Mgr Georges Pontier | 30 avril 2023
« Moi, je suis venu pour que les brebis aient la vie, la vie en abondance. » Tout au long de sa vie terrestre Jésus emploie des images pour révéler qui il est et quelle est la mission que le Père lui a confiée. Dans cet extrait du beau dialogue que nous rapporte l'apôtre Jean dans le chapitre dixième de son évangile il entremêle deux images qui se complètent et nous enseignent.
La première est celle du berger des brebis, du pasteur à qui appartiennent les brebis. Il les appelle chacune par son nom, il les fait sortir vers les frais pâturages. Il marche à leur tête. Les brebis le suivent parce qu'elles connaissent sa voix. Se noue entre le berger et ses brebis une relation forte, confiante, responsable. Ailleurs nous pouvons lire la parabole de la brebis perdue et voir le bon berger abandonner dans la bergerie les 99 qui sont là pour partir à la recherche de la brebis perdue. Quand il l'a retrouvée, il la soigne et la prend sur ses épaules pour la reconduire avec les autres et faire une fête parce qu'il l'a retrouvée. Chacune lui est précieuse. Elle est à lui. Et il est prêt à donner sa vie si le loup vient les attaquer. Nous voilà devant une image qui nous enseigne sur les liens d'amour que Dieu, source de toute vie, a avec ses créatures, avec ceux et celles qu'il a appelés à la vie, avec chacun de nous. Et la venue du Fils bien aimé dans la bergerie terrestre fut toute inspirée par cet amour du bon berger pour ses brebis. Il est venu pour les sauver, les protéger, les guérir, les prendre sur ses épaules, donner sa vie pour les défendre contre les ennemis, les voleurs, les diviseurs. Nous reconnaissons derrière ces mots toutes ces fausses routes que nous empruntons dans nos vies, tout ce qui nous entraine à nous perdre, à nous démener pour retrouver le bonheur, le bon chemin, celui de la joie et de la paix qu'on trouve dans les verts pâturages autour de celui qui connait chacun par son nom.
La deuxième image proposée par Jésus est celle de la porte : « Moi, Je suis la porte des brebis…Si quelqu'un entre en passant par moi, il sera sauvé ; il pourra entrer ; il pourra sortir et trouver un pâturage. » Non seulement il est le berger, mais il est la porte, celle qui ne trompe pas, celle qui mène au chemin de la vie en abondance. Il s'agit de le suivre et d'entrer par cette porte qu'il a ouverte et révélée par sa vie, par sa mort et sa résurrection en particulier. D'autres portes s'offrent malheureusement à nous dans le labyrinthe de nos vies. Elles ont belle allure et semblent prometteuses. Elles séduisent. St Jean dans sa lettre en nomme trois : la richesse, le pouvoir et la chair, autrement dit : l'attrait de la possession des biens matériels, celui de la domination sur les autres et celui du plaisir aussi trompeur que fugace. Il s'agit de ne pas se tromper de porte et de passer par lui. Et lui a ouvert la porte du salut, de la libération de ces fausses portes qui ne mènent à rien sinon à l'esclavage, la dépendance et l'illusion. Elles sont belles et larges ces portes-là dira Jésus ailleurs ! La sienne est étroite et nécessite qu'on ne garde que l'essentiel pour y passer : la confiance en Lui, l'abandon, l'amour sans réserve. Il a rejeté le mensonge, la haine, le plaisir, la vengeance, le désespoir. Il a aimé jusqu'au bout. Sa porte, c'est celle de l'amour. Il l'a empruntée pour venir jusqu'à nous. Il l'a laissée ouverte pour que nous puissions aller à lui dès ici-bas pour entrer à terme dans la vie en abondance, sans rien emporter d'autre que notre confiance et notre abandon à son amour infini.
St Pierre dans l'extrait de sa lettre tout à l'heure invitait ses lecteurs ainsi : « Lui-même a porté nos péchés, dans son corps, sur le bois, afin que morts à nos péchés, nous vivions pour la justice. Par ses blessures, nous sommes guéris. Car vous étiez errants comme des brebis ; mais à présent vous êtes retournés vers votre berger, le gardien de vos âmes. »
Ne nous trompons pas de berger, N'empruntons pas d'autre porte que celle qu'il a ouverte : celle de la vie en abondance, celle de l'amour jusqu'au bout.