Mgr Georges Pontier | 26 novembre 2023
Matthieu, le publicain, le collecteur d'impôt devenu disciple de Jésus, nous offre cette grande fresque du jugement dernier, du regard de Dieu sur nos vies, sur leur valeur aux yeux de Dieu. Nous nous demandons souvent dans notre vie : quelle est la volonté de Dieu, qu'attend-il de moi ? Et voici que cette belle page du jugement dernier éclaire notre recherche, notre interrogation. Le Pape François a pu l'exprimer ainsi un dimanche à l'angélus : « Le salut, commence dans l'imitation des œuvres de miséricorde à travers lesquelles Jésus a réalisé le Règne. Celui qui les accomplit prouve qu'il a accueilli la royauté de Jésus, parce qu'il a fait de la place dans son cœur pour la charité de Dieu. Au soir de notre vie, nous serons jugés sur l'amour, sur la proximité et sur la tendresse envers les frères. C'est cela qui permettra ou non notre entrée dans le règne de Dieu. Jésus, par sa victoire, nous a ouvert le règne, mais c'est à chacun d'entre nous d'y entrer, dès cette vie, en étant proches de notre frère qui demande de manger, d'être vêtu, accueilli, aidé. Et si vraiment nous pourrons aimer ce frère ou cette sœur, nous serons poussés à partager avec lui ou avec elle ce que nous avons de plus précieux, Jésus lui-même et son Évangile ! ». Ici-bas nous sommes invités à laisser l'Esprit de Dieu préparer nos cœurs ou le laisser nous habituer à vivre comme on vit en Dieu, comme on vit dans le royaume de Dieu. C'est un Royaume d'amour. Et Jésus est venu nous en ouvrir la porte : vis en faisant le bien, vis en faisant du bien aux autres. Nous écoutions il y a quelques dimanches le dialogue sur le plus grand commandement de la Loi, entre Jésus et un légiste pharisien venu l'interroger pour le mettre dans l'embarras. Et Jésus le faisait entrer sur ce chemin de l'amour du frère humain : Aimer Dieu de tout son cœur et aimer son prochain comme soi-même, voilà le grand commandement. Il n'y en a pas de plus grand. Apprendre à aimer, apprendre à passer du cœur de pierre au cœur de chair, voilà l'œuvre de l'Esprit en nous, voilà le grand chantier de notre vie, voilà ce qui dessine le visage humain et fraternel auquel Dieu nous convie. Chers frères et sœurs, nous ne sommes pas le Christ et notre conversion n'est jamais achevée ! Mais ne perdons pas de vue la boussole, la lumière dans les obscurités du chemin de la vie. C'est quand on aime l'autre, le proche, plus que soi-même, qu'on donne le meilleur de soi-même. Nos vies ne s'évaluent pas à partir de ce que nous accumulons pour nous-mêmes mais à que nous donnons aux autres lors des multiples et diverses occasions que nous en donnent nos vies quotidiennes. A chacune de nos célébrations nous chantons les louanges de Celui qui a fait déborder son amour dans l'œuvre de la création et encore plus dans celle de la rédemption. Il nous a créés par amour. Il nous a sauvés par amour. Il nous poursuit de son amour. Dans un instant nous en ferons mémoire : Le Christ qui après avoir lavé les pieds de ses disciples va encore plus loin. Il se donne à eux comme nourriture de salut : « Ceci est mon corps livré pour vous, ceci est mon sang, le sang de l'alliance nouvelle et éternelle, qui sera versé pour vous et pour la multitude en rémission des péchés. Vous ferez cela en mémoire de moi. » Voilà le Christ-Roi, Celui qui ouvre les portes de l'alliance nouvelle, les portes de la vie, les portes du pardon, celles de la vie éternelle. Le berger donne sa vie pour ses brebis, le premier-né d'entre les morts entraine tous les siens dans la victoire, la victoire de la vie et de l'amour. Il est long le chemin, il est lent, mais nous savons où il conduit : Il conduit en Dieu, Il conduit au royaume de Dieu, royaume d'amour, de lumière, de vie, de vérité. Nous ne sommes jamais tant dans le vrai que lorsque nous aimons puisque Dieu est amour. « Entre dans la joie de ton maître », la joie d'aimer comme Dieu aime, jusqu'au bout. Amen