Mgr Georges Pontier | 27 août 2023
« Et vous, qui dites-vous que je suis ? » Cette question posée par Jésus aux disciples à Césarée de Philippe marque une étape dans le récit des évangélistes Matthieu, Marc et Luc. C'est la fin du premier temps où Jésus a commencé à révéler son identité, précisé sa mission et c'est le début d'une nouvelle étape qui le conduira à Jérusalem où il vivra le don de lui-même et révélera la face souffrante du salut des hommes, celle de l'amour jusqu'au bout. Nous en commencerons la lecture dimanche prochain. Et en attendant ce moment « Jésus ordonna à ses disciples de ne dire à personne que c'était lui le Christ. »
L'évangéliste Matthieu fonde là la mission particulière de Pierre qui, non seulement répond au nom des autres disciples comme chez Marc et Luc, mais se voit de plus attribuer par Jésus une mission de garant de la fidélité de l'Église à sa foi et à sa mission : « Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l'emportera pas sur elle. » Dans son ecclésiologie l'Église catholique romaine, comme l'appellent nos frères chrétiens, voit dans ce dialogue entre Jésus et Pierre la volonté de Jésus de donner à son Église une solidité, une source d'unité et de fidélité pour sa mission à venir. Au sein du groupe des apôtres Pierre a reçu cette mission. Elle perdure dans celle de l'évêque de Rome aujourd'hui. Et l'évêque de Rome est aidé par le collège des évêques qui exercent sur des portions territoriales du peuple de Dieu ce ministère de fidélité en communion avec lui.
C'est pour nous l'occasion de prier pour le Pape et pour nos évêques, pour leur personne certes, mais surtout pour leur mission. Nous ne sommes pas invités à en faire des surhommes, ce qui d'ailleurs les fragiliseraient, mais à reconnaître la fonction qui est la leur dans la vie de l'Église. On n'invente pas la foi, on n'invente pas son Église. On les reçoit comme venant de Dieu. Jésus invite Pierre à reconnaître que sa foi ne vient pas « de la chair et du sang », autant dire de lui-même, mais du Père qui est aux cieux, et que la fidélité à cette foi et à cette mission sera encore l'œuvre du Père à travers le rôle qui lui est confiée. C'est bien le pardon de Dieu qui le relèvera de son reniement et c'est encore l'œuvre de l'Esprit Saint qui lui ouvrira le cœur à Pentecôte. Oui, sa solidité ne lui vient pas de lui-même mais du Père qui est aux cieux !
Aujourd'hui notre Pape François a engagé l'Église de ce temps dans une démarche de réflexion et de conversion qu'il appelle « synodale », c'est-à-dire dans un temps de renouvellement de notre manière de faire Église ensemble, tous les baptisés que nous sommes, dans la complémentarité de nos vocations et des appels de Dieu. Déjà nous avons vécu une étape diocésaine l'an dernier. A suivi une seconde étape au niveau de chaque continent. Va avoir lieu la troisième étape en octobre prochain à Rome et en octobre 2024. Le tout sera conclue par un document final rédigé par le Pape qui donnera des perspectives pour les années qui viendront. Portons dans la prière ce moment de notre vie ecclésiale, ayons le souci de nous tenir informés et vivons en baptisés qui recevons du Père au fond de nous-mêmes l'accueil de la réponse la question : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous qui suis-je ? »
Dans un instant nous proclamerons la foi de l'Église en récitant le credo. Au-delà des mots, le Pape et les évêques en sont les garants pour que nous demeurions fidèles au visage de Celui que le Christ nous a révélé comme Le Père qui est aux cieux. Il est vivant pour les siècles des siècles. Vivons dans sa lumière. Amen