Père Michel Pagès | 27 octobre 2023
Vous savez que, ce que nous appelons « Bible » en hébreu « les livres » (ta biblia) est comme cet enchaînement d’histoires où Dieu se donne à connaître, parle, accompagne et parfois corrige « au nom de l’amour qu’il nous porte ». On peut ainsi, de mille manières, « entrer » dans la Bible. En ce Sanctuaire sous le patronage de cet amoureux de la Bible, qu’est Saint Jérôme, je voudrais vous inviter à commencer -ou recommencer- par « ouvrir une porte » puis « d’autres portes » dans cette « bibliothèque vivante ». Ce que j’appelle « une porte » c’est ce « ressenti » que l’on peut avoir à l’audition de tel ou tel passage et qui a trouvé un écho en nous, cette Parole qui a fait mouche. A partir de ce ressenti, revenez au texte entendu, puis au chapitre où il se situe, puis « au livre » dont il vient. Peu à peu, la Parole pénètre et nourrit. Mais tout commence par « une porte d’entrée » ! Notre regard sur les mots change alors, le désir aussi d’aller plus loin grandit, dans une forme ou l’autre de compréhension qui peu à peu devient vitale. Quand le docteur de la Loi demande à Jésus quel est le commandement le plus grand ? (Mt 22, 34-40) il connait la pratique juive des 613 commandements (les mitzvot) dont 365 sont des commandements négatifs et 248 des commandements positifs. Mais sans doute pressent-il que se joue là quelque chose de plus essentiel qu’une liste de pratiques, aussi digne soit-elle. Parce qu’il sait que la révélation du Dieu de la Bible est bien une révélation d’amour, au plein cœur de nos tâtonnements. Jésus le lui rappelle dans une synthèse qui porte toutes les pratiques et toutes les quêtes humaines : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit…et ton prochain comme toi-même ». Quelle que soient « les portes » que nous empruntons, elles ont vocation à nous révéler Dieu dans une « rencontre » qui peut tout changer, qui, souvent, prend les devants, envoie des signes, parle tous les langages, jusqu’à la passion, l’impatience et même la colère…Un histoire d’amour tumultueuse mais une « histoire d’amour » quand même…
Par tradition, nous célébrons dans le même mouvement, « tous les saints », ceux et celles qui, dans les réalités les plus ordinaires, ont donné un visage ajusté au projet de Dieu…et « nos défunts » qui, dans les mêmes réalités de ce qui fait nos vies, ont tenté de le faire plus ou moins facilement. On dit parfois « ils ont tenté d’aimer »… Père Michel Pagès, recteur du Sanctuaire