Mgr Georges Pontier | 25 juin 2023
Quand les évangélistes écrivent leur évangile, ils sont marqués par ce que vivent les premières communautés avec lesquelles ils cheminent. Matthieu dans ce chapitre appelé le discours missionnaire de Jésus regroupe divers enseignements de Jésus sur ce sujet. Il le fait alors que se font jour les premières persécutions venant des divers pouvoirs, politique et religieux. Ce n'est pas simple de témoigner de sa foi à contre-courant et surtout si sa propre vie peut être mise en danger. On sent bien cela dans cet extrait de son évangile que nous venons d'entendre : « Ne craignez pas ceux qui tuent le corps sans pouvoir tuer l'âme ; craignez plutôt celui qui peut faire périr dans la géhenne l'âme aussi bien que le corps. » Aujourd'hui il est des régions du monde où les chrétiens sont persécutés et risquent de subir les foudres de ceux qui peuvent faire périr les corps. Nous pouvons penser que dans nos pays occidentaux aujourd'hui la peur ne touche pas le risque pour la vie physique mais plutôt celui pour la vie de l'âme. Et se pose à nouveau pour nous l'interrogation de cet évangile qui tourne autour des invitations de Jésus à ne pas avoir peur de témoigner de notre foi en Lui : « Ne craignez pas les hommes. » Nous voilà interrogés sur le témoignage que nous rendons ou ne rendons pas à Jésus-Christ aujourd'hui chez nous.
Nous sommes témoins souvent impuissants, même dans nos familles, d'une rupture de foi en Jésus-Christ. Rupture non seulement de pratique, mais rupture plus profonde, de foi, de connaissance, d'ignorance. Et cela rejaillit sur les manières de vivre, sur les âmes, sur le plus profond de soi-même, sur la conception de l'homme et de la vie, sur le lien à Dieu, le lien au Dieu qui s'est révélé en Christ, sur ce qu'Il a montré du Dieu-Père, sur ce qu'il a montré de l'essentiel de la vie ici-bas, sur ce qu'Il a révélé de la vie au-delà de celle-ci. Et nous sommes en même temps témoins d'enfants, de jeunes, d'adultes qui s'ouvrent à la foi en ce Dieu d'amour qu'ils ont rencontré ou qu'ils découvrent au gré de chemins étonnants et imprévisibles. Et ils demandent le baptême.
C'est bien dans ce contexte d'ici et maintenant que le Seigneur nous dit : « Ne craignez pas…Quiconque se déclarera pour moi devant les hommes, moi aussi je me déclarerai pour lui devant mon Père qui est aux cieux. »
Nous voilà encouragés dans notre mission de baptisés, témoins au cœur de ce monde d'aujourd'hui. Ne craignons pas de montrer avec justesse l'importance pour nous de notre foi en Jésus-Christ. Elle guide notre être profond. Elle illumine nos choix de vie. Elle habite notre discernement sur ce qui construit la beauté des vies humaines, personnelles ou collectives. Elle nous révèle ce qui ne meurt pas, celui qui est vainqueur de la mort, la mort physique et la mort spirituelle, celle qui tue le corps et l'âme. Notre foi en Christ libère en nous une lumière et une force, une confiance et une charité qui vont bien au-delà des repliements sur soi, des peurs, des incertitudes dans lesquelles la vie peut nous enfermer. L'exemple du Christ, Témoin de l'amour du Père et de son cœur, nous soutient et nous encourage.
« Je suis la lumière du monde, dit le Seigneur Jésus. Celui qui vient à ma suite ne marchera pas dans les ténèbres ; il aura la lumière qui conduit à la vie. » Cette lumière s'appelle l'amour. Aimons en acte et en vérité. « Dieu est amour, Dieu est lumière, Dieu notre Père. » Nous en sommes témoins.
« Béni soit Dieu qui nous appelés des ténèbres à son admirable lumière ». Amen