Homélie du Dimanche 2 Mars 2025

Mgr Georges Pontier |  2 mars 2025

La paille et la poutre, voilà une image qui a traversé l'histoire. Elle a retenu l'attention. Nous nous en servons à notre intention pour calmer notre ardeur à juger les autres ou à l'intention des autres pour les ramener à la raison. Il faut se méfier des apparences, des beaux parleurs comme des silencieux qui n'ont pas encore révélé leurs intentions profondes. L'autre parabole, celle de l'arbre et des fruits nous conduit plus loin : la valeur d'un arbre se reconnaît à celle de ses fruits. Voilà me semble-t-il qui nous conduit jusqu'au plus profond : « à ce qui déborde du cœur », comme dit Jésus. Ce qui est caché au fond des cœurs se manifeste à la longue dans la vie de quelqu'un, dans ses paroles et dans ses actes, comme le fruit révèle la valeur de la sève de l'arbre.
Or le Christ, le Fils bien-aimé, est pour nous cette parole qui sort de la bouche du Père : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en Lui j'ai mis tout mon amour, écoutez-le ». Et le moment où il nous révélera le plus clairement le cœur de Dieu, c'est lorsque le sien s'ouvrira sur l'arbre de la croix, cet arbre sur lequel il nous a aimés jusqu'au bout : réclamant le pardon pour ses bourreaux et pour la multitude et s'en remettant à la sagesse du Père. Oui, le cœur de Dieu, le Père, a débordé sur nous tous dans la blessure d'amour de son Fils bien-aimé. Là, Dieu nous a dit sa Parole, la parole de son cœur, celle qui habite son cœur de créateur, son amour infini pour ceux qu'il a créés, son amour sauveur qui offre le pardon.
Voilà notre Maître, Celui qui nous enseigne le chemin de la vie, celui qui nous apprend le chemin du disciple selon le cœur de Dieu. Il s'agit pour nous, avant de vouloir être ses témoins, ou plutôt pour pouvoir être ses justes témoins, de désarmer en nous ce qui est orgueil, jugement précipité, tentation de dominer, de posséder, de se construire tout seul. Enlever les poutres qui nous empêchent de bien vivre !
Mercredi prochain, Mercredi des cendres, nous allons entrer en carême. C'est le temps liturgique par excellence qui nous forme à la vie chrétienne, à la vie de disciples du « seul maître qui rende vraiment libre », qui libère de ce qui défigure notre image de frères en humanité et d'enfants de Dieu confiants aux promesses du Père, fidèles aux enseignements du Fils bien-aimé, et ouverts à l'œuvre de l'Esprit-Saint qui poursuit l'œuvre du Fils jusqu'à son accomplissement final qui est notre espérance.
Chers frères et Sœurs, ne soyons pas des aveugles qui conduisent d'autres aveugles, ne faisons la leçon à personne. Laissons-nous enseigner par le Seigneur à être de vrais enfants du Père et des personnes profondément humaines. Que de nos cœurs déborde l'amour qui vient de Dieu, l'amour qu'est Dieu. Laissons-nous réconcilier avec Dieu et entre nous. Soyons des ouvriers de paix, de justice, de fraternité. Ainsi pourrons-nous être ces Pèlerins d'espérance dans un monde qui cherche une boussole capable de combler des cœurs ballotés par les mille sollicitations de ce monde qui cachent leurs véritables intentions. Inventons des gestes de paix, proclamons des paroles bienveillantes et réconfortantes, ne soyons pas des aveugles. Nous sommes appelés à révéler la lumière qui déchire les ténèbres de la vie, celle qui rayonne sur le visage du Christ dont Pilate dira, sans savoir ce qu'il disait : « Voici l'homme. » Il est notre salut, notre gloire éternelle. Mgr Georges Pontier