Homélie du Jeudi de l'Ascension 2024

Mgr Georges Pontier |  8 mai 2024

L'Incarnation du Fils bien Aimé a commencé dans la pauvreté de l'étable et le silence de la nuit de Bethléem. Elle s'achève dans l'envoi en mission de ses disciples et la séparation sensible du Fils bien aimé. Il avait pris chair en notre humanité. Il revient auprès du Père, premier-né d'une multitude de frères, tête du corps de l'humanité rétablie dans sa dignité d'enfants de Dieu. En Lui, par Lui, avec Lui s'accomplit le projet du Père : se donner une multitude de fils, vivant dans la communion de la vie divine. Telle est notre lumière, celle qui éclaire notre destinée humaine. Telle est la flamme de l'amour de Dieu.

La flamme olympique est arrivée dans notre pays, prélude des jeux à venir, symbole d'un monde de frères dans lequel on ne se détruit pas mais dans lequel on se respecte, on s'affronte avec le respect fraternel et la joie de la fête. Cette air de fête va nourrir notre imaginaire et éclairer nos vies quotidiennes parfois si obscures et si peu fraternelles. Nous rêvons d'un monde de paix, de fraternité. Hier nous commémorions la fin de la guerre de 39 à 45. Nous fêtions qu'un chemin de paix et de fraternité est toujours possible même entre peuples qui se sont affrontés. Il y a fallu le courage et la lumière intérieure qui poussent à emprunter d'autres chemins que celui des nationalismes étroits. Des chefs d'état l'ont alors compris donnant naissance à cet extraordinaire mouvement de paix entre les peuples de notre vieux continent. On en connait la grande richesse, on en sait la fragilité. Elle est entre nos mains et nos choix.

Et voilà que nous fêtons l'Ascension du Seigneur et la victoire de la fidélité de Dieu obtenue par l'humilité et la constance de son amour. Il s'est fait homme pour qu'enfin un cœur d'homme reconnaisse et s'assoie à la droite du Père. Nous en savons toute la puissance d'espérance que nous donne cette Bonne Nouvelle. Nous en savons aussi la fragilité : se savoir fils de Dieu et frères les uns des autres ne suffit pas encore pour que cela devienne une réalité acquise dans nos cœurs et entre nous. Il y faut toujours cette alliance entre les deux amours : celui de Dieu pour nous qui est acquis de toujours à toujours et celui des hommes pour Dieu et entre eux, toujours fragile. Un homme nous a montré le chemin : Jésus de Nazareth, vrai Dieu et vrai homme. En Lui l'amour et la fraternité, la confiance et la charité n'ont pas flanché. Il est assis à la droite du Père.

A nous d'être témoins de sa victoire : « Allez dans le monde entier. Proclamez l'Evangile à toute la création » et Marc ajoute : « Quant à eux, ils s'en allèrent proclamer partout l'Evangile. Le Seigneur travaillait avec eux et confirmait la Parole par les signes qui l'accompagnaient. » Et ainsi se poursuit dans notre histoire humaine, cette alliance entre la fidélité de Dieu et l'engagement de ceux et celles qui ont reconnu et accueilli sa lumière de vie et s'efforcent d'en être les témoins.

Les Béatitudes nous indiquent le chemin à suivre. St Paul le fait à sa manière dans la lettre aux Ephésiens que nous entendions dans la lecture : « Je vous exhorte donc à vous conduire d'une manière digne de votre vocation : ayez beaucoup d'humilité, de douceur et de patience, supportez-vous les uns les autres avec amour ; ayez soin de garder l'unité dans l'Esprit par le lien de la paix. »

« A chacun d'entre nous, la grâce a été donnée selon la mesure du don fait par le Christ. » Soyons les disciples heureux et engagés de Celui qui a vaincu la haine par le pardon et qui a triomphé de toute forme de mort. Avec Lui, en Lui et par Lui chantons l'amour infini du Dieu de la vie et de l'amour, chantons sa miséricorde. Vivons à la lumière de la flamme de Pâques et au Souffle de l'Esprit de Pentecôte. Vivons en enfants de Lumière !

Mgr Georges Pontier