Père Michel Pagès | 9 avril 2023
A proclamer ces mots, au cœur du mystère de Pâques que nous célébrons, je me revois à Jérusalem, avant la période du covid, avec les directeurs de pèlerinages et les aumôniers nationaux, concélébrant au Saint Sépulcre, au tombeau de Jésus, lieu même de sa résurrection…Le prêtre qui nous guidait, me demanda de proclamer, en ce lieu, cet évangile que nous lisons aujourd’hui (Jean 20, 1-9). J’ai été habité d’une émotion de foi en proclamant ces mots de l'Évangile proclamé en ce jour de Pâques ; « il vit et il crut ». Il me suffisait de lever la tête pour voir « la pierre où Jésus reposa et d’où il se releva d’entre les morts ». Je pense souvent à ce moment de grâce et je me souviens de mon ressenti profond ; « si je suis prêtre aujourd’hui, c’est « à cause de lui » et « pour sa cause », en écho aux paroles du Livre des Actes des Apôtres, dans la bouche du consul romain « C’est à cause d’un certain Jésus, que Pilate fit mettre à mort et dont Paul prétend qu’il est vivant » (Actes 25, 19). Oui, je parle de « l’expérience pascale » qui a vocation à concerner chaque chrétien. Je parle de « cette mystérieuse transformation » du cœur et de l’âme qui « rend capable » d’un autre projet que le sien, « par les yeux du cœur » qui devinent « autre chose ». Benoit XVI parlait de « l’expérience Pascale » comme « d’une explosion d’amour, d’une nouvelle dimension de l’être qui l’imprègne et le transforme en le rendant capable de changer et de changer le monde ». Le Pape François dit à sa façon : « Nous vivons, chacun, quelque chose de la résurrection du Christ quand sa lumière illumine nos chemins de vie, et même les moments noirs de notre existence. Quand nous pouvons rire avec ceux qui rient et pleurer avec ceux qui pleurent et que, par notre attitude, notre vie, notre témoignage nous disons et illustrons, avec notre âme : Jésus est ressuscité, il est vivant »…On peut, à ce propos, se souvenir de « la course », de l’empressement, que le texte évangélique évoque, comme cette « quête humaine, personnelle et sociétale qui révèle un désarroi intérieur » qui n’échappe à personne. Ni Pierre, ni Jean, ni Marie Madeleine n’ont accédé à l’évènement de la Résurrection, à la vie « selon le mystère du ressuscité », sans être passé par des moments de confusion, d’incertitude ou d’impatience…pour goûter, enfin, « cette autre vie » qui commence déjà, mystérieusement, en ce monde. C’est alors que « le tombeau vide » prend tout son sens. Jésus n’est plus « parmi les morts » mais « il est transformé » comme nous avons vocation à l’être, malgré les ombres de ce temps…