Une église-sanctuaire au cœur de Toulouse

Sanctuaire Saint-Jérôme L'adoration perpétuelle au cœur de Toulouse

Jeudi Saint

Père Christian Teysseyre |  6 avril 2023

On s'attendrait à entendre comme évangile le récit de l'institution, le repas de la cène, les gestes et les paroles accomplis par Jésus la veille de sa mort. Quand on commémore le sacrement du corps du Christ livré pour nous, et du sang versé pour nous et pour la multitude, on attend légitimement le récit de ce moment.

Nous les avons bien entendues, mais non dans le repas que Jésus accomplit la veille de sa mort, mais dans l'acté réitéré, dans ce que vivent les chrétiens dans la célébration hebdomadaire de la Pâques du Christ, source de leur vie.  Il est ainsi dans les années 56, une peu plus de 20 ans après la mort du Christ, comme en témoigne la lettre aux Corinthiens, le texte le plus ancien de la pratique eucharistique dans l'Église apostolique, bien avant la rédaction des évangiles, une décennie plus tard. C'est le Faites ceci en mémoire de moi vécu par les modestes assemblées, célébrant et vivant le mystère pascal, comme nous le faisons nous-mêmes 21 siècles après, annonçant la mort du Seigneur jusqu'à ce qu'il vienne. Cette parole donne une perspective non seulement mémorielle, mais d'avenir, eschatologique, à l'eucharistie.

Par contre la liturgie nous a donné à lire l'évangéliste Jean avec la particularité de son récit. L'action se situe bien dans ce repas que Jésus prend avec ses disciples la veille de sa mort, mais le geste rapporté nous présente Jésus lavant les pieds de ses disciples. Ce geste est inattendu et apparaît insolite là où il s'inscrit. On ne peut être que doublement surpris.

-D'abord c'est ce geste que retient l'évangéliste Jean. Nous devons nous demander pourquoi.

– Par ailleurs ce geste est un geste d'esclave.

Ainsi, nous nous trouvons soudain d'une autre manière, dans une lecture éminemment eucharistique. Certes il y a d'autres lectures qui ont été faites de ce geste du lavement des pieds, dont une provenant du propos même de Jésus, qui fait de ce geste un geste de purification, condition pour pouvoir avoir part avec lui, préfiguration de la mort en croix, par laquelle le sang du Christ nous purifie de nos péchés (1 Jean 1/7).

Si nous lisons ce geste dans une compréhension eucharistique ; que nous pouvons retenir ?

1 / La mort du Christ est celle du serviteur (du serviteur souffrant d'Isaïe)

Le corps livré témoigne de l'abandon le plus total, du service absolu, de la plus grande désappropriation, pour que l'homme s'ouvre au royaume de Dieu, pour qu'il puisse participer à la vie divine. Pour cela Dieu est descendu au plus bas. Tout dans ce récit symbolise le dessaisissement que vit Jésus : il est aux pieds de ses disciples, le tablier du serviteur

2/ L'eucharistie nous demande de nous faire à notre tour serviteurs, de faire de notre vie un don de nous-mêmes. « Une éternelle offrande à la louange de ta gloire » comme nous le demandons dans la IIe Prière eucharistique.

Vous aurez perçu que l'un et l'autre geste : le pain partagé et la coupe donnée d'une part et le lavement des pieds d'autre part font l'objet d'une semblable prescription :

Faites ceci en mémoire de moi

Ce que j'ai fait, faites-le aussi vous aussi

Ces deux mémoires sont indissociables, elles n'en font qu'une

S'il agit de réitérer ce que Jésus a fait a vécu, ce n'est pas seulement le geste formel lui-même. D'ailleurs les gestes n'ont jamais été situés à égalité. Par contre, il s'agit d'accomplir ce que Jésus a vécu dans l'attitude qui a été la sienne, dans sa manière d'exister. C'est cela que nous avons à reproduire

Nous ne pouvons pas recueillir le corps du Christ, être purifié par son sacrifice sans devenir serviteurs de nos frères, sans faire notre l'attitude du Christ qui a donné sa vie pour nous.

Car qu'en est-il du lavement des pieds ?

Nous y lisons avec raison un geste d'humilité, puisqu'il s'agit d'un geste d'esclave. Ce geste dit en effet quelque chose de l'abaissement du Christ qui se trouve au plus bas de l'homme, à ses pieds. L'apôtre Paul dans sa lettre aux Philippiens dit du Christ : « il s'est abaissé prenant la condition de serviteur, d'esclave ».

Mais ce geste vient dire plus encore : à savoir que sa mort est un don total et irrévocable. Ce geste vient nous redire que la mort ne résulte pas de quelque violence arbitraire ou factuelle, celle d'un père vindicatif qui demande des comptes ou réparation pour outrage, ni des hommes dans leurs calculs dérisoires et leurs jeux de pouvoirs.

Nous ne pouvons que lire – tant dans le repas de la cène que dans le lavement des pieds – le libre don de Jésus : « Ma vie, nul ne la prend, mais c'est moi qui la donne ». Nous retrouvons cela dans le récit du lavement des pieds, dans les notations qui nous paraîtraient anodines : Jésus dépose son vêtement pour ensuite le reprendre. Ces deux verbes prennent une autre résonance. La tradition chrétienne y a lu précisément le libre dessaisissement de sa vie, en prenant notre humanité, en accueillant la passion, la croix et la mort sur la croix, pour entrer dans la gloire du ressuscité.

Nous avons entendu  Jésus dire : « Si donc moi, le seigneur et le maître je vous ai lavé les pieds, vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. C'est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez vous aussi comme j'ai fait pour vous ».

Jésus à cette heure est source et modèle du don, en se faisant serviteur.

Nous gardons ce testament en nos cœurs :

« Faites ceci en mémoire de moi ».

« Faites, vous aussi, comme j'ai fait pour vous »

Nous savons bien ce que le Christ a fait pour nous et comment il l'a fait.

Il nous faut aller de l'exemple unique que l'on reproduit, que l'on imite (imiter le Christ a toujours été un objectif et une modalité de la vie chrétienne (cf l'Imitation de J-C) à ce faire comme j'ai fait qui est de l'ordre de la ressemblance et de la communion.

Vivre comme le Christ, tel est le chemin que le Christ nous ouvre en ce jour, quand avec lui nous entrons dans la Passion,

L’Église a besoin de vous…

Les Prêtres

Recteur Père Michel Pagès

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Le Père Michel Pagès tient une permanence d’accueil dans l’église, le mercredi et le samedi de 15h00 à 18H

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