœur de la personne, son égarement ou son endurcissement. S'adressant « au mal », sa parole est forte et incisive « sors de cet homme ». S'adressant à la personne, sa parole est patiente et bienveillante « si tu veux », « si tu veux être parfait ». Encore une fois, il respecte une liberté, il n'écrase pas, ne joue pas avec les personnes, il tolère et patiente…. « Ses mains » montrent sa puissance sur le mal, la souffrance, la possession diabolique, elles sont fortes. Mais « ses mains » prolongent « sa parole », elles sont « une miséricorde en acte ». Il impose les mains sur les malades, les enfants, il protège et encourage, il réconcilie et donne la force, il remet debout. Nous qui nous proclamons « disciples du Christ, Que faisons-nous « de notre parole » ? Est-elle autoritaire, d'emblée, ou est-elle bienveillante, constructive, vraie, sachant nous effacer devant le seul pouvoir qui vaille, celui du Christ en nous, et qui aura le dernier mot ? Et que faisons-nous « de nos mains » ? Sont-elles le prolongement de cette bienveillance ou l'expression rapide et maladroite de nos impatiences ? Quand Dieu n'est plus présent aux réalités humaines, il manque quelque chose de ce qu'on appelle lumière et vérité et peut-être aussi, paroles et gestes ajustés…Père Michel Pagès, recteur du Sanctuaire