Mgr Georges Pontier | 20 avril 2025
Marie Madeleine, Pierre et Jean, voilà ces trois que l'évangéliste Jean retient comme les tous premiers témoins du mystère du tombeau vide : Marie Madeleine, présente au pied de la croix avec Jean le disciple que Jésus aimait et Pierre, celui qui avait fièrement affirmé : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant », Pierre celui qui venait de dire lâchement : « je ne connais pas cet homme », repris par ses peurs et ses espoirs déçus ; Pierre qui n'était pas au pied de la croix. Les voilà tous les trois au petit matin du jour qui venait de les ébranler, ce jour du calvaire, ce jour de la mort du Bien Aimé, ce jour où la bonté même avait affrontée la méchanceté, la violence et le péché des hommes. L'histoire paraissait achevée. « Jusque-là, en effet, les disciples n'avaient pas compris que, selon l'Ecriture, il fallait que Jésus ressuscite d'entre les morts. »
Il fallait qu'il connaisse, qu'il subisse la violence et l'injustice du péché des hommes pour les en délivrer. Il fallait qu'il connaisse la mort qui afflige les hommes pour la traverser et la vaincre et faire resplendir la vie qui ne finit pas. Il fallait qu'Il connaisse la nuit du vendredi saint pour que la lumière de Pâques illumine la route des hommes et les entraine dans la vie de Dieu, celle qui ne finit pas, celle qui est de toujours à toujours. Il fallait qu'il connaisse la haine pour faire triompher le pardon. Il fallait qu'il connaisse la violence des hommes pour être relevé par la douceur et la tendresse du Père !
Quel mystère, mes frères ! Quelle espérance en nos cœurs ! Quelle joie !
Et voilà que se poursuit en nous le même questionnement que le leur devant le tombeau vide. Celui de Madeleine, bouleversée dans ses émotions et son désir d'honorer le corps de Celui auquel elle devait tant. Son attachement à l'homme l'empêche de reconnaître son Dieu vainqueur. Nous aussi nos affections peuvent nous arrêter et nous empêcher de croire au futur que Dieu prépare.
Puis le questionnement de Pierre : Il voit le tombeau vide, les linges posés à plat, ainsi que le suaire qui avait enveloppé sa tête et en rester là. Il lui faudra retrouver le Ressuscité au bord du lac et le laisser lui redire par trois fois : « Pierre, m'aimes-tu, m'aimes-tu vraiment ? » avant de se jeter dans les eaux de la foi. Il était trop dérouté par le dieu qu'il s'était inventé et ne pouvait accueillir le visage du Dieu qui se révélait dans l'humilité et la fidélité de l'amour. Et nous sommes nous aussi comme lui. Nous avons nos images de Dieu qui ont du mal à accueillir le visage du vrai Dieu, révélé en Jésus.
Enfin le questionnement de Jean, le disciple que Jésus aimait. Il entre dans le tombeau, voit ce que Pierre et Marie Madeleine avaient vu. « Il vit et il crut. » Son amitié pour Jésus, sa confiance en Lui, son admiration pour son attention aux petits et à chacun, sa manière de parler du Père, tout cela l'avait conquis. Il n'a pas eu besoin d'attendre d'autre signe. Celui-là, lui suffisait. Il vit et il crut. Il est pour nous le modèle du croyant, de celui qui ne provoque pas sans arrêt Dieu à faire de nouveaux signes, et toujours d'autres signes, celui qui met en doute la parole de Dieu, sa promesse et sa fidélité !
Le combat de la foi, le don de la foi ! cette foi reçue au baptême, éclairée par la confirmation, nourrie par l'eucharistie, cette foi, source de notre espérance, cette foi qui ne trompe pas : Nous savons en qui nous avons mis notre foi ! C'est en Lui, et en Lui seul, en sa parole, en son amour jusqu'au bout. « Je suis chaque jour avec vous. Je vais vous préparer une place. Il y a beaucoup de places dans la maison de mon Père, dans le cœur de mon Père. »
Laissons-nous accompagner par Marie, la Mère de Jésus. Elle était au pied de la croix. Elle n'a pas eu besoin de courir au tombeau vide pour croire. Sa promesse la tenait : « Je suis la servante du Seigneur qu'il me soit fait selon ta parole. » Sa confiance aussi : « Faites tout ce qu'il vous dira. »
Frères et Sœurs : « Le Seigneur est ressuscité ! Oui, Il est vraiment ressuscité ! » Alléluia ! Vivons en enfants de lumière sur les chemins où l'Esprit nous conduit. Que vive en nous le nom du Père ! Mgr Georges Pontier