Homélie du Dimanche 8 Octobre 2023

Mgr Georges Pontier |  8 octobre 2023

La parabole que nous venons d'entendre peut-être lue d'abord en pensant au moment où elle a été dite par Jésus aux grands prêtres et aux anciens du peuple. C'était avant son arrestation, sa mort et sa résurrection. Elle résonnait alors comme une prophétie : Jésus révèle ce qui est en train de se jouer. Dieu envoie son Fils bien aimé, l'héritier, pour recueillir les fruits de la vigne confiée aux serviteurs en attendant le temps de son retour. Le Père se dit : « Ils respecteront mon fils. » Et voilà que grands prêtres et anciens vont se comporter comme leurs prédécesseurs qui ont tué les envoyés du maître, les prophètes, au lieu de les écouter et de se convertir. Pire, ils vont tuer l'héritier, Ils vont tuer le Fils pour s'approprier l'héritage ! Voilà ce que vous êtes en train de faire, leur dit Jésus. Il va vous arriver ce que vous-mêmes, vous avez dit : « Ces misérables, Il les fera périr misérablement. Il louera la vigne à d'autres vignerons, qui lui en remettront le produit en temps voulu. »

On peut aussi la lire en pensant au moment où l'évangéliste la propose à ses interlocuteurs, les premiers chrétiens. Elle devient alors pour eux une parole de compréhension de ce qui vient de se passer avec la mort et la résurrection de Jésus de Nazareth, avec la destruction du temple et la chute de Jérusalem dans les années 70. Oui le Maître du domaine n'abandonne pas sa vigne. Il y tient et ne la laisse pas aux mains de vignerons homicides. C'est bien le Fils qui vient d'être tué. Mais sa résurrection suivie du don de l'Esprit Saint à Pentecôte est le début d'une nouvelle aventure où le Père sauve sa vigne. Il la remet entre les mains de nouveaux vignerons, disciples du Ressuscité, guidés par l'Esprit de Pentecôte. Nait la nouvelle communauté par laquelle Dieu poursuit son œuvre de salut en faveur de tous.

On peut la relire enfin en pensant à nous qui la lisons aujourd'hui dans le contexte qui est le nôtre. Nous sommes les baptisés d'aujourd'hui. Faire porter du fruit à la vigne qui nous a été confiée est notre mission. Le Père s'occupe toujours de sa vigne. Il en attend de bons fruits. Il sait à toute époque, si c'est nécessaire, la confier à de nouveaux vignerons qui lui feront porter le fruit qu'il en attend. Il a tant fait pour elle. Il a tout fait. Il a créé par amour. Il a donné tout ce qu'il fallait pour qu'elle porte son fruit. Il a envoyé son Fils bien-aimé pour la sauver. Son Esprit d'amour est à l'œuvre. La vie triomphe toujours. Il ne laisse pas les maladies corrompre le cœur de ses vignerons.

Nous voilà invités à regarder les vignerons que nous sommes. Nous sommes remis devant notre mission, d'hommes et de croyants. La parole de Dieu est là pour nous aider. Les sacrements aussi. Le chemin de la fraternité nous a été désigné comme celui des fruits les meilleurs. Notre Église nous y accompagne. Notre archevêque vient de nous écrire une lettre pastorale, intitulée : « L'Église de Toulouse, Famille de Dieu envoyée en mission ». Le Pape François poursuit aussi la sienne. A Rome se tient pendant ce mois d'octobre la première session du Synode. Il vient de publier une lettre développant ce qu'il avait déjà amorcé dans « laudato si » au sujet de la responsabilité de notre génération par rapport au respect de la création. Dans la lettre apostolique : « Tous frères, Fratelli tutti » il nous a montré le chemin du respect de tout être humain comme chemin de vie.

Voilà notre belle mission de baptisés ! Nous travaillons à la vigne du Seigneur. Nous le croyons : « la pierre qu'ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d'angle : c'est là l'œuvre du Seigneur, la merveille devant nos yeux ! » Dieu n'abandonne pas sa vigne ! Il y tient ! Il l'a tant aimé qu'il a donné son Fils, son unique non pas pour condamner mais pour sauver. Il est la pierre de fondation.  Aimons ce monde que Dieu aime. Contribuons à lui faire porter de bons fruits, des fruits de fraternité et de confiance totale en Lui.