Une église-sanctuaire au cœur de Toulouse

Sanctuaire Saint-Jérôme L'adoration perpétuelle au cœur de Toulouse

Homélie du Dimanche 5 Octobre 2025

Mgr Georges Pontier |  5 octobre 2025

Le langage de Jésus nous déroute parfois par ces images d'une autre époque et d'une autre culture utilisées pour transmettre son enseignement. Ainsi cet arbre qui irait se planter dans la mer à l'appel d'une parole de foi, grosse seulement comme une petite graine de moutarde ! L'évangéliste Matthieu dans le passage parallèle à celui-ci parle « d'une montagne » qui serait déplacée par une seule parole de foi. On comprend que Jésus parle de la puissance de la foi, de sa force dans nos vies. Elle est capable de déplacer des montagnes, de déraciner des arbres ! Alors il faut bien nous demander quelles sortes de montagne doivent être déplacées dans nos vies ou quels arbres doivent être déracinées par la foi en Christ !

Le prophète Habacuc dans la première lecture nous parlait de la montagne de la dégradation de la vie en société : « Devant moi, pillage et violence ; dispute et discorde se déchaînent ! » et cela entrainait le découragement, le désespoir. Dieu lui donne la vision d'un avenir de paix qui se profile et arrivera avec certitude. L'apôtre Paul écrit à son disciple Timothée pour l'encourager dans les épreuves de la première communauté chrétienne persécutée, comme lui-même l'était dans sa prison ! « Avec la force de Dieu, prends ta part des souffrances liées à l'annonce de l'Evangile. » Et Jésus dans le texte de Luc parlait juste avant de la montagne du pardon : « Si sept fois par jour ton frère commet une faute contre toi et que 7 fois de suite il revienne à toi en disant « je me repens », tu lui pardonneras. » C'est alors que les disciples disent à Jésus : « Augmente en nous la foi ! » Pour déplacer l'arbre de la vengeance, celui de l'orgueil, celui de la haine, il faut beaucoup de foi ! Pour continuer à espérer, à se battre pour la paix, la fidélité, il faut beaucoup de foi. Et Jésus de dire ; non, seulement une foi, grosse comme la graine de moutarde, suffit.

La semaine dernière passait à Toulouse le vicaire patriarcal de Jérusalem. Dans son témoignage il nous a parlé de cette foi qui anime les membres des communautés chrétiennes vivant dans cet interminable conflit sur la terre où a vécu Jésus. On pourrait penser également à Mère Teresa et à sa charité sans borne qui lui a permis de fonder sa communauté de Sœurs présentes dans les banlieues de Calcutta hier comme à Gaza aujourd'hui. Elle déplaçait la montagne de l'indifférence. Ou encore ces soignants engagés dans les soins palliatifs qui accompagnent la vie jusqu'au bout par des compétences médicales et des présences humaines fraternelles.

Et si l'on regarde Jésus, sa vie, sa passion, sa mort, nous voyons comment sa foi dans la fidélité de l'amour de son Père lui a permis de déplacer les montagnes de l'orgueil en prenant visage du condamné, celle de la haine en implorant le pardon pour l'humanité et encore celle de la mort en remettant son esprit entre les mains du Père qui la lui ferait traverser ! Les voilà bien ces montagnes et ces arbres à déraciner dans nos vies à cause de notre foi : celles de l'orgueil, de la haine, du désespoir, de la peur de la mort, de la violence, de l'injustice, de l'indifférence !

Chers frères et Sœurs, demeurons enracinés dans notre foi, elle est assez forte pour déraciner dans nos cœurs les pulsions les pires et restaurer en nous et dans notre monde les tentations de l'usage de la violence, du mépris des autres, de l'indifférence. La force de la foi peut seule nous permettre de traverser notre vie en demeurant des amis de la paix, des frères humains, des semeurs de graines de paix, de fraternité, d'espérance et d'amour. Ce n'est pas la mort qui aura le dernier mot, mais la vie.

Rendons grâce à Celui qui nous partage sa puissance d'aimer et d'espérer. Mgr Georges Pontier