Homélie du Dimanche 4 Mai 2025

Mgr Georges Pontier |  4 mai 2025

Il n'est pas difficile d'imaginer combien la lecture de l'Evangile de ce jour par les Cardinaux, prêts à entrer dans le temps du conclave, les rejoint personnellement et dans la mission qui est la leur, celle d'élire le prochain Pape. Cela résonne en nous également et nous rappelle opportunément que l'appel du Christ à le suivre est précédé par la question fondamentale : « M'aimes-tu vraiment plus que ceux-ci ? M'aimes-tu vraiment ? M'aimes-tu ? » Cela nous entraine loin des ambitions personnelles ou des pronostics humains que nous assènent les moyens de communications ou nos supputations personnelles. Nous voudrions un Pape comme nous.  Les cardinaux, pour leur part, sont renvoyés non pas à un plan de carrière mais à leur amour du Christ.

Cette scène d'évangile nous montre une fois encore le Ressuscité venir à la rencontre de ses disciples désemparés. Ils ont repris leur métier de pécheurs et les voilà confrontés à une pêche infructueuse, comme au tout début de leur rencontre de Jésus de Nazareth où ils avaient entendu leur premier « Suis-moi. » Les années ont passé. Les événements se sont succédés, les faisant passer de l'enthousiasme à la désolation. Et malgré les rencontres du Ressuscité, ils sont encore peu assurés dans leur foi. Et Jésus les rejoint. Le désir de Dieu est toujours de nous rejoindre. Son désir est que nous le reconnaissions comme Celui qui vient toujours vers nous pour nous relever, nous sauver, pour nous révéler son amour.

Retenons encore que Jésus revient vers eux de la manière qu'Il nous a laissé, par le signe du repas partagé. Il a préparé sur la plage le pain et le poisson. Nous n'avons pas de mal à y reconnaître son repas avec les disciples d'Emmaüs ou avec ses apôtres, ce sacrement que nous célébrons en ce moment. Là, nous est donné jusqu'à la fin des temps le sacrement de sa présence au milieu de nous : nous faisons mémoire de son dernier repas avec ses disciples qui annonçait l'offrande de son corps et de son sang pour le salut du monde : cet appel à la communion, au pardon, au don de sa vie et non à l'écrasement comme Il va le subir mais en triompher, cet appel à la confiance au Père.

Le dialogue avec Pierre rejoint bien sûr sa mission propre comme premier des apôtres mais il éclaire également notre propre acte de foi. « Crois-tu ? » est toujours accompagné d'un « m'aimes-tu ? ». La foi s'enracine et se déploie dans un acte d'amour. Il ne s'agit pas d'une idéologie inventée ou pire imposée, mais d'un amour reconnu, reçu, auquel on donne une réponse d'amour, c'est-à-dire une confiance, un engagement, une joie, un abandon. Notre foi chrétienne nous entraine dans une relation personnelle avec quelqu'un et non pas seulement dans des idées, des explications ou des raisonnements. La foi chrétienne nous conduit à emprunter le chemin qu'a ouvert Celui en qui nous croyons. « Moi, je suis le chemin, la vérité et la vie. » Nous donnons notre foi à Celui qui nous dit cela et nous mettons nos pas dans les siens, sûrs de son amour premier, son amour qui engendre le nôtre. Nous marchons dans la vie à sa manière et à sa suite. La foi entraine un désir d'imitation et un désir de plaire à celui auquel nous donnons notre foi. C'est une marche ensemble, une entrée dans une relation d'amitié et d'amour. Une place à l'autre est faite en nous quand nous avons découvert qu'un amour précède le nôtre, celui de Dieu.

Chers frères et Sœurs, nous voilà invités à approfondir notre relation à Dieu, à l'aimer comme on aime une personne, à le préférer, à lui être fidèle dans l'amour c'est-à-dire à lui donner notre confiance. Veillons à notre amitié pour Lui. N'enfermons pas Dieu dans des idées mais dans un « je t'aime ». Ayons avec Lui un dialogue d'amour et de confiance, un dialogue de compagnonnage et d'action de grâce. Qui sommes-nous, pour être aimés de Dieu ? Quelle merveille que l'amour de Dieu ! Nous sommes aimés. De quoi aurions-nous crainte ? Rien ne pourra nous séparer de l'amour que Dieu nous porte ! Voilà notre foi, voilà l'amour de notre cœur. Mgr Georges Pontier