Mgr Georges Pontier | 4 décembre 2022
D'où vient cette audace de Jésus de demander à ceux qui veulent devenir ses disciples de le préférer à toute personne, à toute autre chose, à tout bien, à tout autre point d'appui ? « Si quelqu'un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et sœurs, et même à sa propre vie, il ne peut être mon disciple. Et plus loin : Celui d'entre vous qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut pas être mon disciple. »
Son audace lui vient surement de celui qu'Il est, de ce qu'Il vit, de ce qu'Il va vivre, Lui qui monte à Jérusalem pour vivre sa vie comme un don, par amour du Père et des hommes, comme un pardon. Il est en Dieu, le Fils bien aimé qui s'est fait homme pour nous révéler le visage de Celui qui est à l'origine de toute vie, de Celui qui a tout créé, tout donné, et qui l'a accompli par amour, parce qu'Il est tout amour, parce qu'il n'est qu'amour. Oui Jésus avance vers Jérusalem en préférant sa fidélité, sa confiance au Père à toute autre chose, et même à sa propre vie : « Non pas ce que je veux, mais ce que tu veux. » « Que ta volonté soit faite » nous apprendra-t-il à prier.
Oui, il fait entrer ceux qui veulent devenir ses disciples dans l'étonnante révélation du visage de Dieu : Dieu est Amour, n'est qu'Amour, triomphe par l'amour. Et l'amour n'a pas d'autre chose à offrir que l'amour, avec sa fidélité, sa confiance, son absolu. Il n'aime pas tant que ceci ou cela va, il aime de toujours à toujours. En Jésus Il nous révèle à quel point Il nous aime, jusqu'au bout, et Il nous révèle que ce chemin va au-delà de tout échec, de toute croix, de toute épreuve : « Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul, mais s'il meurt il porte beaucoup de fruit. »
Ce Jésus qui apprend à ceux qui le suivent le chemin du disciple, apprend le chemin du Fils bien-aimé qui n'a rien de plus cher que le Père. Ce chemin nous est offert. Ce chemin nous est ouvert. Ce chemin est le chemin du salut, de la joie. Ce chemin est celui de l'amour de préférence ou de la préférence de l'amour en toute circonstance, de l'amour qui est prêt à renoncer à soi-même pour que vive l'amour et meure l'enfermement sur soi. Ou l'amour de l'autre est premier ou c'est l'amour de soi-même qui est premier. Et on sait où il conduit, aux impasses de nos fragilités. L'amour de Dieu mène à l'abandon à celui qui a le pouvoir de donner et de redonner la vie. Nous sommes faits pour Dieu.
D'une certaine manière, Jésus avait déjà révélé cela lorsqu'il répondait à la femme qui lui disait « Heureuse celle qui t'a porté et allaité », « Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui l'observent. » Il ne méprisait pas sa mère mais il en révélait sa grandeur, elle qui avait répondu à l'ange Gabriel le jour de l'annonciation : « Qu'Il me soit fait selon ta Parole. » Saint Augustin dira que Marie fut disciple avant que d'être mère. C'est en cela qu'elle est notre modèle, nous montrant le chemin du disciple qui porte sa croix dans la confiance en Celui-là seul qui n'est qu'amour et fidélité.
Rendons grâce au Christ qui nous ouvre le chemin du disciple, qui nous apprend le chemin de la confiance, de l'amour jusqu'au bout, celui qu'il nous propose d'incarner à sa suite et à sa manière durant notre vie. Nous qui sommes partis sur sa route, à sa suite, ne revenons pas en arrière. Demandons la grâce de continuer à vivre dans l'amour et la confiance, même aux moments où il faut porter la croix. L'Eucharistie nous rappelle la fécondité du chemin et l'œuvre de l'Esprit d'amour répandu dans nos cœurs, Esprit de lumière, de force et de vie.