Mgr Georges Pontier | 29 janvier 2023
L'Évangéliste Matthieu a introduit l'enseignement de Jésus dans ces chapitres 5,6 7 de son évangile. Cela donne un souffle saisissant, condensé à cet enseignement, et même une certaine solennité. On appelle le contenu de ces chapitres : « le Sermon sur la montagne. » « Voyant les foules, Jésus gravit la montagne. Il s'assit, et ses disciples s'approchèrent de lui. Alors, ouvrant la bouche, il les enseignait. » Il y a là une belle composition de Matthieu qui révèle l'intention de Jésus : « Ne pensez pas que je suis venu abolir la loi ou les prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir. »
La communauté qu'accompagne Matthieu était essentiellement composée de personnes issues du judaïsme. Il a le souci de montrer qu'il n'y a pas une rupture entre la Loi et les Prophètes, le premier testament, mais l'accomplissement de ce qui avait été annoncé. Il s'agit avec Jésus du don de ce cœur nouveau et de cet esprit nouveau promis par le prophète Ezéchiel.
Et Jésus commence son enseignement par les béatitudes qui révèlent les attitudes du cœur conformes au Royaume des Cieux. Nous devrions apprendre par cœur ces 9 béatitudes, ces 9 Bienheureux, ces 9 chemins du bonheur, ces 9 accomplissements que le fils Bien aimé vient apporter, révéler comme source et chemin du bonheur. Chacune mériterait un long commentaire. Matthieu éclaire le contexte dans lequel fut marqué le début de la vie des communautés en terre d'Israël, avec des continuités et des ruptures ou des nouveautés, avec des décisions à prendre.
J'en retiens 3 ou 4
« Heureux les pauvres de cœur, le royaume des cieux est à eux. » Dans le royaume des cieux, on n'avance pas en conquérant mais en pauvre, convaincu que le royaume des cieux est un don, se reçoit seulement par des cœurs humbles, éloignés du souci de la recherche des trésors de ce monde. Le cœur doux ou le cœur qui sait compatir aux épreuves des autres comme poursuit Jésus.
« Heureux les miséricordieux, il leur sera fait miséricorde ». Celle-ci est au milieu des 9, c'est la cinquième, comme si elle tenait une place de choix. Déjà les psaumes décrivaient la miséricorde du Seigneur comme se renouvelant chaque matin. Et le Père du fils prodigue viendra illustrer cette miséricorde, fruit de l'œuvre de Dieu en faveur de celui qui l'a humilié, blessé. Oui, la miséricorde est elle aussi un don de ce Dieu qui en Jésus est venu la supplier, l'offrir : « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu'ils font. »
« Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu. » Dans ce monde marqué par la violence, dans ces cœurs d'hommes vite colériques ou blessants même pour leur proches, les artisans de paix sont appelés fils de Dieu. Ailleurs Jésus parlera des « Amis de la paix. »
Et enfin je cite celle-ci : « Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu. » Pour voir Dieu il ne faut pas avoir un cœur encombré par bien des choses qui le troublent, l'obscurcissent, l'encombrent.
Chers frères et Sœurs je vous invite à relire calmement à la maison cette page des béatitudes et à vous laisser éclairer par telle ou telle d'entre elles. Le faire en couple ou en famille ne pourrait que vous nourrir plus profondément. Vous y contemplerez le visage du Christ.
Que la Vierge Marie vous y aide, elle aussi qui a vécu à cette école d'humilité, de confiance, de libération du cœur.