Mgr Georges Pontier | 7 janvier 2024
Au moment où se sont figées les traditions chrétiennes avec leurs repères datés, le monde connu ne comportait que trois continents, l'Europe, l'Asie et l'Afrique. Alors le récit de la visite de Mages à Bethléem s'est naturellement transformé en visite de trois rois mages représentant l'univers connu, un blanc, un noir et un jaune, Melchior, Balthazar et Gaspard. L'évangile que nous venons d'entendre ne nous parlait que de Mages venus d'Orient, sans en préciser le nombre ou les noms, sans en faire des rois ! Mais la tradition sait résister et les pâtissiers se font une joie de nous conforter dans ce beau moment du partage de la galette des rois en famille et entre amis ! La profondeur du message ou devrait nous permettre de mettre désormais 5 rois mages autour de la crèche même si les mages ne sont pas allés à la crèche mais à la maison de Bethléem où ils se prosternèrent devant l'enfant et Marie, sa mère.
Entrons plus avant dans le message de la fête de l'Epiphanie, de la manifestation du Sauveur de l'humanité. Cette fête, en reprenant le passage de l'évangile de St Matthieu termine les chapitres consacrés à la naissance de Jésus. Après le récit de sa naissance à Bethléem dans l'humble pauvreté de la mangeoire, la visite des bergers et le chant des anges, voici la visite de Mages venus d'Orient à la recherche du lieu où se trouvait « le roi des juifs qui vient de naître et dont ils avaient vu l'étoile se lever à l'Orient » Ils viennent se prosterner devant lui et accueillir dans leur esprit et dans leur cœur la lumière qu'ils avaient perçu dans leur intelligence en éveil et en recherche. L'évangéliste Matthieu va retrouver dans les récits des prophètes et en Isaïe en particulier, l'annonce de cette venue des peuples en marche vers Jérusalem pour y trouver la lumière qui brille dans les ténèbres. Et l'apôtre Paul dans la deuxième lecture résumait en des mots choisis le message : « Ce mystère, révélé à Noël, c'est que toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus par l'annonce de l'Evangile.
Ceux qui sont éclairés par la lumière du Christ comprennent avec émerveillement qu'il n'y a qu'un seul Dieu, source de toute vie, amoureux de toutes ses créatures et qui vient révéler son visage sauveur. Il est le Dieu Père qui rassemble sa famille dans une œuvre de salut jusqu'à la fin des temps où enfin resplendira son projet de vie : se donner des fils et en faire des frères et des sœurs entre eux. Plus de haine, plus de désespoir, plus de guerres, mais une paix des cœurs et des esprits, une fraternité vécue dans un même corps spirituel, celui du Ressuscité pour une vie nouvelle.
Et cette œuvre est l'œuvre du salut accompli par cet enfant de la crèche qui suscite indifférence exclusion, rejet, peur des grands de ce monde, peurs pour les Hérode de toute époque. A la crèche comme dans la maison de Bethléem l'ombre de la croix se laisse entrevoir : « il n'y avait pas de place pour eux dans la salle commune » Et à Jérusalem, Hérode et toute la ville prennent peur obligeant l'enfant à s'enfuir en Egypte et les mages à retourner chez eux par un autre chemin, eux qui avait déjà ajouté à l'or et l'encens, la myrrhe servant à embaumer les corps endormis dans la mort.
Oui décidément et jusqu'à la fin des temps, la lumière doit affronter les ténèbres ! Et les disciples du Christ que nous sommes devons prendre notre part dans l'annonce de cette Bonne Nouvelle : Il est venu celui qui libère les cœurs de toute peur, celui qui triomphe du péché de l'orgueil, de la domination, du désespoir, de la mort. Il est venu, lumière qui éclaire tout homme qui se tourne vers lui. « Vivons en enfants de lumière, Sur des chemins où l'Esprit nous conduit : Que vive en nous, le nom du Père ! »
Oui, Dieu a tant aimé le monde qu'Il a donné son Fils, son Unique, pour que tout homme qui croit en Lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle. Car Dieu n'a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde mais pour que le monde soit sauvé par Lui. » Prosternons-nous devant Lui comme les Mages, offrons-lui l'hommage de nos cœurs et soyons ses disciples aujourd'hui. Mgr Georges Pontier