Une église-sanctuaire au cœur de Toulouse

Sanctuaire Saint-Jérôme L'adoration perpétuelle au cœur de Toulouse

Homélie du Dimanche 26 Octobre 2025

Mgr Georges Pontier |  26 octobre 2025

« Deux hommes montèrent au temple pour prier. » Quoi de plus banal. Jésus se sert de ce fait de la vie ordinaire pour enseigner l'essentiel. Et l'essentiel ne se voit pas. Il est caché dans les cœurs. Et c'est cela que Dieu seul connait et vient guérir.

Or le cœur du premier, le pharisien, est un cœur fier, orgueilleux, qui vient au temple pour recevoir les félicitations de Dieu. Il se contemple lui-même au lieu de contempler Dieu. Il rend grâce pour celui qu'il est et non pour Celui qu'est Dieu à son égard. Il entretient avec Dieu des relations intéressées : « Avec tout ce que je fais pour toi : prières, jeûnes, aumônes, » je mérite des félicitations, des récompenses. Il est aussi dans la comparaison et le jugement. Les péchés des autres rehaussent ses vertus. Il n'est pas comme les autres hommes et encore moins comme ce publicain entré en même temps que lui et qui est resté au fond. Bref il a une belle image de lui et la contemple, surtout s'il la compare avec l'image que donnent les autres qui sont « voleurs, injustes, adultères » Il juge et méprise les autres. Il est dans le mérite. Il mérite la reconnaissance de Dieu.

Le cœur du second, le publicain est présenté tout autrement : humble, repentant, suppliant et confiant. « Il se tenait à distance et n'osait même pas lever les yeux vers le ciel ; mais il se frappait la poitrine, en disant : « Mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis ! » Il se connait, ne se justifie pas, ne se contemple pas. Il se tient humblement devant Dieu, le cœur mendiant un regard d'amour de la part de Dieu. Il sait qu'il ne mérite rien. Il sait que seule la bienveillance de Dieu peut le sauver. Il attend la grâce comme nous disons. Il n'est pas dans le mérite mais espère la miséricorde de Dieu.

Ce matin, laissons-nous interpeller par l'enseignement de Jésus. Reconnaissons que nous avons besoin d'être libérés de nos orgueils, de nos justifications, de nos calculs, de nos regards sur nous-mêmes. Nous avons besoin de contempler l'amour gratuit de Dieu révélé en Jésus-Christ plutôt que d'être dans un amour intéressé de Dieu. Nous risquons de ne prier qu'en recherche de notre intérêt et pas par amour. Nous risquons d'être dans un marché spirituel avec Dieu : « je fais ceci ou cela pour toi : prières, jeûnes, aumônes », tu me dois cela. Nous risquons d'être et de rester dans une relation intéressée avec Dieu. Une sorte d'image inexacte de lui nous fait rentrer dans une religion de calcul. Et Jésus nous invite à entrer dans une religion de l'amour, de l'ouverture du cœur, de l'intimité, de l'action de grâce, en contemplant l'amour infini, gratuit de Dieu pour nous, et dans une religion de la bienveillance, et non du jugement des autres, de l'humilité, de la confiance. Oui, « ne jugeons pas et nous ne serons pas jugés. » Dieu seul connaît nos cœurs. Soyons bons, non par pour que Dieu devienne bon pour nous, mais parce qu'Il est bon, bienveillant et que nous voulons lui plaire et devenir semblables à celui que nous aimons et qui nous aime gratuitement !

C'est certainement ce que veut dire la béatitude : « Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu. » Heureux les cœurs, sans calcul et sans arrière-pensées. Heureux les cœurs qui entrent peu à peu dans une relation d'amour. Heureux le cœur du publicain qui nous apprend à prier : « Montre toi favorable au pécheur que je suis. » Les messes ne commencent-elles pas par cette invitation : « Préparons-nous à célébrer le mystère de l'eucharistie en reconnaissant que nous sommes pécheurs ? » Et ce mystère est bien celui de l'amour gratuit de Dieu pour nous. Oui, nous sommes des pécheurs, mais des pécheurs pardonnés et aimés. « Je crois à la rémission des péchés, à la résurrection de la chair et à la vie éternelle » allons-nous dire ensemble dans un instant. Telle est notre joie et notre foi, celle dont Paul disait dans la lecture : « J'ai gardé la foi. ». Mgr Georges Pontier