Mgr Georges Pontier | 23 mars 2025
C'est sans cesse que reviennent en nous ces interrogations : pourquoi cela m'est-il arrivé ? Qu'ai-je fait de mal ? Où est Dieu, puisqu'il ne m'a pas évité cette épreuve ? Où est Dieu ? Ne devrait-il pas récompenser le juste et punir le coupable, et on comprendrait ? Et voilà que les événements du monde montrent sans arrêt qu'il n'en est pas ainsi ! Que de victimes innocentes ! Que de malfaiteurs apparemment heureux ! Ainsi, ces interrogations de Jésus au sujet de ces victimes de la violence de Pilate ou du pas de chance pour certains, lors de la chute de la tour de Siloé : au mauvais endroit au mauvais moment ! Que comprendre ? Que faire ? Jésus invite à la vigilance dans notre manière de nous comporter dans la vie et il parle de la grande patience de Dieu qui espère en l'homme, en sa capacité d'écoute de l'Esprit, à sa conversion, à un renouveau. L'arbre peut redonner de bons fruits. Le figuier stérile peut refleurir et donner de bonnes figues à l'avenir pourvu qu'on le bêche et qu'on mette du fumier autour de son pied.
Le temps du Carême est là pour nourrir l'arbre de vie que nous sommes, pour lui donner de la bonne nourriture, pour reprendre vie et donner de bons fruits. Voilà déjà plus de deux semaines que nous nous y employons : Nous faisons plus de place dans nos vies à la prière, à la lecture de la parole de Dieu, à la régularité de notre vie sacramentelle ; à une charité plus active dans nos relations familiales, dans l'attention aux plus pauvres ; et encore au travail de jardinier dans nos cœurs : couper les branches inutiles ou celles qui nous entrainent au mal et à la honte de nous-mêmes, de nos pensées, de nos paroles, de certains de nos actes.
Où est Dieu ? Quel est son visage ? Quelle est sa présence ?
La première lecture nous montrait Moïse contemplant le signe qui lui était donné. Il fit un détour pour voir ce buisson qui brulait sans se consumer ; ce feu qui brulait, réchauffait, éclairait mais sans consumer le buisson. « Le Seigneur dit : « J'ai vu, oui, j'ai vu la misère de mon peuple qui est en Egypte, Je connais ses souffrances, je suis descendu pour le délivrer de la main des Egyptiens et le faire monter de ce pays vers un beau et vaste pays, ruisselant de lait et de miel. » Voilà bien l'image de notre Dieu : Il entend nos questions, il connait nos souffrances. Il est descendu pour nous délivrer du péché, de la mort, de ce qui désespère et rend le cœur de l'homme dur comme pierre. Le voilà ce Jésus, visage du Père. Il est descendu pour bruler un cœur d'homme, le sien, sans le consumer mais en le purifiant de toute trace du péché : « en tout semblable à nous à l'exception du péché. » Il s'est consumé jusqu'au bout : En sa chair il a tué la haine, Il a arrêté le cycle des vengeances, Il a réconcilié l'homme avec Dieu et les Hommes entre eux : « Père pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu'ils font. » « Aujourd'hui, avec moi, tu seras dans le paradis. ». De son cœur d'homme défiguré par l'épreuve il s'écrie : « Père, entre tes mains je remets mon esprit. »
C'est toujours l'amour qui brulera en nous tout ce qui nous stérilise et nous rend durs. C'est l'amour qui consume ce qui n'est pas amour dans nos vies, ce qui nous enferme en nous-mêmes et arrête l'avènement de notre beauté d'enfants de Dieu et de frères des hommes ! Entendre la souffrance des autres, descendre de notre piédestal, de nos enfermements et nous mettre à remplir de solidarité, de pardons, de recommencements nos vies et celle de ceux qui souffrent autour de nous. Arrêter tous les bruits de nos vies, fuir toutes les idoles qui nous rendent esclaves.
Rendons grâce à notre Dieu : Il nous accompagne sur les chemins de nos vies. Son amour brule en nous toute forme de péché sans nous consumer, mais en nous purifiant et en rendant nos vies porteuses de fruits. Laissons-nous regarder par le Christ ! « N'aie pas peur, laisse-toi regarder par le Christ, Laisse-toi regarder car Il t'aime. »
Mgr Georges Pontier