Mgr Georges Pontier | 9 avril 2024
Huit jours après la fête de Pâques, depuis 2001, nous célébrons le Dimanche de la Miséricorde divine. C'est le Pape Jean-Paul 2 qui l'a institué, étendant à l'Eglise universelle ce qui existait déjà en Pologne sous l'heureuse influence de Sœur Faustine.
Ce dimanche accompagne notre entrée dans la foi en Jésus-Christ, Fils de Dieu fait homme, pour nous sauver du péché et de la mort spirituelle. La Foi, c'est la béatitude mise dans la bouche de Jésus face à Thomas, « Heureux ceux qui croient sans avoir vu ». Nous venons de l'entendre. Voir, demander des preuves à Dieu et toujours de nouvelles preuves, ne conduit pas à la foi. La preuve de la miséricorde de Dieu, la véritable, a été donnée sur la croix du Fils bien-aimé : « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu'ils font. » Le Fils de Dieu fait homme accomplit là sa mission de salut, sa mission de sauver le visage d'amour de Dieu, son infinie miséricorde, et sa mission de restaurer l'homme dans sa vérité de fils de Dieu et de frère universel. Et cela est l'œuvre de Dieu, de son Esprit d'amour, de miséricorde. Dieu se révèle comme un abime de miséricorde ou une source intarissable de miséricorde. Ils en savent quelque chose les disciples de Jésus et Pierre en premier. Au pied de la croix, ils ne sont pas nombreux : on ne voit avec Marie que Jean, le disciple bien-aimé, celui qui le premier croira en la puissance d'amour de Dieu avant même de vivre la rencontre avec le Ressuscité. Il comprend que la croix n'est pas le signe de l'abandon de Dieu, de son échec ou de sa non existence, mais bien de sa victoire : rien ne peut échapper à sa miséricorde. Seule sa miséricorde permet de trouver la paix dans ce monde marqué par le péché, le mensonge, la violence et le spectre de la mort.
Oui, seule la miséricorde peut triompher de tout, car elle est une source, une source intarissable, car elle se donne et se renouvelle chaque matin. Dieu nous révèle qu'Il est cette source à jamais abondante, à jamais source de vie nouvelle. Les larmes de Pierre en sont le fruit. Nos larmes sont plus fécondes que nos éclats de voix ou nos menaces de vengeance. Elles puisent à cette source de bonté.
Des exemples profonds nous en sont donnés dans la vie du monde comme dans nos vies personnelles. Je pense à la réconciliation en Europe après la seconde guerre mondiale, menée à bien par des responsables politiques inspirés par leur foi chrétienne. Je pense aux œuvres de paix menées par le pasteur Martin Luther King aux Etats Unis, par le mahatma Gandhi en Inde ou par Nelson Mandela en Afrique du Sud. Mais je pense aussi à ces réconciliations dans nos vies personnelles, familiales, à ces combats spirituels pour que l'amour ne meure pas, pour que la miséricorde redonne vie à nos divisions douloureuses, pour que le pardon remplace les mirages de la vengeance ou de l'orgueil.
Le Christ ressuscité aborde ses amis avec le souhait de Pâques qui est le fruit de sa miséricorde sur la croix : « la paix soit avec vous », cette paix intérieure, cette paix du cœur, cette paix qui surgit en nous quand la haine, l'orgueil, le désir de vengeance ou d'avoir raison sont vaincus par la puissance de l'amour, la seule qui existe en Dieu. C'est celle-là qu'il est venu révéler. C'est celle-là que nous fêtons aujourd'hui, celle qui ouvre le chemin de la vie. Et Thomas l'apôtre avait encouragé ses amis à suivre Jésus chez Lazare : « Allons, nous aussi, et nous mourrons avec lui. » Et encore, ce même Thomas que nous retrouvons aujourd'hui avec ces fragilités mais aussi la beauté de sa foi, avait dit à Jésus qui affirmait « Quant au lieu où je vais, vous en savez le chemin », « Seigneur nous ne savons même pas où tu vas, comment pourrions-nous en connaître le chemin » et Jésus de lui répondre : « Je suis le chemin, la vérité et la vie. » Le voilà le chemin de vie éternelle : le chemin de la miséricorde, de l'amour jusqu'au bout, de l'amour toujours. L'amour ne passera jamais, l'amour sera vainqueur, celui qui vient de Dieu, celui qui est Dieu. Car rien n'est impossible à Dieu puisqu'il se donne ! Il a tout donné. Il est amour et miséricorde. Mgr Georges Pontier