Mgr Georges Pontier | 2 juin 2024
La fête du Saint Sacrement du corps et du sang du Christ vient conclure ce temps liturgique des dimanches qui suivent la fête de Pâque, celle du dimanche après l'Ascension puis de Pentecôte, et enfin celle de la Sainte Trinité que nous fêtions dimanche dernier.
Le sacrement du corps et du sang du Christ tient une grande place dans notre vie de chrétiens catholiques. Plusieurs mots servent à le désigner : eucharistie, messe, communion, présence réelle avec encore l'adoration eucharistique qui nous relie au sacrement de l'eucharistie et qui est une des marques de notre sanctuaire. Ce sacrement marque beaucoup notre vie chrétienne. Pensons à ce que représente la fête qu'est la première communion à quel qu’âge qu'on la reçoive. Pensons spécialement à ceux ou celles, adultes ou jeunes qui vont la célébrer dans nos églises en ce jour. Prions pour eux et leur famille. Pensons encore à cette belle pratique de porter la communion à ceux qui ne peuvent pas y participer, malades ou personnes âgées. Vous êtes plusieurs à le faire chaque dimanche pour des proches. Pensons encore au partage de la Parole de Dieu comme nourriture de notre foi.
C'est dire que ce sacrement nous conduit au cœur du projet d'alliance de Dieu avec cette humanité qu'Il a appelée à la vie et à laquelle Il propose cette communion d'amour que le Christ est venue sauver, restaurer, accomplir par le don de sa vie par amour pour nous et pour la multitude. Chaque fois que nous célébrons ce sacrement nous rappelons la mort du Seigneur jusqu'à ce qu'Il vienne. L'eucharistie est bien d'abord mémoire et participation à l'œuvre du salut voulue par le Père, réalisée par le Fils bien aimé et achevée par l'Esprit qui vient demeurer en chacun pour y rétablir cette beauté de l'alliance : cette joie de la confiance proclamée par le Christ : « Ma vie nul ne me la prend, c'est moi qui la donne pour vous et pour la multitude », la joie de la confiance du Fils dans la fidélité du Père, la victoire enfin de la fraternité, la restauration de l'harmonie entre les frères humains. Ce que j'ai fait pour vous, faites-le les uns pour les autres. L'eucharistie est vraiment le sacrement de l'alliance entre Dieu et les hommes et de l'alliance des hommes entre eux. Elle n'est pas d'abord une dévotion individuelle. Elle est une réponse à l'invitation de Dieu à entrer dans son alliance universelle et à annoncer le terme de l'histoire : « Heureux les invités au repas des noces de l'Agneau ou encore comme le rapportait l'évangéliste Marc, ces mots de Jésus : « je ne boirai plus du fruit de la vigne, jusqu'au jour où je le boirai, nouveau, dans le royaume de Dieu. » Oui, dans l'eucharistie, « nous annonçons la mort du Seigneur jusqu'à ce qu'Il vienne, nous attendons que se réalise cette bienheureuse espérance : l'avènement de Jésus-Christ, notre Sauveur. »
Pour exprimer cette œuvre de Dieu qui restaure l'Alliance entre Lui et les hommes et celle entre nous, la réforme liturgique a proposé d'introduire après la prière du Notre Père un geste fraternel entre nous. L'eucharistie est à la fois le sacrement de l'achèvement de l'œuvre de Dieu en notre faveur, mais aussi elle est une mission, celle de prendre notre part de la tâche rédemptrice : restaurer l'amour dans la famille humaine, vivre comme des frères et des sœurs. « À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres. » (Jean 13,35). Pour cela elle a développé encore le temps de l'écoute de la parole de Dieu pour s'en nourrir comme d'une nourriture de salut.
Développons, en nous, une vie eucharistique, une vie qui rende gloire à Dieu par notre prière filiale et confiante et aussi par notre engagement dans une vie fraternelle généreuse et aimante. Goutons sa parole, nourrissons-nous de sa présence intime et vivons dans l'espérance qui ne trompe pas. Croyons-le lorsqu'il nous dit « Et moi je suis avec vous tous les jours, jusqu'à la fin des temps. » Mt 28,20 Mgr Georges Pontier