Père Michel Pagès | 1 mai 2025
Laissons-nous guider et éclairer par les évangiles du Temps Pascal…Saint Jean aime évoquer le beau lieu de Tibériade, sa mer et la terre de Galilée parce que c'est là que les apôtres ont été appelés, là où ils ont cheminé, là où Jésus ressuscité leur apparaît encore. (Jean 21, 1-19). Comme s'il ne fallait jamais oublier, en nos histoires, là où tout a commencé, là où nous avons été appelés, d'une façon ou d'une autre ? C'est pourtant en ces « lieux habituels » que les apôtres s'essaient à leur premier métier de pêcheurs, sans que le résultat soit probant : « ils ne prirent rien ». C'est donc là qu'ils vont être invités à « jeter à nouveau les filets ». Comme si la compétence ne faisait pas automatiquement la mission mais la confiance ! Au long des siècles, on aime à voir dans « la barque et le filet » l'image de l'Eglise de Jésus ; « la barque » de l'océan des hommes et du monde, « le filet » de ce qui doit rassembler et non désunir, « le poisson » signe de reconnaissance des disciples du Nom de Jésus et d'abondance à venir. Et ce « partage du pain et du poisson » qui, s'il n'est pas l'Eucharistie, ne manque pas d'y renvoyer. Comme si tout repas avait un goût du royaume qui vient, de sa réalité, de son partage et de sa fécondité ? Et c'est sur ce signe que Jésus appelle Pierre à la fidélité, à l'attachement « M'aimes-tu, M'aimes-tu plus que ceux-ci ? ». Jésus connaît ceux qu'il appelle. Il nous connait chacun, avec nos capacités d'attachement sincère mais aussi de limites. Pierre vit mal cette insistance de Jésus. Il est touché jusque dans sa faiblesse, ses limites, son manque de foi, de fidélité et de courage. Comme il peut en être de même pour nous. La tradition se plait à reconnaitre dans cette triple insistance, le rappel du triple reniement toujours possible. Vous êtes-vous demandé pourquoi la Liturgie avait du sens et du goût ? Justement parce qu'elle répète, renouvelle, redit les mots, les gestes et les grâces, pour les enraciner en nous et les féconder.. La dernière formule de l'évangile de Jean évoque ces mots « Quand tu seras vieux ». Comme ce moment, qui arrive toujours, où, dans la vie, on a besoin des autres et que ce n'est pas facile. Mais n'oublions pas d'abord, le « suis-moi » ! Il a vocation à aller profond dans la marche de nos vies. Il touche tout ce qui fait la vie avec ses limites et les grâces à venir y compris le poids des ans, l'usure des ans. Essayons-nous à durer et à faire confiance… avec Jésus le ressuscité, le vivant …Père Michel Pagès, recteur du Sanctuaire