Père Michel Pagès | 2 février 2024
« Urgence », c'est le mot qui s'est imposé à moi en méditant cet évangile (Marc 1, 29-39). Les mots parlent ; « aussitôt », « se pressait », « bien avant l'aube », « allons ailleurs ». La mission de Jésus paraît se vivre dans une forme d'urgence et pourtant ! Avez-vous noté la même urgence à « se retirer dans un endroit désert pour prier » ? Jésus va de l'urgence du monde et ses nombreux défis…à l'urgence à prendre du recul, à s'extraire, à se nourrir de son intimité à son Père du ciel pour tout lui confier. Comment ne pas nous sentir interpellés ? Chacun le sait à sa façon, quelle que soit sa vie ou son âge, il y a des défis à gérer sa vie, des obligations, des priorités, et un ressourcement nécessaire ! Notre société ne cesse de parler de « crise » et les illustrations de l'actualité ne manquent pas pour dire « la crise »… Mais enfin, si l'on parle de crise, c'est qu'il y a urgence ! En médecine, « la crise » est ce moment crucial où, dans le développement de la maladie, tout est encore possible…Voilà comment Jésus semble se situer ; tout est encore possible ! Il veut rejoindre, aller plus loin, « sortir », pour restaurer, panser, guérir, faire miséricorde, renouveler l'homme qu'il croise. L'Evangile précise qu'ils sont nombreux « ceux qui se pressent pour venir à lui ». N'avons-nous pas tant de situations urgentes et de défis à lui confier ? N'avons-nous pas à lui dire ce qui nous accable, nos liens, nos familles, ce monde troublé, fragile, violent ? Méditez le geste de Jésus à l'égard de la belle-mère de Simon, alitée : Jésus « la saisit par la main et la fit lever ». N'est-ce pas cela dont nous avons besoin et qui nous est promis : « être saisi par la main pour être relevé » ? N'est-ce pas cela l'urgence du Royaume et l'urgence de l'Evangile : être rétabli en dignité, en force et en espérance ? Jésus est cette main qui sauve, mais il a voulu avoir besoin de nos mains, celles de son Eglise et chacun dans son Eglise ! Alors, quand la fièvre, la tentation, le repli, la peur, la tristesse, le découragement, le péché nous saisit, pensons à cette « main tendue » et laissons-nous relever, dans ce mystérieux équilibre entre notre vie concrète et notre vie spirituelle…Quand mon ministère était celui de l'hôpital, et que la nuit il fallait répondre aux situations les plus lourdes, des enfants ou des accidents graves, je n'avais qu'un recours, après l'urgence, celui d'entrer dans la chapelle où seul le tabernacle était éclairé pour déposer et quémander force et soutien…Ma joie était parfois d'y croiser un soignant qui, lui aussi, confiait…Oui, il y a urgence à guérir et à prier… Père Michel Pagès, recteur du Sanctuaire