Père Michel Pagès | 10 novembre 2023
« Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure » (Mt 25, 1-13)… Il ne s’agit pas d’une « parabole de plus » mais bien d’une invitation, réaliste, à se demander ce que nous faisons du temps. Et puisque tous, nous finissons par dire « la vie passe vite », une forme d’urgence à assumer ! Et pourtant, Dieu se révèle « dans le temps », en magnifiant « les choses de la vie », tout en précisant les limites. En créant le monde et en créant l’homme « au cœur du monde », Dieu l’a situé « dans le temps ». Ce temps qui ne définit pas Dieu, puisqu’il est « de toujours mais qui constitue l’homme dans sa vocation à se déployer comme fils et filles de Dieu, dans l’espace du temps. Et cela est bien concret ; Neuf mois pour « prendre forme »…Du temps pour sourire et communiquer…Du temps pour parler et apprendre…Du temps pour les premiers pas…à chaque situation, à chaque âge sa découverte et des années pour devenir libre et autonome…Du temps pour apprendre à vivre et à aimer…La parabole (Mt 25, 1-13) nous parle de ce moment de vie où, dans des circonstances heureuses, comme celles de Noces, nous devons prendre la mesure de ce que nous faisons du temps qui nous est donné ! Les Noces, c’est concret et c’est important « dans le temps d’une vie » parce c’est de l’amour. C’est une promesse de vie à notre portée et c’est essentiel quand il s’agit de comprendre qu’on peut s’engager dans le temps et peut-être pour la vie « par amour »…Oui, la parabole nous parle de l’usage du temps par la médiation de ces jeunes filles, qui peuvent être « insouciantes » ou « prévoyantes » ! N’est-ce pas ce qu’on attend d’elles, savoir attendre, faire un bon usage du temps dans la perspective de « ce qui doit venir » ? N’est-ce pas ce qu’on attend de nous ? Savoir attendre, se tenir prêt, vivre le temps comme quelque chose de positif où il faut parfois patienter, où les choses peuvent tarder et où une attente prolongée peut être vécue comme une épreuve alors que c’est peut-être une chance ? C’est l’usage du temps qui creuse en nous une épaisseur de vie, la valeur des sentiments et des liens dans lesquels nous nous engageons ou pas…car « l’époux » parait tarder ! N’est-ce pas le temps qui fait naître l’amour, le construit et l’accomplit ? N’est-ce pas dans la longueur du temps qu’on se construit et qu’on se révèle ? Dans un monde où tout va vite, où l’engagement n’est plus la norme, prenons conscience du témoignage que nous pouvons donner « car tout s’accomplira » dit Jésus… Père Michel Pagès, recteur