Mgr Georges Pontier | 29 décembre 2024
L'évangile de l'enfance de Jésus en St Luc s'achève à la fin de son deuxième chapitre par ce récit du pèlerinage annuel à Jérusalem que faisaient les juifs en mémoire de la Pâques, de la libération de l'esclavage en Egypte. N'y cherchons pas un enseignement psychologique ou moral sur les vertus de la vie familiale. Sa visée est d'introduire son lecteur dans la compréhension de ce Jésus de Nazareth au sujet duquel on se divisait.
Par ce récit du pèlerinage à Jérusalem avec sa famille, il montre l'être profond de Jésus : Il est à la fois vrai Dieu et vrai homme, vrai fils de Dieu et vrai fils des hommes. Avec sa famille il monte à Jérusalem à 12 ans, comme tout bon juif religieux. Il y monte en famille. Mais Il reste dans le temple au milieu des docteurs de la Loi. Ainsi Il révèle qu'Il est le fils du Père. Il répond à Marie qui lui dit : « Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Vois comme ton père et moi, nous avons souffert en te cherchant ! » Il leur dit : « Comment se fait-il que vous m'ayez cherché ? Ne saviez-vous pas qu'il me faut être chez mon Père ? » Mais ils ne comprirent pas ce qu'il leur disait, note l'évangéliste. « Il me faut être chez mon Père » Voilà bien l'être profond de Jésus, le Fils bien-aimé : demeurer dans la volonté du Père, accomplir la mission reçue du Père. Cela proclamé, il choisit de redescendre à Nazareth où il leur était soumis. La volonté du Père est bien que son fils bien aimé épouse la condition des hommes pour les sauver tous dans tout ce qui fait les étapes de leur vie, de la naissance à la mort. Et le voilà vivant une enfance et une jeunesse dans l'ordinaire de la vie pendant une trentaine d'années ! Il y fut vrai Dieu et vrai homme. Soumis à ses parents et à l'écoute de son Père.
La lecture de la lettre de St Jean que nous venons d'entendre étend jusqu'à nous cette réalité révélée par Jésus : « Voyez quel grand amour nous a donné le Père pour que nous soyons appelés enfants de Dieu, et nous le sommes » Nous voilà nous aussi, fils d'homme et fils de Dieu, fils de la chair et fils de l'Esprit, enfant d'une famille humaine et enfant de la famille de Dieu. Comme pour toutes les réalités de notre vie, nous sommes appelés à tout vivre dans la recherche du chemin qui respecte notre être d'enfant des hommes et notre être d'enfant de Dieu. L'enfance de Jésus nous enseigne sur ce point. Le fils bien aimé l'a vécue trente ans ! Ne cherchons pas ailleurs que dans notre vie à vivre en fils de Dieu. Lui-même a pris ce chemin. Il n'a pas peur de ce qui est humain. Il nous invite à être humains. Cette vie familiale est faite de cet amour mutuel que nous connaissons, de ce souci que nous pouvons nous faire les uns pour les autres. Elle est faite de cette souffrance éprouvée quand l'un des membres souffre ou fait souffrir. Elle est faite de pardon et de réconciliation, de fidélités et de blessures. Elle est faite de joies, de beaucoup de joies. Elle faite de beaucoup de bienveillance et de tendresse. Et Jésus vient nous apprendre qu'elle a besoin elle aussi d'être sauvée par la recherche de la volonté de Dieu et que celle-ci se trouve en la recherchant, comme lui dans le temple, dans nos moments de prière, de communion à notre Dieu et Père, par la lecture de la parole de Dieu, la charité fraternelle, la recherche de sa vocation et de sa mission propre en ce monde. Il nous rappelle ce soin que nous devons prendre de notre être spirituel, de notre condition de fils de Dieu. Tout s'unifie dans l'amour vécu.
Les vies de famille ne s'écoulent pas comme un long fleuve tranquille. Il y a des moments où l'eau y est douce et d'autres où la tempête vient nous éprouver. Mais elle demeure pour chacun de nous un lieu décisif, un lieu unique qui nous apporte les plus profondes joies et les inquiétudes les plus éprouvantes. Alors, ce matin prions pour nos familles et pour la famille humaine, la grande famille de Dieu. La volonté de Dieu est que la vie en familles humaines soient des vies confiantes, solidaires, fraternelles, bienveillantes, porteuses de joie et de vie, ouvertes à la grande famille humaine, la famille des enfants de Dieu pour laquelle le Père qui a tant aimé le monde a envoyé son Fils non pas pour la juger mais pour la sauver, Lui qui en est le Père, source de toute vie et de tout amour.
Mgr Georges Pontier