Mgr Georges Pontier | 27 avril 2025
La miséricorde de Dieu. On se souvient : Le 13 Mai 1981, le Pape Jean-Paul 2 fut victime d'un attentat sur la place St Pierre. On était en pleine guerre froide. En 1983, 2 ans après, Jean-Paul 2 visite Ali Agca en prison pour lui donner son pardon. Polonais, il était profondément marqué par sa foi chrétienne et par les évènements du monde. Il était marqué aussi par les révélations de Sœur Faustine, religieuse de son pays qui invitaient à fêter la miséricorde divine. Devenu Pape, Jean Paul 2 instituera en 2001 ce dimanche de la divine miséricorde une semaine après la fête de Pâques. Il canonisera Sœur Faustine quelques années après.
Pâques, la grande fête chrétienne. Pâques, la victoire de la miséricorde divine : « Père, Pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu'ils font. » Marguerite Marie Alacoque avait dit : « Voici ce cœur qui a tant aimé les hommes qu'il n'a rien épargné jusqu'à s'épuiser et se consommer pour leur témoigner son amour. » Le Pape François rappelait cela dans sa dernière encyclique, « Il nous a aimés », méditant sur l'amour infini du cœur de Dieu.
Le récit évangélique que nous venons d'entendre nous montre comme un fruit de la mort/résurrection du Christ le don de l'Esprit aux apôtres, source du pardon de Dieu répandu jusqu'à nous. « Jésus leur dit de nouveau : La paix soit avec vous ! De même que le Père m'a envoyé, moi aussi, je vous envoie. » Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et il leur dit : « Recevez l'Esprit Saint. A qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez les péchés, ils seront maintenus. » Le sacrement de la réconciliation en est devenu le signe dans la vie de l'Eglise catholique et en cette année du jubilé, ce sacrement est un des 4 moments qui permettent d'accueillir cette miséricorde de Dieu, cette indulgence plénière.
Chers frères et Sœurs, voilà la Bonne Nouvelle dont nous sommes les témoins, celle de l'amour miséricordieux de Dieu qui a créé, qui a sauvé, qui accompagne et qui accueille l'humanité renouvelée par le don de l'Esprit de vie, l'Esprit d'amour. C'est un don gratuit d'amour qui explique notre univers et notre existence, qui illumine le don de la vie du Fils bien aimé qui nous a aimés jusqu'au bout. Dieu aime jusqu'au bout. Rien n'arrête son amour : ni l'orgueil des hommes, ni leur péché, ni leur refus. Le Pape François a bien souvent insisté sur la générosité dans le pardon que doivent avoir ceux qui le célèbrent à l'égard de ceux qui s'en approchent. Le cœur de Dieu n'enferme personne dans son péché. Au-delà il relève celui qui est tombé. Seul le pardon ouvre un avenir.
Nous voilà acteurs de réconciliations, acteurs de miséricorde, acteurs de paix. Rien ne fait plus de mal à l'homme que les divisions, les guerres, les violences, les méchancetés, les injustices, les enfermements. A vrai dire rien ne nous fait plus mal à nous également : les divisions en famille, les pardons impossibles ou les pardons refusés. Rien n'est plus anti chrétien que la vengeance, la violence, l'enfermement dans les blessures. Jésus ressuscité montre ses mains et ses pieds à ses disciples lors des apparitions, non pas pour les humilier ou leur faire des reproches, mais pour leur montrer jusqu'où Il les a aimés ; Et Pierre qui a trahi entendra la question de Jésus au bord du lac : « M'aimes-tu vraiment ? » comme la nouvelle naissance possible pour Dieu, pourvu que nous empruntions le chemin de l'amour. Les nombreux baptisés de Pâques ont entendu cette question : « M'aimes-tu ? ». Ils se sont découverts aimés de Dieu et leur vie en a été changé.
Le Pape François terminait son encyclique sur l'amour de Dieu ainsi : « Je prie le Seigneur Jésus-Christ que jaillissent pour nous tous de son saint Cœur ces fleuves d'eau vive qui guérissent les blessures que nous nous infligeons, qui renforcent notre capacité d'aimer et de servir, qui nous poussent à apprendre à marcher ensemble vers un monde juste, solidaire et fraternel. Et ce, jusqu'à ce que nous célébrions ensemble, dans la joie, le banquet du Royaume céleste. Le Christ ressuscité sera là, harmonisant nos différences par la lumière jaillissant inlassablement de son Cœur ouvert. Qu'il soit béni ! ». Mgr Georges Pontier