Homélie du Dimanche 6 Avril 2025

Mgr Georges Pontier |  6 avril 2025

« Moi non plus, je ne te condamne pas. Va et désormais ne pèche plus. » Voilà la Bonne Nouvelle du salut, la Bonne Nouvelle du pardon, du pardon de Dieu pour l'humanité, du pardon entre nous. La bonne nouvelle du pardon ne rend pas insensé. Elle transforme et pousse à repartir autrement dans nos vies. Les scribes et les pharisiens sont venus pour entendre une parole de condamnation, une parole de lapidation, une parole de mise à mort. Il y avait bien longtemps qu'ils essayaient de mettre Jésus en contradiction avec la loi de Moïse. Leur intention était de tendre un piège dans lequel Jésus tomberait. La femme ne les intéresse pas. Elle est seulement utile pour le piège qu'elle permet. Et les voilà joyeux de tenir enfin ce piège : ou il ne la condamne pas et il trahit la loi de Moïse ; ou bien il la condamne et renie tout ce qu'il a vécu dans sa proximité avec les pécheurs, sa bienveillance, sa bonté à tout révolutionner. Jésus se tait, se baisse, écrit sur le sable. Ils insistent. Alors il les invite d'une drôle de manière à appliquer la Loi qu'ils défendent : « Que celui qui est sans péché lui jette la première pierre. » Et les voilà remis devant leur propre conscience. Ils se connaissent entre eux et il les connaît ! Ils s'en vont en commençant par les plus âgés. Tous, tous. Les voilà vrais pour une fois ! lucides peut-être, peureux certainement, pantois !

Et la femme est là, désormais seule, avec Jésus : « Femme, où sont-ils donc ? Personne ne t'a condamnée ? » Elle répondit : Personne, Seigneur. » « Moi non plus je ne te condamne pas. Va et désormais ne pèche plus. » Le pardon ne gomme rien. Le passé est le passé. Il ouvre un avenir, un possible, un changement, un renouveau, un nouveau départ, une nouvelle naissance. Le pardon, c'est la manière de Dieu de reconstruire ce que nous cassons de son désir, de son projet. Fils et frère, il nous veut. Fils et frère Il s'est fait à notre égard en se faisant homme. Vrai fils et vrai frère.

Paul en sait quelque chose : Sur le chemin de Damas. Il partait arrêter les disciples de Jésus pour les conduire à la mort. Voilà qu'une lumière le saisit : « Saul, Saul pourquoi me persécutes-tu ?  Qui es-tu Seigneur ? Je suis Jésus que tu persécutes » Bouleversé, Paul ! Pas habitué au pardon. Ananie qu'il venait arrêter vient et lui dit : « Saul, mon frère ! » Le monde à l'envers ! L'eau du baptême coulera sur son front. Alors, plus tard il écrit aux Philippiens : « tous les avantages que j'avais autrefois, je les considère comme une perte à cause de ce bien qui dépasse tout : la connaissance du Christ Jésus, mon Seigneur. » Nous l'avons entendu dans la lecture.

Chers frères et Sœurs, voilà que nous entrons dans cette quinzaine de la passion de Jésus. Nous nous préparons à le suivre sur le chemin de l'immense pardon. « Qui me voit, voit le Père ! » Son amour jusqu'au bout est celui du Père. Laissons-nous toucher par un tel amour. Laissons-nous accueillir par ce Père dont la soif profonde est de faire renaitre des cœurs de fils et de frères en aimant jusqu'au bout. Il nous montre ainsi le chemin. L'avenir n'est possible qu'en passant par le pardon, par les bras ouverts et non les mains pleines de pierre à jeter sur les autres ! Pensez à ces exemples de pardon qui ont pu ouvrir des chemins nouveaux dans vos vies de famille, de voisinage, de connaissances. Long chemin parfois, souvent ! Chaque année en détention, on baptise l'un, on confirme un autre ! l'Eglise, servante de la vie nouvelle, du renouveau, d'une nouvelle naissance. Et de nombreux catéchumènes se préparent au baptême pour Pâques.

Regardons-nous les uns les autres avec respect et joie : nous sommes frères, nous avons le même Père. En Lui, il n'y a qu'Amour. C'est la révolution de l'amour ! C'est Pâques qui approche ! Mgr Georges Pontier