Homélie du Dimanche 28 Avril 2024

Mgr Georges Pontier |  29 avril 2024

Le risque de gel des cultures en ces nuits redevenues hivernales a tenu en éveil les nombreux viticulteurs dont les vignes étaient situées dans des régions à risque. Le lien à la sève est vital pour les jeunes bourgeons en tout début de croissance et la récolte en dépend. Et voilà que la liturgie nous fait lire ce matin ces propos de Jésus adressés à ses disciples sur la nécessité pour le sarment de conserver son lien vital avec la souche afin de porter du fruit. Et Jésus s'en sert pour faire comprendre un autre lien : le lien spirituel entre Dieu et sa créature, entre lui et ses disciples. Si l'on se coupe de lui, la sève de la vie divine ne passe plus et le sarment ne portera plus les fruits du Royaume de Dieu.
« Moi, je suis la vraie vigne, et mon Père est le vigneron. Tout sarment qui est en moi, mais qui ne porte pas de fruit, mon Père l'enlève ; tout sarment qui porte du fruit, il le purifie en le taillant, pour qu'il en porte davantage. »

C'est par un faisceau d'images que Jésus introduit ses disciples, et nous avec, dans la juste compréhension du lien spirituel, profond entre Lui et ses créatures. Dimanche dernier était mis en lumière la relation profonde entre le bon berger et ses brebis. Une autre fois c'était l'image de la lumière du monde qui dissipe les ténèbres de la nuit : « Je suis la lumière du monde, celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres. » St Paul proposera la comparaison du corps qui est composé de membres divers : « Nous sommes le corps du Christ. Chacun de nous est un membre de ce corps. »

Pour sa part la comparaison avec la vigne apporte sa lumière : « Demeurez-en moi, comme moi en vous. De même que le sarment ne peut pas porter de fruit par lui-même s'il ne demeure pas sur la vigne, de même vous non plus, si vous ne demeurez pas en moi. Moi, je suis la vigne, et vous les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup du fruit, car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. »

Les fruits de la vigne du Seigneur, nous les connaissons. Ils s'appellent la foi, l'espérance, la charité. Ils s'appellent encore, comme l'écrit Paul aux Galates : « amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, douceur, maitrise de soi. » St Matthieu le dit à sa façon avec les neuf béatitudes qui commencent le long discours de Jésus sur la montagne ou dans la parabole du jugement dernier à la fin de son évangile. Les fruits de la vigne du Seigneur sont le fruit de l'œuvre du Seigneur et de notre œuvre à nous comme le dit la prière d'offertoire de la messe : « Tu es béni, Seigneur, Dieu de l'univers. Nous avons reçu de ta bonté ce vin que nous te présentons, fruit de la vigne et du travail des hommes. Il deviendra pour nous le vin du royaume éternel. » Fruit de la vigne et du travail des hommes ! Fruit du Seigneur qui donne et de l'homme qui reçoit, qui accueille et qui se laisse comme transfuser par lui.

Voilà bien le fruit de nos vies lorsqu'elles sont vécues dans ce lien vital. Elles reçoivent du Seigneur la sève de son amour divin et l'incarnent dans une vie terrestre. Tel est bien le beau fruit de la vie de Jésus de Nazareth, vrai Dieu et vrai homme en qui la volonté humaine s'est laissée transfuser par la volonté divine. Et nous savons le fruit d'amour et de vie qu'elle a porté pour toute l'humanité dont le Seigneur a pris chair.

« Demeurons en Christ », chers frères et Sœurs. Abreuvons-nous à sa sève, celle que l'on reçoit dans les sacrements, dans la parole lue, priée, méditée, dans l'eucharistie. Celle qui porte son fruit dans une vie de charité la plus vraie possible. Comme l'écrivait l'apôtre Jean à ses disciples :  Faisons ce qui est agréable à Dieu : « mettre notre foi dans le nom de son Fils Jésus-Christ, et nous aimer les uns les autres comme il nous l'a commandé. » Voilà la sève de la vigne du Seigneur. Nous la contemplons et nous la recevons du Père par le Christ Jésus et son Esprit qui habite nos cœurs.»   Mgr Georges Pontier