Homélie du Dimanche 8 Janvier 2023

Mgr Georges Pontier |  8 janvier 2023

Les Mages auraient pu chanter comme nous tout à l'heure : « Lumière des hommes, nous marchons vers toi, Jésus-Christ tu nous sauveras ». Ce chant rejoint bien le sens de cette fête de l'épiphanie et ce dévoilement progressif du mystère de l'Incarnation que la liturgie déploie depuis la fête de Noël et même depuis le temps de l'Avent. Qui est Dieu ? Qui est cet enfant, né de la Vierge Marie, fruit de l'Esprit-Saint ? Né dans une mangeoire, cherché par des Mages, roi des juifs, couronné d'épines sur une croix, ressuscité le troisième jour, reconnu par Marie Madeleine, par les disciples d'Emmaüs, par ses apôtres, par Saul sur le chemin de Damas ? Qui est cet enfant dont la naissance trouble le roi Hérode et tout Jérusalem ? Qui est-il celui-ci,  si vulnérable entre les mains des hommes et si puissant dans le cœur de ceux qui le cherchent, le reconnaissent, l'accueillent, se laissent guider par sa lumière ? Lui qui proclamera « Je suis la lumière du monde ? » Oui, qui est-il ?

Cette fête de l'épiphanie ajoute à la joie des bergers et au chant des anges de la nuit de Noël, l'hommage respectueux et confiant de ces sages à la lente recherche de la vérité de la vie, de son sens, de sa lumière décisive. Par leur démarche intrusive, ils viennent troubler le confort de ceux qui à Jérusalem assiégé par le romain, sont sûrs de leur savoir et de leur pouvoir, ceux qui ne cherchent plus, ceux qui croient avoir trouvé. Ils viennent comme des insatiables chercheurs, habités par leur connaissance des sciences des astres, mais nullement enfermés dans des certitudes orgueilleuses et suffisantes. Ces mages sont à la fois, les représentants de ce que tout être humain est finalement : un chercheur, un chercheur de sens, un chercheur de bonheur, un chercheur de Dieu, et ils sont en même temps les contemplatifs satisfaits et confiants d'avoir été conduits jusqu'à cet enfant qui vient de naître dans une fragilité qui leur dit seulement que Dieu n'est pas dans la domination, ni pas davantage, le sens de la vie, ni le bonheur de l'homme. Et l'or, l'encens et la myrrhe qu'ils déposent à ses pieds ne sont là que les symboles d'une lumière inattendue en train de s'allumer : le roi des hommes, le Dieu encensé de l'univers ira jusqu'au don de sa vie, couronné d'épines, pour le salut des hommes. La myrrhe embaumera son corps. Il traversera la mort et ouvrira les portes d'une vie nouvelle, à la lumière éclatante qui comblera de bonheur les chercheurs de Dieu que nous sommes tous, à leur suite.

Oui, frères et Sœurs, comme l'écrivit l'apôtre Jean dans sa lettre : « Il est grand l'amour dont le Père nous a aimés : il a voulu que nous soyons appelés enfants de Dieu et vraiment nous le sommes » Et pour cela : Il a donné celui qui en Dieu est le fils bien aimé pour en faire le frère universel, celui qui comme écrit Paul aux Ephésiens : « révèle que toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l'annonce de l'Evangile ».

Puisons dans cette fête de l'Epiphanie la lumière qui permet de regarder tout homme comme un frère appelé à la même espérance. Puisons, en elle, le refus de s'opposer, de dominer, de s'imposer. Comme ce Jésus né dans une mangeoire, offert en nourriture de vie, de pardon, de solidarité, de fraternité, attentif aux pauvres, proche des malades, comme lui, empruntons le chemin des artisans de paix, des doux et humbles de cœur, des miséricordieux, des cœurs purs. Comme les Mages, que notre rencontre du Christ nous fasse repartir autrement : renouvelés, fortifiés, illuminés par notre foi en Celui qui à Noël nous annonce que tout homme est fils de Dieu et que tout homme est mon frère.

Ainsi pourrons-nous chanter en vérité : « Lumière des hommes, nous marchons vers toi, Jésus-Christ, Tu nous sauveras. »