Père Michel Pagès | 11 novembre 2022
Cette phrase du Testament Spirituel du saint pape Paul VI rejoint le côté provisoire des choses de la vie, que l’évangile de ce jour annonce « Ce que vous contemplez, des jours viendront où il n’en restera pas pierre sur pierre » (Luc 21, 5-19). Tous ces dimanches nous alertent sur les réalités de ce monde : le mariage, les biens, les liens et leur réel impact sur ce que Jésus appelle « Le Royaume ». Ces mots du pape Paul VI disent quelque chose du dilemme qui est le nôtre ; Nous sommes fascinés par les réalités de ce monde et nous savons que nous avons vocation à l’habiter. En même temps, nous prenons conscience et par nombre d’aspects, de la fugacité des choses, des liens, des acquis et même, à certaines heures de notre propre vie. C’est ce dilemme que Jésus met sous nos yeux et que nous devons assumer. C’est même au cœur de ce dilemme que nous avons à préparer notre future « vie en Dieu » que le Baptême a semé en chacun de nous. Oui, cette terre est belle et magnifique à bien des égards, mais elle révèle aussi ses drames et ses douleurs parce qu’elle n’est pas « notre demeure définitive » dont Jésus parle et qu’il annonce. Ce qui me frappe dans les échanges de la mission, c’est ce constat qui s’exprime parfois : « la vie est courte » « la vie passe vite », « ce que ce que nous construisons se révèle souvent relatif et temporaire »…et pourtant ce que nous faisons a vocation à « « annoncer le Royaume qui vient ». Comment discerner alors ce qui « ne fait que passer » et « ce qui demeure » ? Le Concile Vatican II a repris l’invitation à « lire les signes des temps », à interpréter, à lire l’action de Dieu qui travaille ce monde et veut le conduire au-delà de l’histoire. Dans un monde en proie aux violences et aux guerres, à la consommation excessive, aux injustices les plus tranchés, et qui se veut libre de toutes contingences…comment lire les signes de Dieu ? Jésus nous a averti ; « Prenez garde, ne vous laissez pas égarer et face aux guerres et aux désordres, ne soyez pas terrifiés ». C’est ce qu’on appelle le discernement. Le propre d’une personne construite dans sa Foi est de ne pas se laisser abuser par le premier prophète venu, de rester prudent face à la personne qui dit « c’est moi » alors que les disciples de Jésus disent « c’est lui », prudence face à ceux qui n’annoncent que la peur ou l’enfermement ! Jésus n’a cessé de dire : « N’ayez pas peur », une spiritualité de « veilleurs ». Père Michel Pagès, recteur