Mgr Georges Pontier | 28 juillet 2024
Jusqu'à la fin août, nous entendrons la lecture du chapitre sixième de l'évangile selon St Jean. L'auteur centre son message autour de la question essentielle de l'identité de Jésus de Nazareth, de sa perception par la foule et ses disciples et finalement sur la question de toujours : qu'est-ce qui nous pousse à suivre le Christ ? Quelles sont nos motivations réelles ? Que cherchons-nous ? Qui cherchons-nous ? Qui cherche l'homme quand Il va vers Dieu et en dernier ressort que cherche Dieu en se faisant homme ? Que veut-il révéler de lui-même et de la relation qu'Il désire avoir avec les hommes, ses créatures et celle qu'Il désire les voir vivre entre eux ?
Voilà Jésus qui part à l'écart de l'autre côté de la mer de Galilée. « Une grande foule le suivait parce qu'elle avait vu les signes qu'il accomplissait sur les malades. Jésus gravit la montagne avec ses disciples. Or la Pâque, la fête des Juifs, était proche. » Bien plus que nous aujourd'hui, le lecteur de Jean, qui connait sa Bible par cœur, pense à Moïse qui monte sur la montagne en réponse à l'invitation de Dieu et la notation de la fête de Pâque éveille en lui le souvenir tout récent de la Pâque vécue par Jésus, son passage de ce monde vers son Père. « Je pars vers mon Père et votre Père » La motivation de la foule est claire : elle a vu les signes qu'il accomplissait sur les malades. Elle ne veut plus le quitter. « C'est vraiment Lui, le Prophète annoncé. »
Une fois encore Jésus révèle le cœur de Dieu derrière son cœur bienveillant pour cette foule qui le suit et qu'Il est venu rejoindre : la soulager, en prendre soin, guérir, apaiser sa faim. « Où pourrions-nous acheter du pain pour qu'ils aient à manger ? » Il provoque ses disciples, lui qui sait ce qu'Il va accomplir, comme le note l'évangéliste. Les ouvrir à l'impossible. Les ouvrir au mystère de cette œuvre commune entre Dieu et les hommes quand ils s'ouvrent à Lui et Lui font confiance, Lui donnent tout : « ce qui est impossible à l'homme est possible à Dieu. » Qu'un jeune homme donne ses cinq pains et ses deux poissons suffira pour que Lui, Jésus, puisse nourrir toute la foule et il en restera : son don est toujours sans mesure ! ! Mais encore faut-il que le jeune homme se dessaisisse de son bien ! Il est, Lui Jésus, Celui qui fait porter son fruit à la semence tombée dans la bonne terre, celle qui n'est pas dure, ni encombrée de ronces, celle qui a des racines, celle de la bienveillance, du partage et de la folie de l'amour. « Celui qui veut sauver sa vie la perdra, celui qui la perdra à cause de moi et de l'évangile la sauvera. » La terre du partage, la terre de l'amitié, de la fraternité, la terre de la confiance en Dieu. Si j'osais, je dirais aujourd'hui la terre que l'olympisme nous rappelle opportunément, celle de la fraternité entre les peuples, les nations, les enfants de Dieu.
Au terme de ce signe nouveau, voilà que Jésus sait que la bonté de Dieu peut être mal comprise : l'homme peut aller vers Dieu pour l'utiliser pour ses projets, ses besoins, ses vues, sans amour vrai ! L'homme peut vouloir se servir de Dieu plutôt que de le suivre : « Jésus, savait qu'ils allaient l'enlever pour faire de lui leur roi ; alors de nouveau il se retira dans la montagne, Lui seul. » « Mon royaume n'est pas de ce monde. » Son royaume est celui des cœurs nouveaux, celui de la communion avec le Père et de la communion entre humains, non de la domination. Dieu cherche des amis, des fils. Il nous veut, frères.
Seigneur Jésus, prends-nous sur la montagne avec Toi. Apprends-nous à aller vers Dieu pour goûter sa présence, nourrir et fortifier notre lien filial avec Lui. Apprends- nous à faire de notre vie une vie donnée comme tu as fait de la tienne un don, une vie pour tes frères : « Ma vie, nul ne me la prend, c'est moi qui la donne. » Apprends-nous la confiance, la bienveillance, la générosité. Apprends-nous à aller vers toi pour te suivre et non pour te mettre à notre service. Apprends-nous à t'aimer. Apprends-nous à aimer vraiment. Mgr Georges Pontier