Mgr Georges Pontier | 22 décembre 2024
A deux jours de la célébration de la fête de Noël, la visite de Marie auprès d'Elisabeth que l'évangéliste Luc met au tout début de son évangile nous accompagne sur le chemin de notre foi. Avant même que Marie et Elisabeth ne voient de leurs yeux et ne tiennent dans leur bras celui qu'elles portent, les voilà toutes deux animées par leur présence : Elisabeth sent son enfant tressaillir de joie en entendant la salutation de Marie. Et Marie, tout juste enceinte, avance plus loin dans la compréhension de ce qui se passe en elle et par elle : son enfant, fils de Dieu, rayonne déjà, avant même de naître. Il est donné à la plus ancienne, Elisabeth, d'exprimer le double mystère de cette rencontre : celui de reconnaître en Jésus que porte Marie, l'Emmanuel, le Dieu avec nous : « D'où m'est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu'à moi ? » et celui de proclamer le fruit de la visite de Dieu : la joie qui vient de Lui, la joie qui vient de la foi : « Heureuse celle qui a cru à l'accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. » Et la joie de l'une et de l'autre s'exprime dans l'étreinte fraternelle d'une visite toute simple. Dans deux jours nous contemplerons la simplicité de la crèche de Bethléem et la confiance de ce Dieu qui se remet entre les mains de Marie et de Joseph. Aujourd'hui nous contemplons la profondeur de la joie que donne à deux femmes la beauté de l'amour de Dieu qui est venue jusqu'à elles gratuitement, gracieusement, généreusement.
Reconnaitre en Jésus, le fils de Marie, Dieu qui se fait homme et se laisser habiter par la joie profonde de reconnaître les signes de sa présence dans nos vies, voilà bien ce à quoi veut nous conduire la visite de Dieu en notre histoire humaine.
Durant ces jours de fête, nous allons vivre de multiples rencontres, en famille surtout, mais aussi dans notre voisinage ainsi que dans ces visites que nous aurons pu choisir de faire pour porter la joie à telle ou telle personne traversant un moment plus douloureux de sa vie. La société nous parle beaucoup de la magie de Noël et elle nous entraine d'abord et surtout vers les chemins d'une joie que procurent les biens matériels, les biens de consommation. Elle nous entraine aussi vers une attention aux plus fragiles en nous invitant au partage et à la fraternité. Mais il nous appartient à nous autres qui reconnaissons en Jésus né de Marie à Bethléem le fils de Dieu fait homme, le visage du Père, oui il nous appartient d'aider notre monde, les membres de nos familles, à reconnaitre le Dieu qui vient à nous avec sa puissance de joie, de paix, de bonté, de bienveillance, d'amour. Comme Elisabeth a reconnu en Marie Dieu qui la visitait, reconnaissons ce Dieu qui nous visite à travers les gestes de fraternité, de solidarité qui nous sont donnés de vivre ou de choisir de vivre.
La première visite que le fils de Dieu fait est une visite avant même sa naissance grâce à la charité de sa mère qui va voir sa parente enceinte elle aussi ! La bonté de Marie porte la bonté de Dieu. Et ainsi toujours dans nos vies. Dieu vient à travers les fruits de sa présence : Il vient par les artisans de paix, par ceux qui visitent les malades, les prisonniers, par ceux qui accueillent les étrangers, par ceux qui nourrissent ceux qui ont faim, qui habillent ceux qui sont sans rien. Il vient par ceux qui ne vivent plus pour eux-mêmes mais pour leurs frères et pour Lui qui est amour sans mesure !
A la suite de Marie qui porte Jésus à sa parente Elisabeth, portons, nous aussi dans les choix de nos vies, Celui qui nous porte, Celui qui est notre joie, notre paix, notre lumière, Celui qui habite nos cœurs par la foi. Qu'Il fasse de nous des visiteurs de nos frères humains pour ouvrir à la visite de Dieu par le témoignage de notre charité et de notre espérance.
« Oui, heureux ceux qui croient à l'accomplissement des paroles qui leur ont été dites de la part du Seigneur. »
Mgr Georges Pontier