Homélie du Dimanche 3 Septembre 2023

Mgr Georges Pontier |  3 septembre 2023

« Passe derrière-moi, Satan ! Tu es pour moi une occasion de chute; tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes ! » On ne sait à qui s'adresse Jésus : s'adresse-t-il à Pierre ou s'adresse-t-il au Satan, à celui qui ne s'inspire pas des pensées de Dieu mais de celles des hommes, à celui contre lequel Dieu est venu lutter en se faisant homme, vraiment homme ?

Juste avant cette algarade, Simon vient de proclamer la foi en Jésus de Nazareth par ces mots : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. » Jésus l'a déclaré « Heureux » parce que le Père lui a fait reconnaître son Fils derrière ses paroles et ses actes, derrière sa manière d'être, humble, servante, compatissante. Il a même changé son nom. Simon est devenu Pierre et Jésus lui a confié la mission d'être comme une pierre de fondation pour son Église. Et maintenant devant ce que Jésus annonce de son proche avenir, voilà que Pierre le prend à part pour lui faire des reproches ! « Dieu t'en garde, Seigneur ! cela ne t'arrivera pas. » Le Satan est toujours là en Pierre. Pierre voit toujours les choses à la manière des hommes et non à celle de Dieu. Ses pensées sont des pensées humaines ! Les pensées de Dieu ne sont pas celles des hommes. Et Jésus va commencer à les enseigner à ses disciples par son exemple, par ses paroles, par sa mort et sa résurrection. Il va prendre la route qui conduit à la vie en venant à bout de tout ce qui est porteur de mort. Les pensées de l'amour gratuit, total, divin sont incompréhensibles pour les pensées qui habitent le cœur des hommes, prisonniers d'eux-mêmes, centrés sur eux-mêmes, nourris d'amour-propre et d'orgueil.

Paul résumera ce combat en des mots que nous venons d'entendre dans sa lettre aux Romains : « Ne prenez pas pour modèle le monde présent, mais transformez-vous en renouvelant votre façon de penser pour discerner quelle est la volonté de Dieu : ce qui est bon, ce qui est capable de lui plaire, ce qui est parfait. » La suite du Christ entraine une conversion de la manière de penser les choses de la vie humaine, de l'être humain, de la réussite, du bonheur, de la joie. Et Jésus va inviter ses disciples à choisir de le suivre sur ce chemin de vie qui passe par des vertiges, qui traverse les ravins de la mort : « Si quelqu'un veut marcher à ma suite, qu'il renonce à lui-même, qu'il prenne sa croix et qu'il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra, mais qui perd sa vie à cause de moi la trouvera. » Il va leur révéler le chemin de la vie, celui de l'amour divin, celui qui triomphe du mal, des pensées mortifères qui habitent le cœur de l'homme. « Si le grain de blé qui tombe en terre ne meurt pas, il reste seul, mais s'il meurt il porte beaucoup de fruit. Celui qui aime sa vie la perd et celui cesse de s'y attacher en ce monde la gardera pour la vie éternelle. » (Jean 12,25) Il y a bien des choses qui doivent mourir en nous pour s'ouvrir en la confiance en Celui qui donne la vie, celle qui demeure en vie éternelle et qui déjà s'entrevoit ici-bas : « Celui qui aime connait Dieu, car Dieu est amour. » « Il y a plus de bonheur à donner qu'à recevoir » (Actes 20,35)

A ce moment de sa vie terrestre Jésus invite ses disciples à le suivre sur le chemin qui le conduira « à l'heure où ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu'au bout » (Jean 13 2) Il renonce à sa vie. Il prend sa croix et donne sa vie pour que les hommes aient la vie et l'aient en abondance. »

Chers frères et Sœurs, voilà ce chemin de vie que Jésus nous propose, ce chemin que nous rappelons à chaque eucharistie, ce chemin de la vie donnée pour que vive l'amour selon Dieu, celui qui est source de vie, de bonheur et de joie.

Seigneur, à qui irions-nous, Tu as les paroles de la vie éternelle. Garde-nous, Seigneur, sur ce chemin de confiance et de don.