Mgr Georges Pontier | 1 octobre 2024
Cet échange entre Jésus et ses apôtres peut nous paraître bien étonnant. On voit bien cette tentation de Jean de faire de leur groupe les seuls possesseurs de Jésus et de l'Esprit de Jésus : « Maître, nous avons vu quelqu'un expulser les démons en ton nom ; nous l'en avons empêché, car il n'est pas de ceux qui nous suivent. » On se fait vite propriétaire de Dieu. On est vite prêt à exclure pour rester entre soi, avec les mêmes manières de voir et d'exprimer notre foi. Certainement l'évangéliste Marc rencontre cette difficulté dans les communautés naissantes qui sont les siennes. On exclue, on reste entre soi. On est vite intolérant. Et il est tout heureux de pouvoir rapporter la réponse de Jésus à l'apôtre Jean qui le prenait pour juge : « Celui qui fait un miracle en mon nom ne peut pas, aussitôt après parler mal de moi ; celui qui n'est pas contre nous est pour nous. » La première lecture de ce jour nous montrait déjà Moïse répondre à ceux qui voulaient exclure deux bénéficiaires du don de l'esprit sous le prétexte qu'ils n'étaient pas dans le groupe au moment voulu : « Serais-tu jaloux pour moi ? Ah ! Si le Seigneur pouvait faire de tout son peuple un peuple de prophètes ! Si le Seigneur pouvait mettre son esprit sur eux ! » Nous comprenons bien cela : soyons tolérants et laissons l'Esprit de Dieu répandre ses divers dons selon sa liberté. Qu'Il nous aide à nous accueillir dans nos diversités.
C'est la suite qui nous surprend. Si on la prend au pied de la lettre nous allons tous nous retrouver, manchots, estropiés ou borgnes pour entrer dans la vie éternelle. Jamais l'Eglise n'a promu la mutilation pour résoudre nos tendances mauvaises. Nous avons deux mains, deux pieds, deux yeux. Et on pourrait dire que parfois nous avons une main qui demeure ouverte au partage, au soutien des autres et l'autre qui peut se fermer, prendre, imposer, frapper ou voler. Un de nos deux pieds peut inviter à marcher au pas de l'autre mais notre autre pied peut vouloir marcher à son propre pas pour s'isoler et ne penser qu'à soi. Et nos deux yeux dont l'un peut porter un regard de bienveillance, d'encouragement, de soutien et l'autre être dur, indifférent, ou même vicieux en s'arrêtant aux apparences ou aux tentations. Voilà bien celui que nous sommes. Et Jésus nous invite à faire le tri en nous-mêmes au lieu de surveiller les autres et de les dénoncer ou de les exclure. Regarde-toi, enlève ce qui t'éloigne de la vie éternelle et du royaume de Dieu qui est une vie fraternelle, aimante, solidaire. Que l'amour des autres et celui pour Dieu éclairent tes choix, guident ta manière de vivre.
Parmi les guérisons faites par Jésus, Il a guéri la main desséchée de l'homme à la synagogue de Capharnaüm, Il a guéri le paralysé pour qu'il remarche sur ses deux pieds, il a rendu la vue aux aveugles. Et ces miracles trouvent leur sens profond au-delà de l'aspect physique en allant jusqu'à la guérison intérieure qui permet d'utiliser pour la vie, la main, le pied et les yeux. Et cela peut entrainer pour nous parfois des combats, des ruptures, des guérisons intérieures pour changer nos comportements voués à la mort de ce qui nous rend humains et retrouver la beauté intérieure de celui, de celle qui vit comme un enfant de Dieu et un frère des hommes.
Chers frères et Sœurs, la vie à la suite du Christ est une vie qui nous invite au discernement, au choix, à la vigilance, à la conversion. Il est venu nous apprendre les chemins de la vie, ceux qui conduisent à la vie éternelle. Comme dit la quatrième prière eucharistique « Afin que notre vie ne soit plus à nous-mêmes, mais à Lui qui est mort et ressuscité pour nous, Il a envoyé d'auprès de Toi, Père très aimant, comme premier don fait aux croyants, l'Esprit Saint qui continue son œuvre dans le monde et achève toute sanctification. »
Que sa lumière nous guide sur les chemins de cette vie. Mgr Georges Pontier